Visite au stand français de la foire Le Monde du livre
La foire Le Monde du livre fête cette année son 20e anniversaire. Editeurs, libraires, auteurs et lecteurs de nombreux pays se donnent rendez-vous au Parc des expositions à Prague du 15 au 18 mai. Cette année prennent part à la foire plus de 400 éditeurs de 26 pays. Les visiteurs de la foire sont invités à prendre part à un riche programme concomitant, qui compte 500 présentations de nouveaux livres, rencontres avec les auteurs, débats, lectures publiques et séances de signatures. La Hongrie, qui est cette année l’invitée d’honneur de la foire, a largement profité de l’occasion pour faire connaître sa production littéraire à l’international. Le livre francophone est lui aussi présent à la foire de Prague. Les visiteurs le trouvent dans le stand commun de la France et de la Communauté française de Belgique. Christine Karavias, du Bureau international de l’Edition française, a présenté l’exposition de la littérature française au micro de Radio Prague :
« Comme chaque année, nous avons fait un choix de littérature, sur des livres de jeunesse et sur la bande dessinée ; pas la BD classique, mais la BD de création, la BD d’avant-garde, parce qu’il y a une création qui sort de l’ordinaire et qui a une très bonne réputation au niveau mondial. En jeunesse, nous avons mis l’accent sur un créateur qui est dessinateur, écrivain pour enfants et éditeur lui-même. Il fait donc tout le processus. Il s’appelle Benoît Jacques, qui est installé en France. C’est le fils d’un réalisateur de la radio. Il a encore reçu, cette année, un prix en France et en Belgique pour sa création. Et il fait toujours des livres de grande qualité. Comme il fait tout, l’histoire est le fruit de sa propre inspiration, ce n’est donc pas un illustrateur qui va chercher un texte ailleurs, il met en image directement. Il est donc proche dans son imaginaire de ce qui a été écrit, et comme il est aussi éditeur, chaque livre est pour lui une création en soi. »
Leo Beeckman ne pouvait pas oublier non plus la production littéraire belge pour adultes représentée dans son stand et a profité de l’occasion pour citer quelques-uns des ouvrages et auteurs parmi les plus intéressants :
« Au niveau de la littérature, nous avons toujours nos vedettes comme Jean-Philippe Toussaint, Amélie Nothomb, mais aussi quelques jeunes auteurs qui ont fait des livres remarquables comme Stéphan Lambert, auteur de ‘Paris Nécropole’ que je suis en train de lire et qui est un livre d’une écriture extraordinaire…Vraiment, il y a de quoi découvrir. Il y a également des auteurs qui ont été traduits en tchèque comme Patrick Declerck, qui a été publié chez Dauphin et dont le nouveau texte doit sortir. Et il y a aussi de la poésie : Werner Lambersy est venu à Prague l’année passée et son livre ‘Coimbra’ a été lui aussi traduit en tchèque. J’espère donc revoir son traducteur et son éditeur pour leur montrer un peu ce qu’il y a de nouveau. »Interrogé sur les grandes tendances qui s’imposent actuellement dans la vie littéraire belge, Leo Beeckman est revenu une fois de plus à la bande dessinée pour constater que ce genre littéraire traverse en Belgique une période très fructueuse et dynamique. A son avis, il existe en Belgique toute une série de créateurs qui cherchent à libérer la BD de ses limites et à la transformer au niveau de la forme. Leo Beeckman se félicite de l’arrivée de cette nouvelle vague de créateurs qui coexistent avec la BD traditionnelle tout en apportant de la diversité au genre :
« Il y a toujours des classiques qui sont là, mais il y a aussi de vraies recherches avec des maisons d’édition comme La Cinquième couche, Frémok, L’employé du moi. Ce sont de petites maisons qui ont une production de quinze à vingt albums par an, ce ne sont pas de grosses structures. Un petit choix de ces maisons est exposé ici. Il y a une vraie création, une vraie recherche au niveau graphique, on n’est plus du tout dans la forme traditionnelle de la BD, case par case avec des bulles et tout ça. On est dans quelque chose de totalement éclaté où le dessin, le graphisme, est déterminé par ce qui se passe dans l’histoire. Il y a vraiment une grande recherche qui est faite à ce niveau en Belgique avec des maisons d’édition tout à fait brillantes. »Les organisateurs du 20e Monde du livre ont inscrit au programme de la foire plusieurs débats relatifs à la production littéraire et la place du livre dans la vie culturelle de l’actualité. Il s’agit, entre autres, du rapport entre la littérature et l’histoire, et de la façon dont l’histoire se reflète dans la production littéraire, mais aussi par exemple de la science-fiction dans la littérature. La foire a proposé également une plateforme pour des rencontres entre traducteurs étrangers de la littérature tchèque, auteurs, éditeurs, agents littéraires et mécènes tchèques. Un des grands thèmes traités dans ce programme concomitant est l’avenir du livre et des nouveaux médias comme le livre électronique, la liseuse, le smartphone, etc. Le livre classique sera-t-il évincé par ces nouveaux médias ? Christine Karavias, du BIEF, ne le pense pas :
« Effectivement, comme dans tous les pays, les éditeurs développent eux-mêmes leurs e-books et toute la partie digitale. Ce n’est pas exposé, parce que c’est distribué via des sites Internet, mais, maintenant, les éditeurs, quand ils cèdent leurs droits, mettent dans les contrats une clause numérique. Je ne suis pas hyper fan du livre électronique. Donc, je prêche pour le livre papier. Je ne pense pas que le livre papier soit appelé à disparaître, parce que cela peut être un bel objet et je crois que ce n’est pas la même chose que d’offrir un e-book. En plus, un e-book ne nous appartient pas, on ne peut pas le passer à quelqu’un, le partage n’est pas le même. Je pense que ce sont deux marchés assez distants. Il y en a un qui progresse, l’autre baisse un petit peu, mais pas tant que ça, et je pense que les deux coexisteront tant qu’il n’y aura pas de différence de prix énorme. Le prix d’un livre de littérature en e-book varie de trois à quatre euros en moins par rapport au livre papier, donc cela ne fait pas une grosse différence. Ce sont donc des habitudes liées aux générations. Les nouvelles générations sont plus favorables à tout ce qui est électronique, et il y a aussi la manière de vivre. Pour les gens qui voyagent énormément, c’est peut-être plus pratique d’avoir une liseuse avec tous ces e-books dedans, c’est moins lourd. Voilà, ce sont deux choses qui sont différentes et en même temps complémentaires, je pense. »Un des invités du Monde du livre cette année est le désormais célèbre romancier français Jean-Michel Guenassia. Nous évoquerons la visite de l’auteur du roman « Le club des incorrigibles optimistes » dans la prochaine Rencontre littéraire de Radio Prague.