A gauche Fête du Travail, à droite Fête de l’Amour

Photo: ČT

Après la traditionnelle Nuit des sorcières, le 30 avril au soir, où des figurines de sorcières sont brûlées un peu partout en République tchèque, place le Premier mai à d’autres festivités. Les Tchèques y célèbrent l’amour, le printemps et bien entendu le travail. Aussi pour la journée internationale des travailleurs, les partis classés à gauche de l’échiquier politique, sociaux-démocrates et communistes, ont tenu des rassemblements à divers endroits du pays pour rendre hommage au mouvement ouvrier. Les formations politiques de droite, plutôt portées sur l’amour, ont également profité de la journée pour mener campagne dans le cadre des élections européennes des 23 et 24 mai prochains.

La rencontre des communistes,  photo: ČT
Dès neuf heures du matin au parc des expositions à Prague, la « Chanson du travail » résonnait dans les oreilles et sans doute dans les cœurs des centaines de sympathisants communistes réunis comme chaque année pour célébrer la Fête du Travail. Parmi les personnalités présentes, on comptait Milouš Jakeš, ancien secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque (KSČ) à la fin des années 1980, ou encore la députée Marta Semelová, qui, lors de son discours à la tribune, a rappelé les ravages du capitalisme, coupable selon elle d’accroître les inégalités et la violence en République tchèque et dans le monde. Quelques dizaines de militants anti-communistes, venus perturber la fête, n’étaient visiblement pas de cet avis.

L’ambiance était peut-être plus détendue sur l’île Slovanský (l’île des Slaves) où les sociaux-démocrates de la capitale ont choisi de se rassembler pour commémorer les premières manifestations ouvrières du Premier mai, survenues en 1890 sur l’île Střelecký, non loin de là. Devant une centaine de personnes, le Premier ministre et leader de la social-démocratie Bohuslav Sobotka a défendu ses cent premiers jours au pouvoir :

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Je veux profiter de ce Premier mai pour discuter avec les gens de ce qu’a déjà accompli le gouvernement en trois mois et de ce qui nous attend désormais. J’ai reçu aujourd’hui toute une série de messages indiquant ce vers quoi nous devrions nous concentrer. »

Le chef du gouvernement a notamment évoqué ses engagements de créer un taux de TVA réduit pour les médicaments et les livres dès 2015 et d’augmenter les minimas sociaux. Comme les communistes, les sociaux-démocrates ont également profité de l’événement pour présenter leurs candidats et leur programme dans le cadre des élections européennes organisées dans trois semaines.

Les partis de droite ne se sont pas gênés pour faire la même chose avec différentes manifestations à Prague et ailleurs. Mais pas question pour leurs dirigeants de rendre hommage au mouvement pour les droits et l’émancipation des salariés. Pour eux, le Premier mai est avant tout la fête de l’amour. Le président de la formation conservatrice TOP 09 a par exemple indiqué :

« A vrai dire, l’amour est le plus important. On parle de la Fête du Travail mais tout le monde a oublié qui a institué cette journée comme jour férié en République tchèque. Il s’agit d’Adolf Hitler durant la période du protectorat. »

Le mémorial dédié à l’ancien président Václav Havel,  photo: ČT
Il n’empêche que le Premier mai était déjà depuis bien longtemps la journée internationale des travailleurs, comme le décidèrent en 1889 les représentants de l’Internationale ouvrière. Présent sur la place Maltézské, toujours à Prague, le ministre de la Culture Daniel Herman, chrétien-démocrate de son état, inaugurait ce jeudi un mémorial dédié à l’ancien président Václav Havel. Il a encore une autre opinion sur les célébrations du Premier mai :

« Il s’agit résolument de la fête de l’amour. Et si nous regardons le calendrier liturgique, c’est la fête de Saint Joseph ouvrier. »

Une originalité liturgique voulue en 1955 par l’Eglise catholique. A noter que cette journée de jeudi a également été marquée par une manifestation anarchiste à Ústí nad Labem, au nord de la Bohême, qui s’est achevée par un affrontement avec la police et l’arrestation de deux militants libertaires.