A Prague, Marine Le Pen a prêché son discours antieuropéen à ses disciples tchèques

Marine Le Pen, photo: ČTK

Omniprésente dans les médias français ces derniers temps, Marine Le Pen a tenu une place relativement importante dans les médias tchèques également ces deux derniers jours. A Prague mardi et mercredi, la présidente du Front national (FN) a participé à une conférence sur « l’avenir de l’Europe après l’Union européenne » et rencontré l’ancien président antieuropéen Václav Klaus. Même si l’immense majorité des politiques locaux se sont distancés de sa visite, celle qui est présentée par les journalistes tchèques comme la possible prochaine présidente française en 2017 a néanmoins confirmé lors de son passage à Prague qu’elle exerçait une fascination certaine partout où elle passait.

Marine Le Pen a participé à une conférence sur « l’avenir de l’Europe après l’Union européenne »,  photo: ČTK
Mais que venait donc bien faire Marine Le Pen dans la capitale tchèque ? Initialement prévue en avril avant d’être reportée, la visite de l’une des figures politiques européennes actuelles les plus sulfureuses a été organisée par un ancien député du parti populiste Úsvit (L’Aube de la démocratie directe), une des quatre formations de l’opposition à la Chambre des députés, et le chef de l’obscur Parti civique conservateur (OKS), qui n’a recueilli que 0,22% des suffrages lors des dernières élections européennes en République tchèque. Deux mouvements qui, comme le parti nationaliste flamand Vlaams Belang également représenté à Prague mercredi, affichent clairement leurs postions antieuropéennes, et c’est d’ailleurs pour cette raison que Marine Le Pen a répondu à leur invitation, comme elle l’a confié au micro de Radio Prague :

Marine Le Pen,  photo: ČTK
« Nous avons constitué un parti politique européen qui s’appelle Le Mouvement pour une Europe des nations et des libertés et nous travaillons à trouver dans chacun des pays d’Europe des mouvements politiques qui défendent la vision qui est la nôtre de la liberté, de la souveraineté, de la défense de l’identité, et qui ont les mêmes reproches à faire à l’égard de l’Union européenne. Nous renforçons donc ce parti politique européen qui rassemble déjà des forces puissantes avec le FN, le Parti de la liberté d’Autriche, la Ligue du Nord ou le Parti pour la liberté de Geert Wilders, et aujourd’hui nous avons l’occasion de venir faire signer notre ami Janeček (Jiří Janeček, président de l’OKS, ndlr) qui est déjà venu aux congrès du FN et qui est lui-même en train d’organiser une plateforme patriotique de rassemblement en République tchèque. C’était donc l’occasion de démontrer, une fois de plus, y compris au niveau européen, que nous sommes en pleine dynamique. »

Tomio Okamura avec Marine Le Pen,  photo: ČTK
Avec notamment l’ancien président du parti Úsvit, le controversé homme d’affaires tchéco-japonais Tomio Okamura, le FN s’associe avec un personnage dont le discours est ouvertement islamophobe et anti-Rom (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/apres-les-roms). Un « détail » qui, apparemment, ne contrarie pas Marine Le Pen :

« Mon objectif n’est pas d’imposer un programme politique commun à chaque pays, mais de déterminer si nous sommes d’accord sur les fondamentaux par rapport à l’UE. Objectivement, j’ai déjà eu à répondre à cette question avec Geert Wilders qui, à mon avis, est beaucoup plus sévère à l’égard de l’islam que ne peut l’être M. Okamura. Nous avons sur certains sujets des visions divergentes, et la souveraineté que je défends précisément nécessite de respecter ces divergences. Mais par rapport à l’UE, par rapport aux maux qui touchent nos pays, nous avons une vision commune, et ceci nous suffit. »

Accueillie dans un Parlement tchèque vide de ses députés, Marine Le Pen a donc fait partager ses idées antieuropéennes à un auditoire déjà convaincu, qualifiant l’UE de « projet dangereux et utopique » et tout juste chahutée l’espace de quelques secondes par une dizaine de jeunes manifestants munis de pancartes portant des inscriptions l’invitant à rentrer chez elle et la qualifiant de « fasciste ».

La veille, mardi soir, c’est autour d’une bière et dans une atmosphère visiblement plus décontractée, selon les photos mises en ligne sur son compte twitter, que Marine Le Pen avait rencontré le plus célèbre des antieuropéens tchèques, l’ancien président Václav Klaus. La présidente du FN lui a promis de l’inviter prochainement en France pour un rassemblement de son parti et ainsi réparer ce qu’elle estime être « une injustice », Václav Klaus n’ayant jamais été invité officiellement par l’Elysée durant ses deux mandats au Château de Prague entre 2003 et 2013.