VIH/SIDA : de nombreux Tchèques se font dépister en Allemagne

Photo illustrative: geralt / Pixabay, CC0

Le nombre de personnes contaminées par le virus du SIDA augmente sans cesse en République tchèque. A en croire les statistiques officielles, près de 3000 séropositifs viveraient dans le pays en février 2017. Pourtant, leur nombre pourrait être beaucoup plus important encore car certains Tchèques préfèrent réaliser le test de dépistage du VIH dans un des pays voisins.

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Les chiffres n’avaient jamais été si élevés. Depuis 2012, les médecins recensent annuellement entre 200 et 250 nouveaux cas de séropositivité, soit cinq fois plus qu’après le lancement des tests de séropositivité en Tchécoslovaquie en 1985.

Pourtant, le nombre de personnes infectées par le virus qui se transmet via les fluides corporels, se propage dans l’organisme et s’attaque progressivement au système immunitaire de son hôte, est très probablement beaucoup plus élevé que le montrent les chiffres officiels. Selon une enquête effectuée par la Radio publique tchèque, de plus en plus de Tchèques se font en effet tester à l’étranger, notamment en Allemagne voisine. Les tests de dépistage étant anonymes, ces personnes ne sont donc pas prises en compte par les statistiques nationales. Le directeur du Laboratoire national de référence pour le VIH/SIDA, Vratislav Němeček a déclaré :

« Le nombre de Tchèques diagnostiqués séropositifs mais qui ne figurent pas dans nos statistiques est relativement élevé. Il existe des modèles pour deviner combien de séropositifs de ce type vivent dans tel ou tel état. Nous estimons donc que le nombre de personnes séropositives en République tchèque est en réalité de 20 % plus élevé par rapport au nombre de cas enregistrés. Il s’agit donc d’environ 600 cas de séropositivités dont nous n’avons aucune information. »

Lubomír Šlapka,  photo: David Hertl,  ČRo
Rien que dans la région d’Ústí nad Labem, en Bohême du Nord, vivent des dizaines de personnes ayant passé ces tests ailleurs qu’en République tchèque. Parmi eux, notamment des prostitués et des toxicomanes. C’est du moins ce qui ressort d’une étude effectuée par le « K centrum », un centre de conseil à Most. D’après le chef de l’institution, Lubomír Šlapka, cette réalité est potentiellement dangereuse :

« Nous craignons que quelqu’un qui passe le test de dépistage du VIH à l’étranger puisse avoir l’impression d’être ‘invisible’ ou ‘anonyme’. Par conséquent, il peut penser que dans le pays où personne n’a idée de sa séropositivité, il peut faire ce qu’il veut. »

Vratislav Němeček s’oppose toutefois à cette idée :

« Je ne crois pas qu’il s’agisse là d’un très grand problème. Ce qui est important, c’est que la personne concernée sait qu’elle est séropositive. Elle peut ensuite demander des traitements, elle sait qu’elle présente un risque pour ses partenaires sexuels, etc. Si cette personne va respecter les lois du pays et ne pas transmettre la maladie sciemment aux autres, c’est un tout autre problème. Peu importe si elle passe des tests en Allemagne ou en République tchèque, toute personne vivant sur le territoire tchèque qui est au courant de sa séropositivité doit respecter les lois. »

Pourquoi les Tchèques préfèrent-ils passer les tests en Allemagne ? Serait-ce pour échapper à la stigmatisation liée au SIDA ? Pour le chef du Laboratoire national de référence pour le VIH/SIDA, il n’existe pas d’explication claire à ce phénomène. Les tests de séropositivité effectués en République tchèque sont en effet eux aussi gratuits et anonymes et personne ne peut obtenir les données des patients. La seule exception concerne les personnes poursuivies par la justice pour la transmission volontaire du virus.