A la recherche des traces de Richard Wagner dans les pays tchèques

Richard Wagner

Pendant toute cette semaine, l’actualité dans les médias nationaux, c’étaient avant tout les inondations qui ont de nouveau frappé la République tchèque. La presse, avant la catastrophe, a également publié d’autres sujets intéressants. Les pages culturelles du quotidien Lidové noviny ont par exemple évoqué les liens qui attachaient le compositeur Richard Wagner, dont nous nous célébrons le 200e anniversaire de la naissance, aux pays tchèques. Le journal a aussi effectué une enquête sur le phénomène de la « génération des jeunes qui font leurs études tout en travaillant ».

Richard Wagner
S’agissant de la presse nationale, c’est en particulier le quotidien Lidové noviny qui a consacré une attention particulière au 200ème anniversaire de la naissance du grand compositeur allemand Richard Wagner. D’abord, son supplément Orientace a invité plusieurs experts pour discuter non seulement de l’oeuvre, mais aussi du parcours et des positions, jugées souvent contradictoires, de ce génie de la musique. Le jour de sa naissance, qui tombe le 22 mai, il a donné en outre la parole à Pavel Petráněk, directeur artistique de l’Opéra du Théâtre national, afin de rappeler certains points clés de la présence, artistique ou personnelle, de Richard Wagner dans les pays tchèques. Il a écrit :

« Richard Wagner s’est vu lier aux pays tchèques presque depuis sa naissance. Nourrisson de deux mois, il habitait avec sa mère dans la ville de Teplice, dans le nord de la Bohême, afin d’être protégé d’événements guerriers. Quant à Prague, il y est arrivé pour la première fois à l’âge de treize ans afin de rendre visite à ses deux soeurs, engagées à l’époque dans un théâtre pragois... Et c’est aussi à Prague, au début des années 1830, que la première de la Symphonie en do majeur de Wagner a été présentée. »

Brno, Karlovy Vary, Teplice, Prague. Autant de villes et pas les seules, dans lesquelles le compositeur aimait se rendre. Le château de Střekov près de la ville d’Ústi nad Labem semble lui avoir servi de source d’inspiration pour le livret de l’opéra Tanhäuser, tandis qu’à Mariánské Lázně (Marienbad), il travaillait sur les livrets des opéras Les Maîtres chanteurs de Nürenberg et Lohengrin. S’agissant des attaches liant Wagner à Prague, l’auteur de l’article rappelle également :

« En 1863, Wagner s’est rendu à Prague pour y diriger, déjà en tant que maître reconnu et hautement apprécié, un de ses concerts. On notera que l’orchestre qui a joué sous sa baguette comptait en son sein le futur grand compositeur tchèque, Antonín Dvořák, âgé alors de vingt-deux ans. Le succès du concert a été phénomenal, suite à quoi Wagner a décidé de diriger à Prague encore deux autres concerts. C’est en 1875 que le compositeur s’est rendu à Prague pour la dernière fois. »

Le journal rappelle que Wagner entretenait des relations avec beaucoup de musiciens, compositeurs et chanteurs, issus de Bohême. Il avait aussi des contacts avec le Conservatoire de Prague qui a su à ce jour conserver une quinzaine de ses lettres inédites. En ce qui concerne la présence de l’oeuvre lyrique du compositeur sur le territoire tchèque, il précise :

« Tanhäuser est le premier opéra de Wagner ayant été présenté, en 1854, sur une scène tchèque. Tout comme d’autres oeuvres de Wagner, il a été monté sur la scène du Théâtre des états (Stavovské divadlo), à l’initiative du chef d’orchestre František Škroup qui est connu, lui, en tant qu’auteur du chant ‘Où est ma patrie’ qui allait devenir l’hymne national. »

L’auteur note en conclusion que l’ensemble des opéras de Wagner, sauf La Défense d’aimer, ont été au fur et à mesure présentés dans les pays tchèques. D’abord sur des scènes de langue allemande de Prague, puis, sur des scènes tchèques. Il signale en outre qu’à ce jour seulement quatre créations complètes de l’Anneau des Niebelung ont été montées dans le pays, dont trois à Prague et une à Brno.


« Comment est la première génération des Tchèques nés dans un pays démocratique ? », s’interroge le supplément Reflex du quotidien Lidové noviny. L’auteur de l’article rappelle que ceux-ci ont grandi dans un contexte foncièrement différent de celui dans lequel vivaient sous le communisme leurs parents, qui ont connu par la suite l’euphorie de la chute du régime avant de découvrir les joies et les écueils de la liberté retrouvée. Il explique :

« Le trait caractéristique de la nouvelle génération, c’est qu’elle se rend compte des possibilités que lui offre le monde libre et ouvert, qu’elle tient compte de ses chances, ainsi que de ses limites. »

Selon le témoignage des enseignants universitaires interrogés par le journal, les étudiants d’aujourd’hui sont plus actifs, plus conscients de leurs objectifs, et possèdent plus d’aplomb que leurs prédécesseurs. Au cours de leurs études, beaucoup d’entre eux travaillent, tout comme certains font des séjours à l’étranger. Ils étudient, car ils veulent atteindre un but précis. Le journal constate :

« Avec la crise économique, les étudiants réalisent que trouver un emploi n’est pas une chose évidente. Voilà pourquoi nombreux sont ceux qui cherchent du travail déjà pendant leurs études. Certains d’entre eux veulent ainsi également alléger la situation financière de leurs parents ou s’assurer une certaine indépendance. Il ne s’agit, dans de tels cas, que d’un travail occasionnel et temporaire, auquel ils ne veulent pas se consacrer une fois leurs études terminées. ».

D’un autre côté, une récente enquête effectuée par la Faculté d’études humanitaires de l’Université Charles révèle chez les étudiants tchèques un certain côté hédoniste, car une de leurs premières ambitions est la volonté de croquer la vie à pleine dent. En ce qui concerne la politique, le journal cite un chercheur du Centre d’études sociales et économiques qui note :

« Les jeunes Tchèques semblent plus satisfaits de la situation dans le pays que les générations de leurs parents. En même temps, ils s’intéressent moins à la politique que ces derniers, ne lisent et ne suivent guère dans les médias ce qui a trait aux problèmes d’ordre politique. Aussi sont-ils moins actifs, cela veut dire qu’ils ne vont pas en masse aux urnes, qu’ils adhérent très peu aux partis politiques, on les voit rarement se présenter dans l’espace publique. »

En ce référant aux témoignages de psychologues, le journal note également que les jeunes Tchèques qui sont nés après la chute du régime communiste, ne portent pas en eux les traumatismes de leurs parents et grand-parents. D’un autre côté, l’expérience historique que ceux-ci leur transmettent malgré eux peut leur servir de source d’enrichissement. L’enjeu est désormais de savoir si les membres de la jeune génération vont mettre leurs capacités, leur élan et leur énergie uniquement au profit de l’arrangement de leurs propres vies, ou bien s’ils voudront les faire valoir au profit de toute la société.


Photo: CTK
De toute une série d’articles, de reportages et de commentaires consacrés aux inondations en République tchèque qui ont été publiés dans la presse de ces derniers jours, nous n’allons citer qu’un extrait de celui qui est paru dans l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes et qui titre : « Cela va mal, mais ce n’est quand même pas un enfer comme en l’an 2002 ». Son auteur a écrit :

« Ce que l’on peut d’ores et déjà constater, c’est que dans la majorité écrasante des cas, les municipalités et les administrations territoriales ont bien géré la situation. De même, une grande partie de ceux qui ont été touchés par les inondations les ont bravement affrontées. En dépit de l’indifférence de certains, qui est d’ailleurs toujours omniprésente, on a vu l’engagement et la solidarité des bénévoles. On a pu admirer le courage des secouristes, des sapeurs-pomiers, des gardes, des gendarmes et des agents de police. Il faut les remercier de tout coeur. Un rôle important a été joué, aussi, par les mesurer de sécurité qui ont été mises en place, à partir de l’expérience tirée des inondations dévastatrices d’il y a onze ans... Pour toutes ces raisons, l’événement a été moins désastreux qu’auparavant. »