2006, Année européenne de la mobilité des travailleurs : les Tchèques restent au pays
La Commission européenne a lancé, lundi, EURES, un portail sur la mobilité de l'emploi, inaugurant ainsi l'Année européenne de la mobilité des travailleurs, comme l'a été proclamée 2006. Mais bien que leur ancien Premier ministre Vladimir Spidla, désormais commissaire européen à l'Emploi, affirme que l'Europe propose actuellement un million d'emplois, les Tchèques ne s'apprêtent nullement à émigrer en masse.
Selon la dernière enquête Eurobaromètre, dont les résultats ont été publiés mardi, 61 % des Tchèques interrogés affirment être capables de mener une conversation dans une langue étrangère et 29 % dans deux langues. Deux chiffres qui sont très légèrement supérieurs à la moyenne des 25 pays membres de l'UE, de l'ordre de 56 % et 28 %. Malgré ces capacités linguistiques, beaucoup de Tchèques considèrent pourtant que la maîtrise des langues reste un des principaux obstacles pour un éventuel départ dans un pays étranger à la recherche d'un nouvel emploi et d'un meilleur salaire. Mais les langues et plus généralement les craintes suscitées par l'installation dans un nouveau pays et l'adaptation à un nouvel environnement et à une nouvelle culture ne sont pas les seules raisons qui motivent les Tchèques à rester chez eux. Même si le salaire brut moyen en République tchèque, environ 630 euros, est encore inférieur à la moyenne européenne et que beaucoup de Tchèques disposent d'un revenu bien inférieur à cette moyenne, le niveau de vie reste toutefois relativement correct. Des dix nouveaux pays qui ont intégré l'UE en mai 2004, il est même le plus élevé derrière la Slovénie. Par ailleurs, bien que le taux de chômage flirte régulièrement avec les 10 % sur l'ensemble du territoire, à Prague, celui-ci n'est que de l'ordre de 3,5 %. Or, c'est justement dans la capitale, où vit un Tchèque sur dix, que le niveau d'études et les salaires sont les plus élevés et que les emplois dans le secteur tertiaire et les grandes entreprises sont les plus nombreux et relativement simples d'accès. Des données qui expliquent en partie pourquoi ils n'ont été que 8000 Tchèques, selon Vladimir Spidla, à faire une demande d'emploi en Grande-Bretagne, notamment dans le secteur de la santé et des transports urbains, et ce alors que le Royaume-Uni, l'Irlande et la Suède restent les trois seuls pays de l'Europe des Quinze à ne pas avoir adopté, en mai 2004, une période transitoire de deux ans durant laquelle l'accès à leur marché du travail est réglementé.
Et puis froissés et même irrités par cette fermeture sur elle-même de la « vieille Europe », de nombreux Tchèques se disent que, finalement, ils ne sont peut-être pas si mal que cela chez eux.