Visite de Mike Pompeo en Tchéquie : entre commémorations et discussions au sommet

Mike Pompeo à Plzeň, photo: ČTK/AP Photo/Petr David Josek

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo achève ce mercredi une visite de deux jours en République tchèque, puis poursuivra sa tournée centre-européenne jeudi, en Slovénie. Avant cela, la journée de mardi a été consacrée aux commémorations des 75 ans de la libération de Plzeň (Bohême de l’Ouest) par l’armée américaine, prévues en mai dernier mais décalées pour cause de crise sanitaire. 

Plzeň n’avait encore jamais accueilli de si haut représentant des Etats-Unis. Le 75e anniversaire de la libération de la ville et de toute la région par les troupes du général Patton était l’occasion de marquer le coup. Depuis 1990, le chef-lieu de Bohême de l’Ouest célèbre en grandes pompes cet événement historique, longtemps occulté sous le régime communiste.

Mike Pompeo à Plzeň,  photo: ČTK/Miroslav Chaloupka

Dans son discours à l’adresse des habitants de Plzeň, Mike Pompeo a rappelé qu’il y a 34 ans, il se trouvait à 150 kilomètres de là à vol d’oiseau, fraîchement diplômé de l’académie militaire de West Point et affecté à la surveillance des étanches frontières entre les blocs de l’Est et de l’Ouest :

« J’ai autrefois été jeune officier de cavalerie, patrouillant le long du rideau de fer. Là, j’ai vu de près ce qu’était un vrai régime tyrannique. Je ne peux qu’imaginer la joie de la population lorsqu’il y a 75 ans, les jeeps et les chars américains sont entrés dans la ville. Mais ce n’est qu’il y a 30 ans que l’ambassadrice Shirley Temple a posé la première pierre de ce mémorial aux côtés du président Václav Havel. C’était la première fois, après des dizaines d’années de régime communiste et de domination soviétique, que Tchèques et Américains pouvaient commémorer ouvertement le rôle de l’armée américaine dans votre libération. »

Mike Pompeo à Plzeň,  photo: ČTK/Slavomír Kubeš

Une grande partie du programme de mardi a été consacré à ces commémorations, avant que, chaleur oblige, la délégation tchéco-américaine ne se rende à la brasserie qui fabrique la célèbre bière de Plzeň, pour des discussions entre le chef de la diplomatie américaine et son homologue tchèque Tomáš Petříček. Ces discussions bilatérales ont porté sur les nouvelles technologies, et plus particulièrement sur « le rôle de la Chine dans leur développement et les menaces possibles qui en découlent », a fait savoir ce dernier.

Mike Pompeo et Tomáš Petříček,  photo: ČTK/Miroslav Chaloupka

En mai dernier, Mike Pompeo et le chef du gouvernement tchèque, Andrej Babiš, ont approuvé une déclaration commune pour prévenir les attaques informatiques liées au réseau 5G et assurer la protection de la vie privée des utilisateurs. La technologie 5G, et notamment le rôle leader de l’équipementier mobile chinois Huawei dans son déploiement, est au cœur de la nouvelle guerre commerciale entre Washington et Pékin.

Pour l’heure, l’Union européenne n’a pas décidé d’exclure Huawei pour le déploiement de ces nouvelles infrastructures, même si les gouvernements européens s’interrogent sur la question, alors que la société chinoise est soupçonnée d'utiliser ses équipements à des fins d'espionnage. Le Royaume-Uni a décidé d'exclure Huawei de son réseau d'ici 2027. La France semble suivre le même chemin. La Tchéquie, elle, n’a pas encore pris de décision dans ce sens, alors même que son Agence nationale pour la sécurité cybernétique et informatique (NÚKIB) a mis en garde dès 2018 sur le danger que représente le géant chinois.

Mike Pompeo et Andrej Babiš,  photo: ČTK/Kateřina Šulová

Des questions qui préoccupent particulièrement le Sénat tchèque, où Mike Pompeo est attendu ce mercredi après-midi. Il doit y rencontrer son président Miloš Vystrčil, et, selon les informations du quotidien économique Hospodářské noviny, soutenir son déplacement prévu à Taïwan fin août. Un voyage vu d’un mauvais œil par Pékin et par le président tchèque Miloš Zeman, qui ne fait pas mystère de ses affinités avec la Chine. Peut-être une des raisons qui expliquerait la supposée réticence du secrétaire d’Etat américain à rencontrer le chef de l’Etat tchèque, comme l’avance le quotidien économique. Une rencontre « de politesse » de vingt petites minutes a néanmoins été intégrée au programme ce mercredi en milieu d’après-midi.