150 ans depuis la naissance du sculpteur František Bílek, dont la villa familiale matérialise ses concepts spirituels

Atelier de František Bílek dans sa villa à Prague, 1927

František Bílek rêvait d’être peintre, mais en raison de son daltonisme, les professeurs de l’Académie des arts lui ont conseillé de se consacrer à la sculpture. Située dans le quartier de Hradčany, la villa Bílek est l’une des maisons individuelles les plus originales de la capitale tchèque.

František Bílek | Photo: Rozpravy Aventina,  volume 6/1930-1931,  Akademie věd/Wikimedia Commons,  public domain

Dans la société tchèque de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, František Bílek se distinguait par sa profonde spiritualité. La plupart de ses œuvres représentent des motifs religieux.On trouve un crucifix qu’il a sculpté dans la nef de la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague. Néanmoins, l’artiste a ensuite pris ses distances avec l’Eglise catholique.  Après un premier modèle en plâtre de Jan Hus, réalisé en 1900, son œuvre s’est inspirée de références et de motifs de la Réforme tchèque. Par la suite, lui et sa famille ont rejoint l’Eglise hussite tchécoslovaque.

Le crucifix dans la nef de la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague | Photo: Øyvind Holmstad,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0
L’église Saint-Venceslas à Zderaz à Prague | Photo: DanielaDangová,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

D’ailleurs, en 1930, František Bílek a fait une proposition de nouvelle structure des offices religieux, qu’il a accompagnée de croquis de robes et étoles ornées pour le prêtre et les officiants des messes. Aujourd’hui encore, l’Eglise hussite tchécoslovaque utilise les calices et bougeoirs créés par František Bílek. On peut voir l’œuvre de František Bílek dans les églises hussites de České Budějovice ainsi que dans l’église Saint-Venceslas à Zderaz, à Prague.

Mais c’est essentiellement par la villa Bílek qu’il s’est inscrit en tant que référence architecturale et culturelle à Prague. Il s’agit de l’une des premières maisons de famille à toit plat du pays, et son extérieur reflète tout à fait les convictions religieuses de František Bílek.

La villa Bílek | Photo: e-Sbírky,  Musée national,  CC BY-NC-ND

Au centre d’un cercle imaginaire, le sculpteur avait à l’origine placé une statue de Moïse, auquel il s’identifiait. Par ailleurs, les concepts de labourage, de semailles, de maturation et de récoltes spirituels étaient autant d’allégories de la foi de Bílek. Le curieux plan arrondi de la villa évoque la trace laissée par le passage d’une faux dans un champ de céréales. De plus, les colonnes en béton en forme d’épis et de gerbes de blé, de style égyptien, offrent un contraste avec la structure massive du bâtiment.

La villa Bílek | Photo: Martin Vaniš,  Radio Prague Int.
La villa Bílek | Photo: Martin Vaniš,  Radio Prague Int.

La partie sud de la maison abritait l’atelier du sculpteur, tandis que la partie nord était l’appartement à deux étages de la famille de l’artiste. Les pièces ne sont pas rectangulaires : leurs angles en biseau offrent un labyrinthe de petits espaces et de recoins intimes. Des meubles originaux et des détails symboliques conçus par František Bílek – et même taillés par ses soins, pour certains – viennent compléter l’atmosphère authentique de l’intérieur de la villa. Il a également dessiné les éléments décoratifs faits de métal, tels que les lustres et les poignées de porte inspirés des lignes de la nature.

La maison de František Bílek à Chýnov | Photo: Miloš Hlávka,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

La villa Bílek est aujourd’hui administrée par la Galerie de la ville de Prague, qui y expose les œuvres tardives de l’artiste. Il est également possible de visiter une autre de ses maisons, qu’il appelait « chaloupka », à Chýnov, en Bohême-du-Sud. Elle a été construite en 1898 d’après ses plans, et y sont exposées les travaux de ses débuts ainsi que ses œuvres tardives créées justement dans cette maison.

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