A Prague, une exposition met à l’honneur Alfons Mucha et l’artiste contemporain Pasta Oner
Quels sont les parallèles entre l’œuvre du grand maître de l’Art nouveau Alfons Mucha et de Pasta Oner, un des artistes tchèques les plus reconnus dans les domaines du graffiti et du pop art ? Cette question constitue le fil rouge de l’exposition intitulée « Elusive Fusion » (Fusion insaisissable) qui vient d’être ouverte au Musée Kampa, à Prague. Elle présente notamment une vingtaine d’affiches de Mucha, ainsi que sa peinture grand format et rarement exposée, créée pour le pavillon de la Bosnie-Herzégovine à l'Exposition universelle de Paris en 1900.
Un siècle sépare les deux artistes mis à l’honneur par le Musée Kampa, fascinés tous les deux par l’univers des marques de luxe, l’élégance, la beauté et le visage féminin. Pasta Oner, âgé de 40 ans, s’est fait connaître du grand public il y a quelques années de cela, pour avoir investi, avec d’autres artistes de street art, les murs des stations du métro pragois. Le fait que ces peintures soit associées dans cette expositions aux œuvres d’Alfons Mucha constitue pour lui une surprise, agréable, mais inattendue, d’autant plus que l’artiste emblématique de de la Belle Epoque ne lui était pas particulièrement proche :
« Je ne m’étais jamais particulièrement intéressé à l’œuvre d’Alfons Mucha, je n’ai pas une seule monographie de lui chez moi, bien que j’apprécie son travail. Je ne l’ai véritablement découvert qu’en préparant cette exposition. Surtout, j’ai appris à reconnaître ses travaux, ce qui n’est pas toujours évident, car il a adopté une multitude de techniques et d’approches. Je crois que cette exposition qui associe nos travaux présente une expérience visuelle unique pour les visiteurs du Musée Kampa. En lisant les textes qui accompagnent les œuvres, il peut s’amuser à découvrir les parallèles entre elles. »
Commissaire de l’exposition, Karel Srp explique pourquoi il a choisi de mettre en vis-à-vis des œuvres d’Alfons Mucha et de Pasta Oner :
« Ces deux artistes ont beaucoup de choses en commun, notamment leur intérêt pour la publicité, mais en même temps, de nombreuses choses les séparent. Cela est dû au fait qu’ils ont, chacun de leur côté, leur univers imaginaires. Ils s’inspirent tous les deux de la réalité, mais celle-ci est transformée en fiction et cette fiction est porteuse du message de l’œuvre. Nous le voyons très bien en comparant une peinture célèbre de Mucha que nous exposons, à savoir ‘La période romaine - L'arrivée des Slaves’ avec une œuvre de Pasta Oner qui se trouve en face et qui a pour thème le conflit entre les mondes antique et moderne. »
Conservée au Musée des arts décoratifs de Prague, la toile monumentale intitulée ‘La période romaine - L'arrivée des Slaves’, qui a décoré, en 1900, le pavillon de la Bosnie-Herzégovine à l'Exposition universelle de Paris, est considérée comme un prélude à la célèbre Epopée slave de Mucha.
Le Musée Kampa expose également une sélection de ses affiches, provenant de la collection de la star du tennis tchécoslovaque puis américain, Ivan Lendl. La fondation Richard Fuxa qui gère cette collection, devenue au fil des années la plus importante du genre au monde, prépare une autre exposition d’affiches d’Alfons Mucha qui devrait ouvrir ses portes dans quelques semaines à Prague. On écoute Richard Fuxa :
« La collection rassemblée par Ivan Lendl est devenue un véritable phénomène dans le monde des arts plastiques. Installé aux Etats-Unis, Ivan Lendl a tenu à se procurer un exemplaire de chaque affiche créée par Mucha. Cette collection inédite a été présentée pour la première fois en 2013 à la Maison municipale de Prague. Ensuite, elle a fait le tour du monde et cet été, elle sera de retour en République tchèque. Enrichie par des projections numériques, elle devrait être inaugurée le 21 août prochain à la Maison municipale. »
L’exposition Alfons Mucha - Pasta Oner est à voir, quant à elle, au Musée Kampa jusqu’au 25 octobre prochain.