Visas ou pas pour les Tchèques ? le Canada prêt à faire de nouveau marche arrière

Les autorités canadiennes vont-elles décider de réintroduire le système de visa obligatoire pour tout citoyen tchèque désireux de se rendre au Canada ? Selon la presse tchèque, cette décision, justifiée par le nombre trop élevé de demandes d’asile déposées par des Roms tchèques, serait imminente.

Ce ne serait pas la première fois : le Canada avait déjà levé l’obligation de visas pour les Tchèques dans les années 1990 avant de faire marche arrière quelques mois plus tard, déjà à cause du nombre de Roms de nationalité tchèque qui demandaient à Ottawa le statut de réfugié.

Alors deux ans après avoir de nouveau supprimé le régime de visas, retour à la case départ ? Apparemment oui, les rumeurs dans la presse ont même poussé le ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Kohout à tenir mercredi une brève conférence de presse :

« Je peux vous confirmer que les autorités canadiennes nous ont informé de leur intention de prendre des mesures en réaction au nombre croissant de demandes d’asile. J’ai parlé aux Canadiens des potentiels effets négatifs de la réintroduction de visas, pas seulement sur les relations entre le Canada et la République Tchèque mais aussi avec l’Union européenne. Il est important de souligner cependant que le Canada ne nous a pas indiqué de décision définitive. »

En avril dernier, voici ce que disait le conseiller politique de l’ambassade du Canada à Prague, Yvon Saint-Hilaire :

« Le gouvernement canadien n’a pas l’intention de réinstaurer les visas. Il a soumis quelques conditions quand il a exempté la République tchèque de visa et s’attend à une collaboration, ce qui est le cas, avec la République tchèque pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus. Bien entendu nous suivons la situation de très près. Le critère du nombre de réfugiés n’est pas le seul pris en compte pour prendre une décision. »

Pourtant, un peu plus de deux mois après ces délarations, ça sent de nouveau les visas pour les Tchèques. Selon le quotidien Lidové noviny qui cite une source anonyme, le gouvernement tchèque aurait proposé sans succès de faire en sorte qu’il n’y ait plus de ligne directe entre Prague et Toronto, utilisée en priorité par les futurs demandeurs d’asile.

Selon le même journal, les Tchèques envisageraient comme mesure de rétorsion l’obligation de visas de travail et de visas pour les diplomates canadiens.

Pour l’éditorialiste Martin Zvěřina, la réintroduction des visas canadiens ne résout rien et fait surtout le jeu des partis xénophobes en République tchèques. Il écrit que « jusqu’aux élections d’octobre, ils vont aller à la pêche aux voix en pointant du doigt les ‘coupables’ qui valent des brimades aux touristes tchèques », à savoir les Roms.