Vivement l’espéranto !
Le présent et le passé de l’espéranto en République tchèque ; la mise en valeur de sanctions efficaces en raison du non-respect de l’obligation alimentaire ; les futurs défis des quartiers périphériques ; un nouveau chapitre de l’Orchestre philharmonique tchèque avec son nouveau chef d’orchestre ; les traces tchèques dans l’histoire du prix Nobel. Tels sont les sujets au menu de cette nouvelle revue de presse.
« Cette langue permet de communiquer avec un certain niveau d’éthique. L’égalité entre ses locuteurs découle du fait qu’ils doivent d’abord déployer des efforts pour l’apprendre. De plus, l’auteur a construit l’espéranto pour contribuer à la conservation des langues nationales, tenant compte de la menace que les langues des grandes nations constituent pour l’existence de celles des petites nations. Par ailleurs, les efforts en vue de la construction d’une langue universelle sont relativement anciens, Comenius, par exemple, philosophe et pédagogue tchèque du XVIIe siècle, s’en était déjà préoccupé. Mais seul l’espéranto s’est avéré être une langue répondant aux besoins d’une communication efficace ».
Petr Chedrle rappelle qu’avant la Première Guerre mondiale et, aussi, pendant l’entre -deux-guerres, l’espéranto jouissait dans l’ancienne Tchécoslovaquie d’une grande popularité et qu’il existait même des émissions radiophoniques en espéranto. Après l’instauration du régime communiste en 1948, la situation a radicalement changé. La raison, selon l’espérantiste tchèque, est évidente :
« Il est vrai que l’espéranto est une langue entièrement démocratique et neutre. Mais c’est aussi la raison pour laquelle elle est devenue une épine dans le pied des régimes autoritaires. Les espérantistes ont été poursuivis autant par Hitler et Staline que par l’actuel régime nord-coréen... En février 1948, l’Association tchèque de l’espéranto a été dissoute, les activités d’espérantistes ayant été limitées et contrôlées ».
L’espérantiste Petr Chedrle est fermement convaincu que l’espéranto a devant lui un bel avenir. Il appuie sa conviction par un argument de taille : la connaissance de l’espéranto permettrait d’apprendre plus facilement d’autres langues.
Une sanction efficace pour non-respect de l’obligation alimentaire
Depuis janvier 2013, la loi permet de confisquer le permis de conduire aux parents d’enfants de moins de 18 ans lorsqu’ils ne paient pas leurs prestations d’alimentation. Depuis le 4 octobre, cette disposition concerne aussi les parents qui ne respectent par leur obligation alimentaire à l’égard de leurs descendants qui font des études et ce jusqu’à l’âge de 26 ans. L’auteur d’un texte qui se penche sur cette question et qui a été publié dans l’hebdomadaire Reflex estime qu’il s’agit d’une disposition juste et efficace :« L’entrée en vigueur de la première disposition a eu l’effet d’un coup de baguette magique, car beaucoup de parents se sont d’emblée mis à payer ce qu’ils devaient. A titre d’illustration on peut indiquer qu’en 2012, lorsque cette sanction n’existait pas encore, l’ensemble de la dette concernant les prestations alimentaires constituait à l’échelle du pays 16 milliards de couronnes. Deux ans plus tard, la dette a baissé de trois milliards, alors que l’année dernière, près de 1 500 personnes se sont vues, dans ce contexte, confisquer leur permis de conduire. »
Le magazine rappelle qu’en Tchéquie, qui compte quelque 10 millions et demi d’habitants, il y a près d’un demi-million de familles monoparentales. Dans la majorité des cas, ce sont des femmes divorcées qui s’occupent seules de leurs enfants et qui, de ce fait, se retrouvent souvent dans une situation de précarité. Selon les dernières données statistiques le non-respect de l’obligation alimentaire, essentiellement imputable aux hommes, concerne près de 55 000 enfants tchèques.
Empêcher la ghettoïsation des quartiers
Un quart de la population tchèque vit dans des quartiers périphériques appelés « sídliště » en tchèque. Rien qu’à Prague, ces derniers abritent près de 450 000 personnes. Au cours des deux dernières décennies, la composition sociale de ces quartiers a subi une certaine transformation faisant augmenter le nombre de personnes âgées et de celles avec un niveau de formation moins élevé. Ceci dit, la plupart des quartiers périphériques en Tchéquie ne sont pas devenus des localités socialement exclues avec un taux de criminalité élevé, comme c’est le cas dans certaines métropoles de l’Europe occidentale. Dans un texte consacré à ce sujet mis en ligne sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny, on a pu ainsi lire :« En Tchéquie, comme d’ailleurs dans tous les autres pays de l’ancien bloc soviétique, les quartiers composés de maisons en panneaux préfabriqués sont l’héritage de la politique du logement de l’ancien régime communiste. Une absence de places de parking, de magasins et de services, des espaces publiques mal entretenus, un manque de lieux de rencontres… Tels étaient les principaux défauts de ces quartiers, qui persistent dans une grande mesure encore aujourd’hui. Empêcher toute tendance à la ghettoïsation de ces quartiers et ne pas les laisser à l’abandon est l’objet d’un projet de recherche qui a été mis sur pied à l’échelle nationale et qui propose des démarches et des initiatives en vue d’encourager une revitalisation efficace de leurs espaces. C’est notamment aux Pays-Bas que ses initiateurs cherchent une inspiration. »
L’avenir des quartiers périphériques a été aussi l’objet d’un workshop international qui s’est tenu la semaine dernière à Prague.
Un nouveau chapitre pour l’Orchestre philharmonie tchèque
L’engagement du chef d’orchestre américain d’origine russe Semyon Bychkov pour une durée de cinq à la tête de la Philharmonie tchèque constitue un choix logique. Dans une analyse publiée dans le supplément du quotidien Lidové noviny, Orientace, son auteur explique pourquoi :« Bychkov est un musicien chevronné qui, depuis un certain temps déjà, collabore systématiquement avec la Philharmonie tchèque sur un enregistrement complet des symphonies de Tchaïkovski. Tout porte en outre à croire que Bychkov qui prend la succession de Jiří Bělohlávek, disparu en mai dernier, jouit d’un grand respect auprès des membres de l’orchestre. Telle semble d’ailleurs être la principale raison du choix de la direction de l’orchestre en sa faveur, au détriment du jeune Jakub Hrůša, disciple de Bělohlávek qui aurait pu assurer une certaine continuité. En dépit de doutes et d’objections, l’arrivée de Bychkov est une bonne nouvelle : le chef d’orchestre essaye de tenir comptede la bonne disposition psychique des membres de son orchestre, lesquels commencent à s’habituer à leur ‘maestro’. »
Au cours des 27 dernières années, la Philharmonie tchèque a vécu des périodes d’instabilité, car elle a vu se succéder à sa tête sept différents chefs d’orchestres. Désormais, elle est appelée à poursuivre sa modification à long terme entamée par Jiří Bělohlávek, afin de devenir un orchestre stable qui répondra aux impératifs d’une perspective mondiale, tout un gardant ses spécificités musicales et sonores tchèques.
Les traces tchèques du prix Nobel
Il n’y a que deux personnalités de nationalité tchécoslovaque qui ont été lauréates d’un prix Nobel : Jaroslav Heyrovský a obtenu en 1959 le prix Nobel de chimie et Jaroslav Seifert, en 1984, celui de littérature. Pourtant, comme l’indique un texte publié sur le site lidovky.cz, l’histoire de cette prestigieuse récompense porte plusieurs traces tchèques. :« Rainer Weiss, lauréat de cette année du prix Nobel de physique, a passé quelques années avant la Deuxième Guerre mondiale à Prague, lorsque sa famille a dû quitter Berlin. Et c’est dans la ville de Plzen en Bohême occidentale qu’est né un autre lauréat du prix Nobel de physique, celui de 2007, Peter Grünberg. On peut aussi nommer la baronne Bertha von Suttner, prix Nobel de la paix de 1905, qui est née en 1843 à Prague et qui a été pendant six semaines la secrétaire d’Alfred Nobel, et une de ses sources d’inspiration. Carl Ferdinand Cori et son épouse Gerta, lauréats du prix Nobel de médecine et de physiologie sont nés tous les deux en 1896 à Prague et c’est à l’Université Charles qu’ils ont fait leurs études avant de partir pour l’Autriche et les Etats Unis. »
Le site rappelle enfin les conférences données dans les années 1911 et 1912, à l’Université allemande de Prague, par Albert Einstein, prix Nobel de physique de 1921.