Un autre regard, plus nuancé, sur le passé communiste

Arcihves de StB, photo: ČT

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord au débat d’historiens tchèques sur le passé communiste de leur pays. Elle propose ensuite quelques remarques concernant la visite du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo en Tchéquie. L’évolution du Covid-19, le risque d’inondations et la sécheresse : tels sont les autres sujets traités. 

Le débat historique sur le passé communiste de la Tchécoslovaquie se fait toujours plus nuancé en Tchéquie. La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a consacré plusieurs pages à ce sujet dans lesquelles on peut notamment lire :

« Dès l’ouverture des archives de la police d’Etat (la StB) au lendemain de la révolution en 1989, les historiens tchèques ont cherché prioritairement à éclaircir le fonctionnement du système communiste, de ses représailles et à réunir des informations sur ses pratiques. Leurs recherches, menées d’abord de façon traditionnelle et complétées au fur et à mesure par l’histoire orale, leur ont permis de découvrir des histoires tenues secrètes jusque-là. »

Depuis une petite dizaine d’années, cette approche évolue. Une nouvelle génération d’historiens qui ont étudié dans les universités occidentales et ont été influencés par les nouvelles tendances historiographiques, a grandi. Respekt cite à ce propos l’historien universitaire Michal Pullman, qui a récemment défrayé la chronique en défendant l’hypothèse selon laquelle le régime communiste aurait connu différentes phases qui, à l’exception de la première moitié des années 1950, ne peuvent pas être qualifiées de totalitaires. Un avis qui est partagé par certains autres jeunes historiens, tout en étant également fortement dénoncé par les adversaires d’une telle relecture de l’histoire communiste. A ce propos, le magazine écrit également :

« Récemment encore, les conclusions auxquelles les historiens révisionnistes aboutissent, auraient été perçues comme une pure provocation. C’est d’ailleurs également comme telle que peut être considérée la thèse selon laquelle l’invasion de la Tchécoslovaquie par les chars soviétiques en 1968 et la ‘Normalisation’ qui s’en est suivie, n’ont pas été une tragédie nationale car, le premier choc passé, la société tchèque se serait rapidement adaptée au nouvel ordre et aurait participé à son maintien. »

« Tous ceux qui sont contrariés par les nouvelles tendances apparues dans l’historiographie tchèque et critiquent certaines de leurs conclusions sont appelés à tenir compte de la liberté d’expression. C’est pourquoi il est possible de porter différents regards sur les épisodes marquants de notre histoire », conclut Respekt, pour lequel seul un tel débat peut donner naissance à une image proche de la réalité.

Mike Pompeo à Prague

Mike Pompeo,  photo: ČTK/Michal Kamaryt

« La visite de deux jours en République tchèque du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a été exceptionnelle. » C’est du moins ce qu’estime le journal E15 dans un des nombreux commentaires que l’on trouve dans la presse tchèque. Il explique pourquoi :

« D’abord, Mike Pompeo est l’un des plus hauts représentants de la principale puissance mondiale. Deuxièmement, après l’euphorie qui a marqué la période qui a suivi la révolution de 1989, la vague de visites de prestigieux représentants américains est retombée et correspond aujourd’hui à l’importance géopolitique qui est celle de la République tchèque aujourd’hui. Mais c’est aussi à sa forme et à son contenu que cette visite doit son intérêt, les deux parties ayant manifesté la volonté de renouer avec le ‘bon vieux temps’ quand le monde était divisé en deux camps. »

E15 observe également que cette visite a donné l’occasion au Premier ministre tchèque Andrej Babiš de se montrer comme « un homme d’Etat et un politicien pro-occidental, ce qui pourrait lui valoir quelques points aux yeux des électeurs. » De même, toujours selon le journal, cette visite a permis de se rappeler avec nostalgie l’époque où l’ancien président américain Bill Clinton avait joué du saxophone dans un bar de Prague, tandis que Václav Havel avait été invité à la Maison Blanche où un concert underground avait été organisé en son honneur.

Quand le Covid-19 n’inquiète plus

Photo: Marco Verch,  Flickr,  CC BY 2.0

Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 augmente en Tchéquie. Les 330 tests positifs de ce jeudi constituent même un chiffre record depuis le début du mois d’avril. Le nombre de décès, toujours inférieur à 400, reste pourtant très faible. Pourquoi en est-il ainsi, se demande le quotidien économique Hospodářské noviny, avant d’expliquer :

« Le virus s’affaiblit et les experts des questions sanitaires testent prioritairement les groupes à risque. Par ailleurs, par temps chaud, les personnes d’un certain âge qui sont les plus menacées ne sortent pas beaucoup. Enfin, une éventuelle falsification des chiffres à un moment où la Tchéquie a voulu apparaître comme un pays modèle, est un autre point dont il convient de tenir compte. »

Même si la situation devait s’aggraver à l’automne, aucune panique ne serait à attendre. Hospodářské noviny souligne que les Tchèques ne semblent plus prêts à se soumettre à de nouvelles mesures de restriction et que le gouvernement ne voudra pas risquer une nouvelle récession économique. Il optera plutôt, en dépit de l’augmentation du nombre de personnes contaminées, pour la voie suédoise avec une meilleure protection des groupes de la population menacés, sans toutefois les conséquences que cela a eu pour la Suède. Le quotidien note en conclusion :

« On ne peut pas non plus sous-estimer des chiffres qui sont quand même alarmants. L’important est de savoir si nous sommes bien préparés pour faire face aux prochains défis en lien avec ce virus. »

Faut-il craindre de nouvelles inondations ?

Les inondations à Karlín,  2002,  photo: Jan Rosenauer,  ČRo

En août 2002, de graves inondations ont frappé la Tchéquie, pour ce qui reste la plus importante catastrophe naturelle de son histoire moderne. Cette montée des eaux avait causé la mort de 16 personnes et entraîné des dommages d’un montant total de près de 2,5 milliards d’euros. Le site Hlídacípes.org rapporte que, depuis, le pays n’a plus été exposé à d’inondations comparables. Du coup, vigilance et prudence sont retombées. Il écrit :

« Les gens respectent de moins en moins les mesures de protection et construisent dans des zones inondables. Actuellement, près de 170 000 personnes habitent dans des zones où le risque est grand. Rappelons pourtant qu’entre 1997 et 2013, une dizaine d’inondations a fait des victimes et causé d’importants dommages. Nous ne sommes donc pas à l’abri, et ce bien que les crues de 2002 aient été suivies de la réalisation de projets anti-inondations coûteux, ainsi que de la rénovation de quartiers entiers de certaines villes, comme par exemple le quartier de Karlín à Prague. »

Avant même les importantes précipitations qui ont accompagné le début de la saison estivale cette année, le ministre de l’Environnement, Richard Brabec, avait déclaré que la sécheresse serait un des principaux thèmes de la campagne qui précédera les élections régionales de cet automne. « Qui se souciera alors des inondations ? », se demande sur un ton ironique Hlídacípes.

La sécheresse – un problème de longue haleine

Photo: Kerstin Riemer/Pixabay,  CC0

Un récent numéro du quotidien Deník N se penchait pour sa part sur le problème de la sécheresse qui persiste malgré donc les précipitations relativement abondantes de cette année. On pouvait y lire :

« Le territoire tchèque est depuis des siècles habitué aux périodes de sécheresse. Néanmoins, la dernière longue période, dont le début remonte à 2015, a été plus forte que toutes celles relevées durant les cinq siècles précédents. Les données en disent long. Conséquences des changements climatiques, les sécheresses en Tchéquie sont désormais plus fréquentes, plus intensives et plus généralisées que par le passé. Selon les experts, les épisodes pluvieux comme ceux que nous avons connus cette année, sont insuffisants pour lutter contre la sécheresse, un phénomène qui s’inscrit, lui, sur le long terme. »

Même si les précipitations de cette année ont permis de recharger les nappes d’eau souterraine, « le risque que la sécheresse frappe de nouveau lourdement demeure très élevé. Nous ne devrions donc pas être pris au dépourvu », souligne le quotidien.