A Prague, Igor Matovič a annoncé la réouverture complète des frontières
La tradition a été respectée. Pour son premier voyage officiel à l’étranger depuis sa prise de fonctions en mars dernier, le Premier ministre slovaque s’est rendu en République tchèque mercredi. La visite à Prague d’Igor Matovič a été marquée essentiellement par l’annonce de la réouverture totale des frontières entre les deux pays ainsi qu’avec l’Autriche.
Depuis ce jeudi, Tchèques, Slovaques et Autrichiens peuvent de nouveau voyager dans chacun des trois pays librement, sans plus donc la moindre restriction. Igor Matovič, qui a remporté les élections législatives en février dernier et dont tous les membres du gouvernement qu’il dirige étaient masqués et même gantés lorsqu’ils ont prêté serment le 23 mars, n’a pas caché sa fierté de pouvoir faire part de la décision prise deux jours plus tôt à Bratislava précisément à Prague :
« C’est vrai, j’ai dit que cela était un cadeau, mais je voulais surtout que cela reste une surprise et je suis content qu’Andrej Babiš ait respecté ma volonté que les gens ne l’apprennent pas avant ma venue à Prague. Lundi, j’ai reçu le feu vert de notre excellente équipe d’épidémiologistes et d’experts grâce à laquelle la Slovaquie est le pays en Europe qui présente les meilleurs résultats au niveau sanitaire dans la lutte contre le coronavirus. Ils m’ont confirmé que nous pouvions rouvrir les frontières. J’ai aussitôt transmis l’information à Andrej Babiš de façon à ce que nous puissions en faire l’annonce ensemble. Je suis très heureux de pouvoir contribuer de la sorte à la relance des excellentes relations entre la Tchéquie et la Slovaquie. »
Depuis la semaine dernière et jusqu’à ce jeudi, seuls onze postes-frontières permettaient de passer d’un pays à l’autre, avec pour les Tchèques se rendant en Slovaquie l’interdiction d’y séjourner plus de quarante-huit heures. Par ailleurs, les Slovaques – très nombreux - qui vivent en République tchèque sans titre de séjour avaient l’obligation de respecter une mise en quarantaine de quatorze jours dès lors qu’ils pénétraient sur le territoire de leur pays d’origine. Une situation qui, de facto, les empêchait par exemple de rendre visite à leurs familles.
Cette réouverture après donc près de trois mois de fermeture est d’autant plus symbolique qu’en mars dernier, encore au tout début de la crise, alors que seuls quelques cas de contamination au Covid-19 étaient encore recensés en République tchèque et en Slovaquie, les deux pays avaient été très critiqués pour avoir été les tout premiers au sein de l’Union européenne à fermer leurs frontières à double tour et à s’isoler de leurs voisins et du reste du monde.A l’heure de relancer l’activité économique et à l’approche des vacances estivales, le Premier ministre tchèque Andrej Babiš s’est donc lui aussi naturellement félicité de cette décision et du nouveau rapprochement avec le pays dans lequel lui-même est né :
« La Slovaquie est le deuxième pays dans lequel nous exportons le plus, après l’Allemagne. Mais la Slovaquie n’est pas une destination privilégiée seulement pour nos produits. Elle l’est aussi bien sûr pour les gens. Après la Croatie, la Slovaquie est le deuxième pays aussi dans lequel les touristes tchèques voyagent le plus (720 000 visiteurs par an). »
Dans la réalité, des contrôles demeurent à la frontière du côté slovaque. Mais Andrej Babiš affirme avoir demandé à son homologue à ce que les policiers slovaques n’arrêtent plus les voitures immatriculées en République tchèque. « Le Paradis slovaque et les Tatras attirent les Tchèques, nous serons heureux de vous recevoir », lui a répondu un Igor Matovič reçu également par le président Zeman et les chefs des deux chambres du Parlement, et qui pour le reste s’est montré très classique dans les déclarations d’usage :
« Nous avons l’avantage d’avoir deux langues très proches l’une de l’autre. C’est une chance que nous avons héritée de nos ancêtres. Mais notre proximité va bien au-delà du simple aspect linguistique. Beaucoup d’autres choses rapprochent Tchèques et Slovaques et je pense que l’on peut même dire que nous sommes des frères. »
Initialement, il était prévu que les frontières entre les deux pays rouvrent à la mi-juin. Mais l’évolution positive de la situation, l’avancement rapide du processus de déconfinement et l’annonce faite parallèlement par l’Autriche de supprimer les contrôles à ses frontières à l’exception de celles avec l’Italie, ont accéléré les choses un peu plus encore.