Un train sillonne la République tchèque pour rappeler l’histoire des légionnaires tchécoslovaques

Photo: Kristýna Maková

A l’occasion du centenaire de la création des légions tchécoslovaques, la réplique d’un train, qui transporta les légionnaires combattant en Russie à travers la Sibérie durant la Première Guerre mondiale, a entamé une tournée à travers la République tchèque. Objectif de ce projet intitulé Legiovlak : rappeler l’histoire et la vie de ces légionnaires et leur rôle dans la naissance de la Première République tchécoslovaque.

Le Legiovlak | Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
En 1915, le futur premier président tchécoslovaque Tomáš G. Masaryk, ainsi que d’autres intellectuels et personnalités tchèques et slovaques exilées, décident de créer des légions armées de volontaires qui iront combattre aux côtés des pays de l’Entente cordiale, contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. En se plaçant ainsi du côté des forces qui luttent contre ceux qui dominent les pays tchèques et slovaques, cette intelligentsia patriote espère bien pouvoir faire valoir la création d’un Etat tchécoslovaque après la fin de la Première guerre mondiale.

Si, dès 1915, des volontaires tchèques et slovaques rejoignent les rangs des armées du tsar de Russie, c’est en 1917 que naît un corps de légionnaires tchécoslovaques indépendants. Ce sont ces soldats qui connaîtront un périple romanesque à travers la Russie secouée par la révolution bolchévique : après la paix de Brest-Litovsk, leur évacuation est prévue pour rejoindre la France. Sauf qu’elle se fera à travers la Sibérie avec pour objectif : Vladivostok et les Etats-Unis. Un périple qui se terminera bien après la guerre, en 1920.

Jiří Charfreitag | Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
Les soldats tchécoslovaques voyagent dans des trains dont une réplique a actuellement entamé une tournée à travers la République tchèque, tournée qui devrait s’achever en 2020. Jiří Charfreitag est le secrétaire de la Société des légionnaires tchécoslovaques, il évoque la naissance du projet :

« L’idée est née il y a six ans : la Société des légionnaires tchécoslovaques a décidé de présenter au grand public l’histoire de ces légionnaires de manière intéressante et attractive. C’est ainsi que l’idée de cette réplique, de ce Legiovlak a vu le jour. »

Photo: Kristýna Maková
Onze wagons en tout, tirés par une locomotive à vapeur, composent cette réplique de train blindé, semblable à ceux qui traversèrent la Sibérie. Parmi ces wagons, une « tepluška », évoquant l’idée d’un wagon où il fait chaud, comme le décrit Tomáš Gál, un des onze volontaires en uniforme d’époque qui accompagnent cette exposition ferroviaire itinérante :

« C’était un wagon qui servait de logement aux soldats. Il pouvait accueillir entre douze et vingt hommes. Au bout du train se trouvent un wagon à plateforme transportant une voiture blindée et un wagon blindé un peu improvisé construit à partir d’un wagon à charbon, armé d’un canon en tête et de mitraillettes sur les côtés. »

Outre ces wagons de logement et chargés d’armement, les légionnaires tchécoslovaques disposaient également dans ces trains d’une ambulance, d’une poste, d’une salle commune ou même d’une petite boutique. Plus de 60 000 légionnaires ont ainsi voyagé dans ces trains entre 1918 et 1920. La réplique de ce train de légionnaires entend justement rappeler, grâce à une exposition dans les wagons et les explications des volontaires, quel fut le quotidien de ces soldats traversant la Russie en proie à la guerre civile. Jiří Charfreitag :

Photo: Kristýna Maková
« Il y a de nombreux objets d’exposition. On y retrouve des objets d’époque, collectés par les légionnaires au cours de leur périple qui devait les ramener chez eux. On peut y voir aussi des chargeurs d’armes, mais aussi des gazettes que les légionnaires publiaient eux-mêmes pendant leur traversée de la Sibérie. »

Le Legiovlak est parti mardi de la Gare centrale de Prague pour sa tournée du pays. Première étape, Mladá Boleslav, où il doit rester jusqu’à mercredi prochain, avant de prendre la direction de Liberec, puis d’autres villes importantes des régions de République tchèque. Cette année, le train devrait faire escale dans une douzaine de villes du pays.