Vondroušová sur les traces de Kvitová et Plíšková
Markéta Vondroušová n’a donc pas remporté Roland-Garros samedi dernier, nettement battue en finale par l’Australienne Ashleigh Barty, nouvelle numéro deux mondiale, en deux sets (1-6, 3-6). Malheureusement pour elle et le spectacle, la Tchèque, méconnaissable, est passée à côté de l’événement. A bientôt vingt ans, et avec l’essentiel de sa carrière encore devant elle, elle peut espérer qu’il ne s’agit là que d’une occasion manquée. Mais le plus dur attend désormais Vondroušová : confirmer pour ne pas rester la joueuse d’un seul tournoi.
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Tout le monde connaît l’expression consacrée selon laquelle une hirondelle ne fait pas le printemps. A Paris, on se souvient ainsi de Jelena Ostapenko, vainqueur en 2017 et qui depuis, à l’exception d’une demi-finale à Wimbledon la saison dernière, n’a jamais vraiment confirmé son titre et ne figure désormais plus qu’à une « modeste » 37e place au classement de la WTA. A Londres, on se souvient aussi d’Eugénie Bouchard, finaliste de Wimbledon en 2014 avant de perdre progressivement le fil de sa carrière pour finalement aujourd’hui devenir plus active sur les réseaux sociaux que sur les courts.
Au vu de sa progression depuis le début de saison, on imagine cependant mal Markéta Vondroušová marcher sur les pas de la Lettone et de la Canadienne. On la verrait davantage suivre les traces de ses illustres compatriotes Karolína Plíšková et Petra Kvitová. Au vu de leurs performances depuis le début de saison, envisager aujourd’hui une qualification des trois joueuses tchèques pour le Masters à l’automne prochain n’a d’ailleurs rien d’incongru. Et ce même si la performance en finale samedi de Markéta Vondroušová a laissé un petit goût amer dans la bouche des supporters de la Tchèque comme dans celle des simples amateurs de tennis. Très déçue, très nerveuse aussi en début de match, la principale intéressée était d’ailleurs bien consciente de ne pas avoir répondu aux attentes dans le match le plus important de sa jeune carrière :
« Il y a eu quelques moments dans le match où je me suis dit que ça pourrait aller et que je pourrais recoller au score. Mais Ashleigh a toujours très bien servi et elle n’a pas laissé beaucoup de chances sur son service. Plus généralement, elle a très bien joué et a été bien meilleure que moi aujourd’hui. Elle m’a empêché de mettre mon jeu en place et je n’avais pas les solutions pour la contrer. C’était dur et Ashleigh a largement mérité sa victoire. »Déjà finaliste malheureuse à Budapest en février et à Istanbul en avril, Markéta Vondroušová a donc échoué pour la troisième fois cette saison dans la quête d’un nouveau titre, le cinquième de sa carrière. Mais ce que tout le monde retiendra bien entendu avant tout de sa quinzaine sur la terre battue de Roland-Garros, est son parcours sans le moindre set perdu pour se hisser jusqu’en finale. Et la Tchèque veut croire qu’il s’agit là bien plus que d’un simple coup d’éclat :
« L’expérience engendrée ici à Paris me servira pour la suite, j’en suis convaincue. J’aurai par exemple désormais l’avantage d’être tête de série dans les tournois du Grand Chelem, ce qui me permettra d’éviter les meilleures joueuses lors des premiers tours. Il est encore un peu tôt pour dire ce qui m’attend, mais je sais que j’ai très envie de continuer sur la même voie. »
Avec un jeu riche en variations et sans gros points faibles, Markéta Vondroušová semble disposer des armes pour faire son nid au plus haut niveau. Désormais 16e mondiale selon le nouveau classement publié par la WTA ce lundi, la Tchèque, très régulière dans ses performances (à l’exception de la finale…) peut aussi compter sur un entourage de qualité, avec son jeune manager Jan Koukal, ancien excellent joueur de squash, à sa tête. S’il voit les choses en grand pour Markéta Vondroušová, il entend toutefois veiller à ne pas mettre la charrue avant les bœufs :
« Je ne vais pas dire que je suis complétement serein. Personne ne s’attendait à un tel parcours à Roland-Garros et envisager la suite me rend un peu nerveux. L’important sera de garder la tête sur les épaules et de continuer à travailler avec le même plaisir et avec la même envie de bien faire les choses. C’est comme ça que nous avons réussi jusqu’à présent. Il y a différents aspects à prendre en compte : sportif tout d’abord bien sûr, et je pense que Markéta possède un très bon entourage, et marketing aussi, car elle possède aussi une très bonne image. Il va donc falloir faire attention à ne pas faire n’importe quoi, il ne s’agit pas de raisonner uniquement en termes financiers. Il faut bien réfléchir aux partenaires qui veulent associer leur nom et leur image à ceux de Markéta pour continuer à progresser. »On aura dès cet été, à Wimbledon puis à l’US Open, les deux prochains tournois du Grand Chelem, une idée de la suite de la progression d’une Markéta Vondroušová, bien consciente des priorités :
« Ce que nous voulons surtout, c’est que je reste en forme jusqu’à la fin de la saison. Cela va mieux depuis l’Open d’Australie, où mon genou et d’autres bobos m’avaient encore empêchée d’être en possession de tous mes moyens, comme cela avait déjà été le cas la saison dernière. Maintenant, tout le monde va attendre de moi que je remporte tous mes matchs comme je l’ai fait à Paris. J’aurai davantage de pression à supporter. Il va falloir que je m’habitue à ce nouveau statut pour continuer à jouer mon meilleur tennis. »
Comme avant elle ont su le faire Karolína Plíšková et Petra Kvitová, deux joueuses qui se sont installées et parviennent, sur le long terme, à se maintenir au plus haut niveau.