Zborov, la bataille sans laquelle la Tchécoslovaquie n'aurait peut-être pas vu le jour

Zborov

Il y a 90 ans, le 2 juillet 1917, au cours de la bataille de Zborov, sur le territoire de l'actuelle Ukraine, 3500 soldats volontaires de la Légion tchécoslovaque remportaient une victoire cruciale sur les troupes austro-hongroises et allemandes. Une victoire qui permit l'organisation de la première Armée tchécoslovaque et pesa d'un poids certain dans l'idée de la création d'un Etat tchécoslovaque libre et indépendant.

Mirek Topolanek présent en Ukraine à l'occasion des cérémonies organisées pour le 90e anniversaire de la bataille de Zborov,  photo: CTK
« Je comprends le legs de Zborov comme un message des légionnaires afin que nous ne nous endormions ni même ne nous assoupissions dans le soin porté à la sécurité du pays... Grâce à Zborov, l'Etat tchécoslovaque a vu le jour dans ses frontières d'après-guerre. » C'est en ces termes que le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, présent en Ukraine, lundi, à l'occasion des cérémonies organisées pour le 90e anniversaire de la bataille de Zborov, s'est exprimé au pied du monument dressé à la mémoire des quelque deux cents légionnaires morts au combat.

Zborov
Ces derniers, au nombre de 3500 mais en nette infériorité numérique et mal armés, portèrent une attaque éclair surprise sur les unités austro-hongroises et allemandes regroupées dans des blockhaus. Par petits groupes, les soldats tchèques et slovaques avancèrent progressivement sur le champ jusqu'aux positions occupées par l'ennemi. C'est ainsi que les légionnaires percèrent les trois lignes de défense austro-hongroises et allemandes, firent prisonniers plus de 4000 de leurs soldats et officiers et s'emparèrent d'une vingtaine de pièces d'artillerie. « Une leçon du combat d'attaque moderne, même par rapport aux critères contemporains », estime aujourd'hui le directeur de l'Institut militaire historique tchèque.

Mais au-delà de la victoire, le résultat de la bataille renforça la position du Conseil national tchécoslovaque auprès des gouvernements britannique, français, italien et américain, qui jusqu'alors n'avaient guère pris en considération les revendications tchécoslovaques de mettre sur pied une armée nationale. Plus tard, Tomas Garrigue Masaryk, président de ce qui était devenu en 1918 la Première République tchécoslovaque, n'oublia pas le rôle joué par les légionnaires. « Il ne suffisait pas d'en appeler à notre droit seulement diplomatiquement, il convenait de montrer au monde que nous plaçons notre liberté au dessus de nos vies, rappela-t-il. Zborov a permis l'organisation de l'armée et celle-ci était une condition indispensable à la liberté et à l'indépendance. »