Y a-t-il un pilote dans les trains tchèques ?

Une collision à la Gare centrale de Brno, photo: ČTK/Václav Šálek

Deux trains sont entrés en collision à la Gare centrale de Brno ce mardi matin, faisant vingt-trois blessés légers. Bien que relativement inhabituel, ce fait divers n’aurait pas fait l’objet d’une attention particulière s’il ne s’était ajouté à une liste déjà longue d’accidents et d’incidents recensés sur le réseau de chemin de fer en République tchèque depuis le début de l’année.

Une collision à la Gare centrale de Brno,  photo: ČTK/Václav Šálek
212 personnes sont décédées suite à des accidents ferroviaires en République tchèque en 2018, victimes, pour la très grande majorité d’entre elles, d’une collision avec un train ou fauchées à des passages à niveau. Le nombre peut sembler élevé, surtout si l’on y ajoute les 210 autres qui ont été blessées. Les chiffres proviennent pourtant de l’autorité chargée de l’inspection du trafic sur les voies ferrées.

Au rythme où sont allées les choses en janvier et février derniers, le total pourrait être encore plus important à la fin de cette année. Les inspecteurs ont ainsi déjà été sollicités pour quelque 220 incidents, soit un quart de plus que pour les deux premiers mois en 2018. C’est aussi le nombre le plus important au moins depuis 2015.

Ce mercredi, la direction de České dráhy, la société des chemins de fer tchèque, qui a transporté près de 180 millions de voyageurs en 2018, soit le total le plus important de ces dix dernières années, se réunira donc exceptionnellement pour débattre de la multiplication de ces incidents. Un renforcement des contrôles et des mesures de sécurité est envisagé. Mais selon le directeur général de České dráhy, Miroslav Kupec, comme à Brno ce mardi, les conducteurs des locomotives sont le plus souvent les principaux responsables de ces accidents :

Une collision à Ronov nad Doubravou,  photo: ČTK/Josef Vostárek
« Le conducteur du train n’a pas respecté les règles de circulation en vigueur, et si je disais les choses très simplement, c’est comme si un automobiliste traversait un carrefour en passant au feu rouge. Pourquoi ces fautes d’inattention se multiplient-elles ? C’est une bonne question, et c’est la question à laquelle nous nous efforçons de répondre depuis maintenant deux ans. »

Avant l’accident de Brno ce mardi, une collision entre un train de voyageurs et un train de marchandises avait fait un blessé grave et cinq autres plus légers lundi déjà dans les environs de Kutná Hora (Bohême centrale), là aussi très probablement suite à une erreur de l’un des conducteurs. Fin février aussi, cette fois dans la région de Vysočina (centre de la République tchèque), un train de voyageurs avait circulé... sans conducteur sur près de six kilomètres. Malgré leurs vains efforts pour activer le système de freinage d’urgence, les onze passagers à bord avaient été tout heureux de voir le train finalement s’arrêter seul grâce au terrain, après être quand même passé sur deux ponts et avoir traversé un tunnel… De même, vendredi dernier, un express entre Prague et Munich est passé à un feu rouge dans les environs de Plzeň avant de s’engager sur une autre voie. Les conducteurs sont toutefois parvenus à éviter la catastrophe et la collision entre deux trains au bord desquels se trouvaient 320 passagers en s’arrêtant à trente-quatre mètres l’un de l’autre.

Une collision à Ronov nad Doubravou,  photo: ČTK/Josef Vostárek
Autant d’incidents sans trop de gravité donc, mais qui ne retire rien au fait qu’au cours de ces trois dernières années (entre 2015 et 2018), le nombre de trajets illicites sur le réseau de chemin de fer tchèque a augmenté de près de 40 %. La question se pose donc de savoir s’il y a bien des pilotes dans tous les trains en République tchèque.