A bout de course, l’ODS cherche un second souffle

Petr Nečas, photo: CTK

Le Premier ministre Petr Nečas a entamé ces derniers jours une tournée qui, durant cinq semaines, doit le mener dans les antennes régionales du parti civique démocrate (ODS). En chute libre dans les sondages, confronté à des résultats catastrophiques lors des dernières élections (sénatoriales, régionales et présidentielle), victime de sa mauvaise image auprès de l’opinion publique ou encore souffrant de l’adoption par le gouvernement de réformes très impopulaires, l’ODS, principale formation de droite du pays, espère retrouver un second souffle en prévision de 2014, année qui sera de nouveau marquée par la tenue de nombreuses élections, dont les législatives. Mais devant l’ampleur du chantier, beaucoup, et ce au sein même du parti, doutent de la réussite de l’entreprise.

Petr Nečas,  photo: CTK
Même si les sondages sont toujours à prendre avec des pincettes, les résultats publiés la semaine dernière par l’agence STEM ont néanmoins interpellé un certain nombre d’observateurs de la scène politique tchèque. Avec seulement 11,6 % de préférences, l’ODS, premier parti de l’actuelle coalition gouvernementale, arriverait loin derrière la social-démocratie (ČSSD) et dans une moindre mesure T0P 09, si les élections législatives devaient se tenir aujourd’hui. Avec plus de 28 % des suffrages, le ČSSD remporterait haut la main le scrutin. Mais surtout, l’ODS, qui ne devancerait les communistes que de trois petits dixièmes de point, perdrait la position qui est la sienne depuis pratiquement une vingtaine d’années de plus grand parti de droite aux dépens de TOP 09. Actuel partenaire de l’ODS au sein du gouvernement, le parti dirigé par Karel Schwarzenberg, candidat malheureux à la récente présidentielle, récolterait, lui, un peu plus de 14 % des suffrages.

Malgré leur faiblesse, ces chiffres ne sont cependant pas ce qui inquiète encore le plus certains responsables de l’ODS. De plus en plus de voix s’élèvent en effet pour appeler à un retour aux valeurs conservatrices qui leur sont chères et dont elles estiment qu’elles ont été abandonnées ces trois dernières années, notamment lors des compromis, trop nombreux à leur goût, consentis au sein de la coalition gouvernementale. Car même si d’importantes réformes ont été adoptées et ont commencé à être appliquées, le Premier ministre a souvent bien du mal à justifier certaines décisions, y compris donc dans les rangs de l’ODS.

Petr Nečas,  photo: CTK
Ce mécontentement grandissant provient notamment des régions et des communes, et c’est la raison pour laquelle Petr Nečas s’est rendu à Pardubice (Bohême de l’Est), lundi, après avoir visité Nymburk (Bohême centrale) et Plzeň (Bohême de l’Ouest), la semaine dernière. En province, même s’il ne l’admet pas ouvertement, le chef du gouvernement entend se montrer plus à l’écoute qu’il ne l’a été jusqu’à présent afin de revenir à certains principes de base :

« Il est indispensable que nous communiquions entre nous, que nous échangions nos opinions et que nous nous disions les choses ouvertement. Quatre élections nous attendent dans l’année à venir et il faut que l’ODS s’y prépare du mieux possible. Mais je ne sais pas pourquoi les médias en parlent tant, alors que ce n’est pas la première fois que je me rends dans les régions. »

Alors que la cause à l’échelle nationale semble d’ores et déjà entendue en faveur de la social-démocratie en perspective des prochaines législatives, les communes et les régions sont peut-être devenues les éléments les plus importants pour le proche avenir de l’ODS. D’éventuels mauvais résultats aussi lors des élections municipales en 2014 fragiliseraient encore un peu plus un ensemble qui tremble littéralement sur ses fondations. Mais comme l’affirme Drahomíra Miklošová, maire ODS d’Obrnice, petite commune de Bohême du Nord, certains changements dans le mode de fonctionnement du parti sont déjà en cours :

Drahomíra Miklošová,  photo: Khalil Baalbaki,  ČRo
« On nous laisse nous exprimer sur les projets législatifs. C’est quelque chose de relativement nouveau, car jusqu’à présent les maires n’étaient pas du tout écoutés. Je dirais même que je considère cela comme l’apparition d’un nouveau souffle au niveau de la direction de l’ODS. »

Pour certains, ce nouveau souffle pourrait aussi prendre la forme d’une nouvelle direction à la tête du parti. Même s’il ne s’agit encore que de bruits de couloirs, Petr Nečas pourrait continuer à remplir ses fonctions de Premier ministre jusqu’au printemps 2014 tout en étant remplacé par un autre leader qui deviendrait, lui, la tête d’affiche de l’ODS pour la campagne électorale des législatives. Histoire de sauver ce qui peut peut-être encore l’être.