A Prague, des chiens entraînés à reconnaître le coronavirus
Les douanes tchèques entraînent actuellement six chiens à détecter le Covid-19. Capables de reconnaître les personnes porteuses du virus grâce à leur odorat, ces chiens pourraient être déployés dans les aéroports ou les maisons de retraite en début d’année prochaine.
En tchèque, le mot « Pes » désigne un chien. Depuis lundi, PES est aussi le nom du nouveau mode d’emploi qui permettra de lever les mesures de restriction ou, au contraire, de les renforcer en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays jusqu’à la fin de cette année.
« Je pense que ce nouveau système devrait avoir un nom pour que nous puissons nous référer à quelque chose de concret, a expliqué le ministre de la Santé. Ce sera notre chien de garde – ‘pes’ pour ‘protiepidemický systém’ – système antiépidémique. »
Cette annonce de Jan Blatný est intervenue alors que les chiffres de ces derniers jours, pour le nombre de nouveaux cas de contaminations comme pour le taux de reproduction du virus repassé en-dessous de 1, laissent à penser que la propagation du coronavirus ralentit en République tchèque. Sur ce point, tout en reconnaissant que les restrictions commençaient « incontestablement » à produire leur effet, le ministre a prévenu qu’il convenait de rester prudent et de ne pas tirer de conclusions trop hatives. Il a ainsi rappelé que le taux de positivité des tests de dépistage restait toujours supérieur à 25%.
S’ils ne font pas partie de ce nouveau système PES qui servira donc de « chien de garde » présenté aux médias lundi, des chiens contribueront néanmoins peut-être prochainement à dépister le coronavirus en République tchèque.
Six chiens, déjà habitués à reconnaître stupéfiants, psychotropes, armes, explosifs ou encore billets de banque, sont entraînés dans un hall situé à proximité de l’aéroport de Prague. Pour leurs instructeurs, comme l’explique Lenka Dyntarová, de l’Administration douanière, ce travail de formation spécifique au coronavirus est identique à celui mené dans tout autre apprentissage de recherche utilitaire, simplement cette fois à l’aide d’échantillons provenant de prélèvements réalisés sur des patients positifs au Covid-19 dans un hôpital de Prague :
« Là par exemple, je place un nouveau bout de tissu imprégné de sueur humaine et infecté dans une des boîtes métalliques et je récompense le chien quand il s’y intéresse. Le but est qu’il se couche ou aboie précisément devant ce morceau de tissu, qu’il reconnaisse que c’est la trâce olfactive que nous recherchons. Et quand j’acquiers la certitude qu’il remplit sa mission, je peux rendre l’exercice plus complexe en plaçant des leurres dans les autres boîtes auxquels je ne souhaite pas qu’il s’intéresse. »
Comme par exemple dans le cadre d’un projet-pilote mené depuis septembre dernier à l’aéroport d’Helsinki, où des chiens sont entraînés à renifler des passagers, ce dépistage olfactif doit permettre de compléter les mesures de détection déjà appliquées à l’arrivée des voyageurs. Les passagers suspectés d’être contaminés auront ensuite pour instruction de se soumettre à un test pour confirmer le résultat.
Si certains de ces chiens pisteurs en République tchèque sont en service depuis plusieurs années avec un taux de fiabilité très élevé, d’autres en revanche sont plus jeunes. Parmi eux figurent des malinois, des bergers allemands, deux races réputées pour exceller dans cette discipline toutefois naturelle pour tous les chiens, mais aussi des croisés.
Au-delà de son intérêt dans les aéroports, le projet, développé encore dans d’autres pays comme l’Allemagne ou la France, a pour but également de développer le flair de l’animal de manière à ce que celui-ci devienne capable de distinguer les échantillons de personnes saines de ceux provenant de personnes porteuses du virus, comme cela se pratique déjà pour certaines maladies comme le cancer.
Les recherches menées à l’université d’Helsinki sur ce point ont permis d’établir que les chiens détectaient la maladie cinq jours avant l’apparition des symptômes cliniques chez les patients. Bien que le virus ne possède pas d’odeur particulière, les personnes qui en sont porteuses sécrètent des molécules spécifiques dans les airs. L’équivalent d’un parfum que le chien peut donc apprendre à reconnaître chez les patients comme chez les asymptomatiques.
Ainsi, le recours aux chiens permettrait de réduire les délais encore souvent trop longs pour l'obtention d'un test dépistage fiable, en particulier chez les cas suspects et les contacts. Un intérêt évident en République tchèque où, depuis peu, le dépistage du Covid-19 sur les résidents et le personnel de toutes les maisons de retraite et autres centres de soins pour personnes âgées dépendantes est devenu systématique.