A Prague, Norbert Hofer veut renforcer le rôle de l’Europe centrale au sein de l’UE

Miloš Zeman et Norbert Hofer, photo: ČTK

Candidat à la présidentielle autrichienne pour le parti nationaliste FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), Norbert Hofer a été reçu avec tous les honneurs au Château de Prague, lundi, par le président tchèque, Miloš Zeman. Une visite controversée dans le contexte de la crise migratoire qui a notamment permis aux deux hommes, que tout semble pourtant séparer, d’évoquer le renforcement du rôle de l’Europe centrale au sein de l’Union européenne. L’idée d’une « union à l’intérieur de l’Union », dixit Hofer, a ainsi été évoquée dans une atmosphère qu’il a qualifiée de « formidable ».

Miloš Zeman et Norbert Hofer,  photo: ČTK
Mais de quoi donc Miloš Zeman et Norbert Hofer pourront-ils bien discuter ensemble ? C’est la question qu’un commentateur de la Radio tchèque se posait en fin de semaine dernière. Certainement pas d’énergie nucléaire, que le président tchèque soutient catégoriquement. C’est d’ailleurs sous son gouvernement que la centrale de Temelín, qui fait tant râler en Autriche, a été mise en service. Pas plus du règlement de la toujours délicate question des Allemands des Sudètes. A leur propos, Miloš Zeman, là aussi lorsqu’il était encore Premier ministre, avait affirmé qu’il les considérait comme « la cinquième colonne d’Hitler », tandis que Norbert Hofer, lui, continue de réclamer l’abolition des décrets dits Beneš ; ces décrets ont permis l’expropriation et l’expulsion des Allemands des Sudètes de Tchécoslovaquie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.

Non, si Norbert Hofer a été accueilli presque comme un chef d’Etat au Château de Prague, c’est essentiellement pour parler d’un sujet particulièrement sensible dans tous les pays d’Europe centrale ces deux dernières années. « Le thème central des échanges a été la problématique de la migration et les questions européennes qui s’y rattachent et sur lesquelles les deux politiques ont des positions identiques », a confirmé le porte-parole du président tchèque, Jiří Ovčáček.

Hynek Kmoníček,  photo: ČT24
Autre personnage proche de Miloš Zeman, le directeur du département en charge des affaires étrangères au Château de Prague, Hynek Kmoníček a pour sa part rejeté l’accusation selon laquelle le président tchèque, à travers la réception de Norbert Hofer, s’immisçait dans l’élection autrichienne, dont le « deuxième second tour » sera probablement reporté à décembre, et manifestait son soutien à un des deux candidats à la présidence :

« Si cela était le cas, l’Autriche protesterait. Monsieur le président Zeman a déjà exprimé ses sympathies. Il a dit une fois qu’il avait certains doutes concernant Alexander van der Bellen. Ces doutes sont en grand partie liées au fait que monsieur le président n’est pas un grand sympathisant des partis écologistes. Or, même s’il se présente désormais en tant que candidat indépendant, monsieur van der Bellen a été initialement le président d'un de ces partis. »

A l’heure où le groupe de Visegrád, qui réunit la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, souhaite défendre une position commune aux quatre pays et avoir un droit de parole plus important dans la gestion des affaires européennes, l’Autriche verrait d’un bon œil un rapprochement avec ses voisins.

Nobert Hofer,  photo: ČTK
« Nous avons évoqué la possibilité et notre volonté de donner à l’Europe centrale une voix plus forte dans le cadre de l’UE », n'a pas caché Nobert Hofer. Celui qui, en cas de victoire, deviendra le premier président d’extrême droite en Europe depuis 1945, affirme que tous ces pays possèdent une histoire commune et un mode de discussion et de traitement semblable de certains thèmes...

Et même si Norbert Hofer a reconnu que la centrale de Temelín constituait bien « un problème pour nous » dans les relations entre Vienne et Prague, cela n’a pas empêché le porte-parole du président Zeman de confirmer que le projet d’« union dans l’Union » évoqué lundi répondait à l’idée que l'on se fait en Europe centrale d’un élargissement du groupe de Visegrád à ce qu’il a appelé un « Visegrád plus ».