La Tchéquie censurée par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU

Le bombardement d’un hôpital pour enfants à Kyiv

Selon un dernier bilan, les frappes aériennes qui ont touché l’Ukraine le 8 juillet auraient fait 43 morts et plus de 200 blessés. Indignée notamment par le bombardement d’un hôpital pour enfants à Kyiv, la Tchéquie a tenté mardi de prendre la parole à ce sujet devant le Conseil de sécurité de l’ONU, mais la Russie l’en a empêchée.

“Le spectacle horrible de la mort et de la destruction incessantes causées par l’agression flagrante de la Russie a atteint un nouveau chapitre sombre hier. Le fait de cibler de jeunes enfants innocents et malades avec des missiles hypersoniques est tout simplement choquant. Les attaques contre les civils et les biens à caractère civil sont des crimes de guerre. De telles attaques sont inacceptables et doivent cesser immédiatement. Malheureusement, la Russie continue d’ignorer complètement le droit international et les exigences d’une paix durable et juste.”

Le bombardement d’un hôpital pour enfants à Kyiv | Photo: Efrem Lukatsky,  ČTK/AP

Ces mots de la diplomatie tchèque, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne les entendront pas. Et pour cause, mardi, la Russie s’est opposée à ce que la Tchéquie, par la voix de son représentant au Conseil, prenne la parole pour dénoncer les frappes meurtrières de lundi qui ont visé plusieurs villes d’Ukraine dont la capitale, Kyiv, où un hôpital pour enfants notamment a été pris pour cible.

Face au refus de la Russie d’autoriser la Tchéquie à s’exprimer sur le sujet au Conseil, le ministre des Affaires étrangères tchèque, Jan Lipavský, a annoncé convoquer l’ambassadeur russe à Prague au Palais Černín pour lui remettre la version écrite de l’allocution tchèque jamais prononcée avant d’ajouter que “les meurtriers qui attaquent les enfants dans les hôpitaux sont la lie de l’humanité.”

L’ambassadeur russe à Prague, Alexander Zmeyevskiy, a répondu à la convocation. Au ministère des Affaires étrangères tchèque, il a remis en échange les communiqués du ministère de la Défense et des Affaires étrangères russes qui en de pareilles circonstances invoquent les mêmes arguments selon lesquels la Russie ne cible que des infrastructures d’intérêt militaire et que la destruction de l’hôpital pour enfants à Kyiv est le fait d’un missile de la défense antiaérienne ukrainienne.

Selon la représentante du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme en Ukraine, Danielle Bell, il est pourtant “fort probable” que la frappe ayant visé l’hôpital pédiatrique de Kyiv soit un “tir direct” de missile russe. Le réputé site d’investigation Bellingcat, qui a analysé les images de l’attaque, aboutit à la même conclusion et avance que le projectile ayant détruit l’hôpital est un missile de croisière russe Kh-101.

Marioupol | Photo: Ministry of Defense of Ukraine/Wikimedia Commons,  CC BY 4.0 DEED

Au cours des dernières années, la Russie a été à plusieurs reprises accusée de viser à dessein des infrastructures médicales, et ce, en dépit des conventions internationales censées garantir la sanctuarisation de ces lieux en période de guerre. Les images de la maternité bombardée de Marioupol en mars 2022 avaient fait le tour du monde. Quelques années plus tôt, la Russie avait également été pointée du doigt pour avoir visé des installations médicales en Syrie, dans les zones contrôlées par les rebelles au régime.

Le sommet de l’OTAN à Washington | Photo: Evan Vucci,  ČTK/AP

Concernant les frappes de lundi, elles interviennent à un moment crucial pour l’Ukraine, alors que se tient actuellement le sommet de l’OTAN à Washington et que l’avenir de l’aide à apporter à Kyiv y est discuté.

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