A l’ONU, le ministre Lipavský cite Havel et participe à la réunion du Conseil de sécurité
L'ONU et ses principes mêmes sont menacés par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'un des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, selon le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, qui représentait le pays à la session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Selon Jan Lipavský, la Russie tente de « démanteler l'architecture de sécurité du continent européen ». Le chef de la diplomatie a attiré l'attention sur l'ironie du fait que le président russe Vladimir Poutine a annoncé une mobilisation partielle et « menacé le monde avec une arme nucléaire » lors de la Journée internationale de la paix.
Il a décrit l'invasion russe comme « non autorisée, non provoquée et illégale », qui, en plus de violer la Charte des Nations Unies, nuit gravement à l'économie mondiale, à la sécurité alimentaire et à l'ordre international fondé sur des règles.
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que la Tchéquie soutenait la souveraineté, l'unité et l'indépendance de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues et que Prague ne reconnaissait pas l'annexion de la Crimée de 2014. Il a condamné les référendums prévus sur le rattachement à la Russie dans les parties du territoire ukrainien occupées ou contrôlées par Moscou.
Citant les noms de certaines localités désormais tristement célèbres comme Boutcha, Irpin ou Izioum, Jan Lipavský a également pris position contre les atrocités que les occupants russes commettent en Ukraine et a critiqué le « bombardement apocalyptique des infrastructures civiles ». Il a dénoncé l'existence de camps de filtrage et la déportation de la population ukrainienne, y compris des enfants.
« Il y a la responsabilité internationale de la Russie pour l'agression, mais il y a aussi la responsabilité pénale individuelle pour les crimes commis à une si grande échelle par les troupes russes », a déclaré Lipavský. Il a rappelé que Prague soutenait l'enquête sur la situation en Ukraine par la Cour pénale internationale (CPI) ainsi que la demande de l'Ukraine d'engager une procédure devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre la Fédération de Russie sur la base de la convention sur le génocide. Il a également appelé à la création d'un tribunal international spécial pour poursuivre le crime d'agression commis par la Russie de Poutine.
Le chef de la diplomatie tchèque, qui a évoqué parmi d’autres sujets internationaux la situation au Myanmar, en Biélorussie et en Iran, a cité à la tribune l’ancien président Vaclav Havel :
« Notre indifférence envers les autres ne peut aboutir après tout qu'à une seule chose : l'indifférence des autres envers nous. »
Jan Lipavský, ministre du pays qui préside actuellement l'UE, a prononcé également un discours au Conseil de sécurité de l'ONU ce jeudi. C’est la première fois depuis près de 30 ans qu’un représentant tchèque interviendra dans une réunion ministérielle de ce Conseil dont fait toujours partie la Russie.
La précédente intervention d’un diplomate tchèque, en 1994, a marqué l’histoire. Karel Kovanda, alors ambassadeur à l’ONU d’une Tchéquie membre non-permanente du Conseil de sécurité, était parmi les premiers à dénoncer le génocide alors en cours au Rwanda.