Les footballeurs ne sont certes pas des bestiaux, mais n'empêche: comme de coutume, il s'en vont, dès la fin novembre, hiverner, loin de ces terrains de Bohême et de Moravie gras et boueux que les premiers flocons de neige ne tarderont plus à recouvrir. Avant une trêve longue de trois mois, c'est, une fois de plus, le Sparta Prague qui mène le bal...
En s'imposant, ce samedi, sur les terres du champion sortant, Liberec, en Bohême du nord, le Sparta a conforté sa place de leader du championnat tchèque de football de 1ère division. A l'issue des matchs allers, il distance de cinq points son éternel rival pragois du Slavia qui compte, toutefois, un match en retard. Mais le club le plus titré du pays reste très loin des objectifs qu'il s'était fixé en début de saison. Car malgré une politique active et onéreuse, à l'intersaison, sur le marché des transferts, notamment marquée par le retour dans la capitale tchèque de l'international Karel Poborsky, le Sparta n'était pas parvenu, en août, à se qualifier pour la lucrative Ligue des champions. Or, la participation à une compétition, qui réunit, chaque année, le gratin du football européen, ressemble à une obligation, tant sportive qu'économique, pour le vieux club pragois. Ainsi, son président, Vlastimil Kostal, estime que l'absence du Sparta sous les feux des projecteurs européens entraîne un manque à gagner de près de 7 millions d'euros. Surtout, les joutes du championnat tchèque ne satisfaisant plus que faiblement l'appétit de l'ogre pragois, l'ensemble de la saison perdait, dès son entame, de sa saveur. Et l'élimination au deuxième tour de la Coupe UEFA, épreuve dans laquelle le Sparta avait été reversé, par des Turcs méconnus, ne lui aura pas non plus permis de se consoler.
Depuis, son public de Letna, volontiers railleur et râleur, a tourné le dos à une équipe manquant cruellement de capacité de réaction. Rien d'étonnant, dès lors, que les joueurs aient accueilli la trêve avec un réel soulagement. Quant à l'entraîneur, l'expérimenté Jozef Jarabinsky, malgré une entame prometteuse cet été, ses jours sont désormais comptés. Et c'est un autre Jozef, Chovanec, l'ancien sélectionneur, qui devrait revenir aux commandes. C'est qu'en Tchéquie comme ailleurs, dans le monde du football, il n'y a guère de place pour les sentiments. Et au Sparta, encore moins qu'ailleurs.