Visas pour le Canada : les Tchèques contraints de se rendre à Vienne dans l’urgence

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Quatre jours après la décision prise par le gouvernement canadien, la réintroduction de l’obligation de visa pour les ressortissants tchèques désirant voyager au Canada continue d’occuper le devant de l’actualité dans les médias pragois. Mais au-delà du différend diplomatique entre Prague et Ottawa, ce sont surtout les voyageurs tchèques qui ont fait les frais de ce nouveau régime.

Jan Kohout et Jan Fischer,  photo: CTK
De nouveau interrogé jeudi soir à la télévision, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kohout, a répété que le gouvernement canadien ne l’avait officiellement informé que lundi soir de son intention de réintroduire le régime de visa pour les ressortissants tchèques, soit quelques heures seulement avant son entrée en application. La partie canadienne continue, elle, de se défendre en affirmant que le gouvernement tchèque était au courant de son intention depuis la fin du mois de juin.

Il n’en reste pas moins que depuis mardi matin, ce sont les voyageurs tchèques qui font les frais de cette décision, comme l’explique par exemple cette jeune Tchèque, contrainte de se rendre dans l’urgence à l’ambassade du Canada en Autriche pour son visa :

« Bien entendu, c’est un ennui supplémentaire pour nous. Si nous avions été informées de cette mesure en février, lorsque nous avons réservé nos billets d’avion, nous ne serions pas allées au Canada. Mais dans l’urgence nous n’avons pas eu le choix. Je dois raccompagner les filles de ma sœur qui vit au Canada et il a donc fallu que j’aille à Vienne pour un visa. Mais si le régime ne change pas à l’avenir, je n’irai plus au Canada, c’est certain. »

Mardi et mercredi, soit les deux premiers jours après l’entrée en vigueur du nouveau régime, les Tchèques avaient encore la possibilité d’entreprendre les démarches pour un visa après leur arrivée sur le sol canadien. Depuis jeudi, cela n’est plus possible, et cela complique donc la situation de la majorité des voyageurs au départ de Prague. Exemple avec ce père pragois, qui a accompagné ses deux filles à l’aéroport :

« C’était une surprise désagréable. Mes filles avaient fait depuis longtemps toutes les démarches nécessaires pour obtenir un permis de séjour et d’études pour une durée d’un an. Elles espéraient qu’elles n’auraient pas besoin de visa pour se rendre au Canada. Mais deux jours avant le départ, elles ont été informées du contraire et qu’il leur fallait se rendre à Vienne. C’est donc ce qu’elles ont fait hier. Elles sont parties le matin et sont rentrées la nuit avant de prendre l’avion ce matin. »

Même s’ils sont minoritaires, tous les Tchèques qui avaient réservé un vol pour le Canada n’ont toutefois pas eu la possibilité de se rendre à Vienne. Heureusement pour eux, dans ces cas-là, Czech Airlines s’adapte à la situation, comme l’explique la porte-parole de la compagnie, Hana Hejsková :

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« Le centre d’appels de Czech Airlines a pour l’instant enregistré quelques demandes de passagers qui désiraient décaler leur vol et quelques demandes de remboursement de billet. La compagnie a décidé de rembourser tous les billets des personnes qui n’ont pas eu le temps ou la possibilité de faire les démarches pour obtenir un visa. Cela est valable pour tout le mois de juillet. Et bien entendu, les voyageurs ont la possibilité de modifier gratuitement leur date de départ. Cela dépend uniquement de l’occupation des avions. »

En l’espace de trois jours, soit de mardi à jeudi, un peu plus de 350 Tchèques ont déposé une demande de visa auprès de l’ambassade du Canada à Vienne. Seul 1 % de ces demandes ont été refusées. Jeudi, l’ambassadeur du Canada en poste en République tchèque a répété que le gouvernement d’Ottawa n’entendait pas ouvrir à Prague de bureau pour le traitement des demandes tchèques de visa. Les Tchèques devront donc continuer de se rendre à Vienne pou cela.