« A Kharkiv, c’est la guerre comme en Syrie » : à Prague, on fuit l’Ukraine meurtrie
A la gare principale de Prague, chaque train en provenance de la frontière ukrainienne – du côté polonais ou du côté slovaque – apporte son lot de destins chamboulés, de personnes déplacées et de plus en plus éreintées. Plus les bombardements et les combats font de dégâts et de victimes, plus les nouveaux arrivants sont traumatisés.
Parmi eux, une grande majorité de femmes et d’enfants, dont Jeanna, qui a fui Kharkiv avec sa fille :
« Je viens de Kharkiv. Le voyage a été très compliqué, pendant plusieurs jours et nous n'avons pas dormi du tout. Je suis avec ma fille de 13 ans et on ne sait pas si on aura un endroit où revenir, si notre immeuble sera encore debout puisque notre ville est toujours bombardée. »
Dans le hall de la gare, des volontaires aident les passagers exténués qui viennent de descendre du dernier train en provenance de Przemysl – parmi eux se trouvent deux des derniers étudiants marocains à avoir quitté l’Ukraine, Yacine et Salah-Eddin :
Yacine : « J’ai eu peur, j’ai vu des chars, des combats, toute la catastrophe… Nous sommes partis il y a cinq jours de Kharkiv, d’abord traverser l’Ukraine puis traverser la frontière slovaque. On attend maintenant un train pour l’Allemagne puis regagner la France avant de rentrer au Maroc. »
Salah-Eddin : « Nous étions encore trois Marocains à Kharkiv, c’était ma première année, j’étudiais la langue avant de commencer à étudier l’architecture. Mais la région est maintenant très dangereuse. Etre là-bas, c’était comme être en Syrie… Le voyage a été compliqué en Ukraine, mais depuis que nous sommes sortis c’est plus calme. On a tout fait en train, le bus était trop dangereux. Nous sommes restés parce qu’on a cru que ça allait se calmer mais c’est vraiment la guerre. On l’a vécu pendant dix jours à Kharkiv, les autres sont déjà tous partis… »
Selon le ministre tchèque de l’Intérieur, le nombre de personnes arrivées d’Ukraine en Tchéquie a déjà atteint 200 000. Le gouvernement a annoncé mercredi des mesures d’aide aux ressortissants ukrainiens, dont la suppression du permis de travail obligatoire et des allocations sociales à hauteur de 5000 CZK, environ 200 EUR.