A deux mois de Sotchi, les Tchèques attendent les Jeux avec optimisme

Martina Sáblíková, photo: CTK

Dans un peu moins de deux mois, le 7 février prochain, seront ouverts à Sotchi, en Russie, les XXIIes Jeux olympiques d’hiver. Comme toujours en République tchèque, le tournoi de hockey sur glace, auquel participeront une nouvelle fois toutes les stars de la ligue nord-américaine NHL, sera au centre de toutes les attentions. Mais dans d’autres disciplines également, les Tchèques peuvent espérer bien figurer et ramener plus encore que les six médailles de Vancouver.

Martina Sáblíková,  photo: CTK
Première sportive tchèque, hommes et femmes confondus, sacrée double championne olympique lors de Jeux d’hiver, à Vancouver en 2010, Martina Sábliková sera de nouveau le principal espoir de médailles tchèques en Russie. A 26 ans, celle qui est parfois surnommée « Cendrillon » ou « la petite fée des étangs de Moravie » pour ses débuts modestes dans une discipline, le patinage de vitesse, qui ne compte que quelques dizaines de pratiquants en République tchèque, devra avoir les épaules suffisamment solides pour supporter la pression qui pèsera sur celles-ci. Très attendue par le public, Martina Sábliková aura beaucoup à défendre à Sotchi : ses deux titres sur longues distances, 3 000 et 5 000 mètres, et une médaille de bronze sur 1 500 mètres.

Invaincue sur sa distance de prédilection depuis trois ans, la décuple (!) championne du monde sera l’incontestable grande favorite du 5 000 mètres. Et son début de saison plus que prometteur a confirmé ce statut. Fin novembre, à Astana (Kazakhstan), Sábliková a ainsi signé la trentième victoire de sa carrière en Coupe du monde en remportant le premier 5 000 mètres de la saison 2013-2014. Depuis, la patineuse a élargi sa collection d’une unité supplémentaire en s’imposant sur 3 000 mètres, vendredi dernier à Berlin. En devançant la légendaire Allemande Claudia Pechstein, Sábliková a non seulement remporté le deuxième 3 000 mètres de sa saison, mais aussi conforté encore un peu plus son avance en tête du classement général de la Coupe du monde. Autant de succès qui n’ont pas encore assouvi sa soif de victoires, et ce d’autant moins en saison olympique. Elle explique pourquoi :

Martina Sáblíková,  photo: CTK
« Derrière tout cela, il y a beaucoup de travail et de sacrifices, c’est vrai, mais c’est comme pour tout sportif qui veut arriver à quelque chose. Le plus important reste le plaisir que je prends sur la glace. J’aime ce que je fais, j’aime m’entraîner, cela m’amuse et donne un sens à ma vie quotidienne. J’apprécie l’ambiance qui règne dans notre groupe à l’entraînement comme celle des compétitions. Je m’entends plutôt bien avec les autres concurrentes et c’est aussi ce qui me donne envie de continuer. Tant que les choses resteront comme ça, la douleur ne me gênera pas, elle fait partie du patinage de vitesse. »

Le plaisir constitue aussi, semble-t-il, le moteur de Lukáš Bauer. A 36 ans, le fondeur tchèque s’est rappelé au bon souvenir du public, des médias et de ses concurrents la semaine dernière, à Kuusama (Finlande), en remportant le 10 kilomètres style classique. Pour l’ancien double vainqueur du Tour de Ski, cette victoire surprise constituait sa première en Coupe du monde depuis près de quatre ans. Double médaillé de bronze aux derniers Jeux de Vancouver (sur le 10 km style libre et le relais 4x10 km), Lukáš Bauer réapparaît donc sur le devant de la scène au meilleur moment, comme il en convenait lui-même à l’issue de son succès en Finlande :

« C’est un résultat très encourageant et stimulant pour un début de saison olympique. J’ai souvent été handicapé par différents ennuis de santé ces deux dernières saisons. Cette année, pour la première fois depuis longtemps, j’ai enfin pu m’entraîner et me préparer correctement cet été. Le travail porte ses fruits. Maintenant, cette victoire n’est pas une fin en soi. Même s’il est très agréable de remonter sur la première place d’un podium, et que je dois avouer que cette sensation me manquait terriblement, il va falloir enchaîner avec d’autres bons résultats sur les prochaines courses. »

Lukáš Bauer,  photo: CTK
Un bon résultat, ce n’est cependant pas tout à fait ce qu’a réalisé Lukáš Bauer. Avant une septième place dans le relais (4x7,5 km) dimanche, à Lillehammer (Norvège), le Tchèque a dû se contenter, samedi, d’une dix-neuvième place sur le 15 kilomètres style classique, avec 55’’ de retard sur le vainqueur, le Norvégien Paal Golberg. Il faudra donc attendre la suite de la saison avant de pouvoir affirmer que Lukáš Bauer, malgré les années qui passent, est bien de retour au meilleur de sa forme à l’approche de la cinquième participation de sa carrière aux JO.

Veronika Vítková,  photo: CTK
Deux victoires à Östersund (Suède) du relais mixte et de Gabriela Soukalová sur le 15 kilomètres, un dossard jaune de leader du classement général de la Coupe du monde pour cette même Soukalová, et ce week-end, enfin, une deuxième place pour Veronika Vítková dans l’épreuve du sprint à Hochfilzen (Allemagne). Dix mois après la tenue de « ses » championnats du monde à Nové Město na Moravě, le biathlon tchèque se porte toujours aussi bien. Ce biathlon tchèque, on l’avait quitté en mars dernier avec un bilan de cinq victoires et de quinze podiums en Coupe du monde pour la saison 2012-2013, du jamais vu dans l’histoire de la discipline. A la fin de l’hiver dernier, on avait surtout quitté Gabriela Soukalová, inconnue ou presque du grand public il y a encore un an de cela, sur un Grand Chelem dans les trois dernières épreuves de la Coupe du monde et en se disant qu’après la patineuse de vitesse Martina Sábliková, la République tchèque tenait peut-être bien une nouvelle reine des sports d’hiver. Pourtant, c’est très prudente dans ses déclarations que Gabriela Soukalová abordait cette nouvelle saison, olympique qui plus est :

Gabriela Soukalová,  photo: CTK
« Je la considère comme le commencement d’un nouveau jeu. Tout est nouveau, on repart de zéro et tout le monde est sur le même pied d’égalité. Je suis toujours très sceptique avant chaque début de saison et les attentes par rapport à mes résultats ne me poussent pas à être plus optimiste cette année. C’est pourquoi je ne me fixe pas d’objectifs concrets. J’ai la chance de pratiquer un sport que j’aime beaucoup. Je veux donc d’abord en profiter, ce qui veut dire aussi donner le maximum de moi-même. Après, on verra bien ce que cela donne. »

Seulement, si Gabriela Soukalová ne veut pas voir trop haut, le public, lui, attend d’elle une confirmation de la saison passée. Et qui dit confirmation, dit forcément nouvelles victoires. Or, la Tchèque est bien consciente que tout n’est pas si simple :

« Des fois, je me dis qu’il suffit que je termine dans les profondeurs du classement sur deux ou trois épreuves pour que tout ça se tasse un peu, que l’on parle et que l’on attende moins de moi. Par rapport à la saison dernière, ce sera désormais plus compliqué pour moi. Personne ne me connaissait, je ne pouvais que surprendre. Mais il n’est écrit nulle part que cela va continuer, je ne l’oublie pas. Je sais très bien que les résultats de la saison passée ne se reproduiront peut-être plus jamais. Mais cela peut aussi être le contraire… »

Eva Samková,  photo: CTK
Ce cas de figure contraire, c’est bien évidemment ce qu’espère voir un public tchèque qui, à Sotchi dans deux mois, pourrait bien également compter sur une autre nouvelle venue, en snowboard cette fois. Dimanche, à Montafon (Autriche), Eva Samková a remporté la finale d’ouverture de la Coupe du monde, signant ainsi, à 20 ans, la deuxième victoire de sa carrière dans la compétition. Et si à toutes ces promesses les hockeyeurs pouvaient eux aussi ajouter leur grain de sel, ces Jeux de Sotchi pourraient alors être tout particulièrement intéressants pour les Tchèques.