World Press Photo jusqu'au début octobre, à Prague
Le meilleur de la photographie journalistique, réuni dans l'exposition World Press Photo, est à voir, pour la 16ème fois, au Carolinum, à Prague. Le concours qui est à la base de l'exposition, en est à sa 49e édition. La capitale tchèque figure parmi les 160 villes de la planète qui accueillent ce « bilan photographique » de l'année précédente. 160 - tel est aussi le nombre de clichés réunis dans l'exposition.
Il ne s'agit que de photos, ou de séries de photos retenues par le jury international dans les dix catégories, dont, par exemple, Reportage, Portrait, Vie de tous les jours, Sport, Art, Nature ou Actualité. Edmond Teracopian de Grande-Bretagne a reçu le 3ème prix dans cette dernière section. Elles vous sont sans doute familières, ses photos des survivants des attentats terroristes survenus à Londres, en juillet 2005. Vous vous souvenez de cet homme en costume, blessé, tenant sous le bras un journal tâché de sang. Cette image prise par le photographe britannique près de la station de métro d'Edgware Road a aussi reçu le Prix de la Ville de Prague. Michaela Kucharova, organisatrice du World Press Photo à Prague, Michaela Kucharova, explique :
« Ce prix est attribué depuis 16 ans, donc dès le début. L'ancien maire de Prague, M. Koran, qui a initié la tenue de l'exposition à Prague et créé ce prix, a été lui-même photographe. Il a voulu que cette récompense soit en rapport avec la vie urbaine. C'est le maire en personne qui sélectionne la photo gagnante, selon ses propres goûts. Cette année alors, le maire Pavel Bem a choisi une photo de la série réalisée par Edmond Terakopian le 7 juillet 2005 à Londres. Les visiteurs peuvent d'ailleurs voir toute la série accompagnée d'un commentaire écrit du photographe. Je pense que ces photos restent d'une actualité brûlante... La peur ne guette pas uniquement Londres ou les grandes villes européennes et mondiales... »
Les guerres, la misère, les catastrophes naturelles sont au coeur du World Press Photo, exposition cataloguée parmi les plus visitées dans la capitale tchèque. Le reflet de notre univers, rien de plus, rien de moins. Cruelle, l'exposition ne l'est pas vraiment. Les événements survenus sur notre planète, elle les raconte à travers les gens, leurs regards, gestes, postures du corps. Ainsi, on regarde droit dans les yeux les jeunes soldats américains venus surveiller le déroulement des élections en Irak. Juste à côté, les portraits des vétérans, 60 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un peu plus loin, un échantillon de personnes rassemblées début avril 2005 sur la place Saint-Pierre au Vatican. Des portraits en gros plan pris quelques heures avant la mort du pape Jean-Paul II. Dans la même salle, les images des écoles de ballet de Kichinev et de Johannesburg, où la danse représente avant tout un espoir de vivre mieux, un jour. A l'entrée de l'exposition, la photo du vainqueur de cette 49e édition du World Press Photo, Finbar O'Reilly, un photographe canadien de l'agence de presse britannique, Reuters. Il a photographié une mère nigérienne et de son enfant sous-alimenté qui touche ses lèvres. Avec Michaela Kucharova, on passe à la catégorie Sport :
« Chaque année, j'ai dans la collection une photo favorite. Quand j'étais petite, j'aimais regarder à la télévision le plongeon. J'ai trouvé bizarre que les nageurs n'ont jamais heurté la planche. Sur une photo, on voit, en effet, que cela ne finit toujours pas bien... Sinon, j'aime la photographie qui a gagné le grand prix. C'est curieux, chaque année, quand je vois pour la première fois la photographie gagnante, je me dis : 'mais pourquoi celle-là ? Elle ne revête rien de particulier.' Et au bout d'un certain temps, je commence à comprendre... En tout cas, je trouve que la photo de l'année 2005, bien qu'elle soit paisible de prime abord, dégage une immense tension. »
« Cette exposition ressemble exactement à l'année dont elle parle. Une fois, il peut y avoir beaucoup de sang, une autre fois, elle peut être plus calme. Prague a cette particularité de l'accueillir à l'automne de l'année suivante. C'est une opportunité pour le spectateur de revenir aux événements déjà un peu oubliés. Les critères de choix des photographies sont toujours les mêmes : le but premier de l'auteur est de saisir l'événement, mais différemment des autres. Ensuite, la photo elle-même doit être de qualité. Même si l'exposition est organisée tous les ans, elle n'est ni répétitive, ni stéréotypée. Par exemple, le conflit en Irak revient dans chaque édition. Mais chaque année, il est traité sous un autre angle. »
L'exposition World Press Photo, c'est jusqu'au 1er octobre, dans les locaux historiques du Carolinum, à Prague 1.