Les politiques tchèques sont majoritairement satisfaits de l’échec de Norbert Hofer en Autriche

Norbert Hofer et Alexander Van der Bellen, photo: ČTK

Norbert Hofer ne sera pas le nouveau président autrichien et, comme nombre de leurs collègues un peu partout en Europe, c’est un « ouf » de soulagement qu’ont poussé la majorité des politiques tchèques dimanche. Mais si l’élection d’Alexander Van der Bellen a été saluée, c'est d'abord parce qu’elle a empêché la victoire du candidat d’extrême droite.

Norbert Hofer et Alexander Van der Bellen,  photo: ČTK
En septembre dernier, c’est très officiellement que Norbert Hofer avait été reçu par le président tchèque au Château de Prague. A l’époque, et comme il avait également manifesté sa préférence pour Donald Trump aux Etats-Unis, Miloš Zeman n’avait pas caché son soutien au candidat du parti nationaliste FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche). Le chef de l’Etat appréciait les positions de Norbert Hofer notamment en ce qui concerne la question toujours très délicate en Europe centrale de la migration ou celle du renforcement du rôle d’un groupe de Visegrad qui aurait été élargi à l’Autriche au sein de l’Union européenne ; « une union dans l’Union » comme cela avait alors été évoqué par les deux hommes, et critiqué par le gouvernement.

Dimanche, Miloš Zeman a été l’un des rares, sinon l’unique, politiques tchèques à ne pas réagir à l’annonce de la victoire d’Alexander Van der Bellen. Bien que le candidat écologiste se soit assez nettement imposé avec un peu plus de 53% des suffrages, le président tchèque a fait savoir, par la voix de son porte-parole, qu’il attendrait les résultats définitifs avant de s’exprimer. Mais, c’est bien connu, le silence en dit parfois plus long qu’un long discours… En tous les cas, lundi midi, c’était toujours le silence radio du côté du Château de Prague.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
La réaction du chef du gouvernement, elle, a singulièrement tranché avec celle de Miloš Zeman, et d’abord parce qu’elle ne s’est pas fait attendre. « Je félicite chaleureusement et avec une grande joie personnelle Alexander Van der Bellen pour sa victoire à l’élection présidentielle et je me réjouis de la bonne coopération entre voisins [qui nous attend] », s’est ainsi enthousiasmé le social-démocrate Bohuslav Sobotka dans un message posté sur Twitter.

« La gauche européenne célèbre », titrait d’ailleurs lundi matin Mladá fronta Dnes, le quotidien d’information générale le plus lu en République tchèque. A l’exception de Právo, qui a préféré une photo grand format de la biathlète Gabriela Koukalová vainqueur d’une épreuve de Coupe du monde en première page, tous les journaux nationaux montrent celui que Lidové noviny présente comme « Le souverain vert de la Hofburg » en une. « Les Autrichiens ont choisi un président modéré », annonce très sobrement Hospodářské noviny. « Ils ont refusé Hofer. Y compris au deuxième essai », peut-on lire encore à l’intérieur du quotidien économique.

Lubomír Zaorálek,  photo: Archives de MZV ČR
« Pour la deuxième fois, et définitivement je l’espère, je félicite Alexander Van der Bellen et je suis bien entendu satisfait que ce soit lui », a pour sa part indiqué le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek. Pour Miroslav Kalousek, leader du parti de droite TOP 09 et représentant de l’opposition, « les Autrichiens se sont prononcés en faveur de l’Europe. […] Ils n’ont pas tenu à ce que leur qualité de membre de l’UE soit mise en doute ». Quant à l’ancien ministre en charge des droits de l’homme Jiří Dientsbier, il s’est lui aussi félicité de ce qu’il affirme être « une bonne nouvelle » en déclarant espérer « que le populisme d’extrême droite incarné par Zeman perdra chez nous aussi ».

Vojtěch Filip,  photo: Tomáš Adamec,  ČRo
Toutefois, et même si aucun d’entre eux ne va aussi loin qu’une Marine Le Pen en France par exemple, il y a aussi d’autres politiques tchèques qui sont moins ravis. Qu’il s’agisse de Petr Fiala, leader du parti civique démocrate ODS, l’autre principale formation de droite en République tchèque, qui aurait préféré voir Norbert Hofer à la tête du pays voisin, ou même de Vojtěch Filip et du Parti communiste, tous deux soulignent qu’il convient de « respecter le choix des électeurs autrichiens ».« La répétition de l’élection n’a pas modifié le résultat du premier scrutin, elle n’a fait que diviser encore un peu plus la société [autrichienne], note néanmoins Vojtěch Filip. Le nouveau président aura beaucoup de travail pour assurer une approche commune de l’Autriche sur les nouveaux problèmes de l’Europe », conclut-il. Ce à quoi les partisans d’Alexander Van der Bellen pourront toujours rétorquer qu’il n’en aurait certainement pas été autrement si Norbert Hofer l’avait emporté...