A Rouen, le festival de d’Europe centrale et orientale veut « sortir les gens des sentiers battus »
Du 3 au 8 mars, la Normandie fait son cinéma avec la 15eme édition du festival du film d’Europe centrale et orientale. D’Un certain silence de Michal Hogenauer, en compétition, à la rétrospective sur Miloš Forman en passant par La fille de Daria Kashcheeva, le cinéma tchèque est bien représenté dans un programme qui compte aussi des productions slovaques, slovènes, polonaises ou bulgares. David Duponchel, directeur artistique du festival, a détaillé au micro de Radio Prague Int. les moments forts de la programmation 2020. Mais avant cela, il est revenu sur la longévité d’un festival qui s’exporte outre-Atlantique, avec plusieurs éditions en Amérique du Sud.
« C’est grâce à la synergie des équipes des quatre festivals que celui-ci peut se faire. On se divise les tâches. L’affiche vient de Lima tout comme une partie de la programmation, tout ce qui est logistique vient de France. Il y a aussi la collaboration des gens en Argentine et Colombie. Cela permet de faire que le festival survive. »
A côté du festival du cinéma tchèque et slovaque de Paris, A l’Est est un événement pionnier pour la promotion du cinéma tchèque à l’étranger. Cette année, la programmation s’enrichit notamment d’une rétrospective sur le réalisateur américain d’origine tchèque Miloš Forman, un des moments phare du festival :
« C’est une rétrospective que je vais faire tourner dans les différents festivals. Elle a commencé en Colombie, on vient en France puis elle ira au Pérou. Miloš Forman, c’est une cinéaste que j’adore, que j’ai découvert à la FAMU (l’Ecole de cinéma de Prague, ndlr) avec ses films tchécoslovaques. Puis, il y a un lien avec les films de Godard, de la nouvelle vague où il me semble qu’il y a un tremplin. On va présenter deux films de son époque américaine. Il y a un public important de cinéphiles, c’est pour ça que Forman est un petit peu une locomotive. Ça permet aux spectateurs de se reconnaitre dans le cinéma d’Europe centrale et orientale. »
Le cinéma tchèque a récemment été à l’honneur avec La fille de Daria Kashcheeva nominé aux Oscars, que l’on retrouve dans la programmation d’A l’Est. Quand on dit cinéma tchèque, on pense aussi à la longue tradition de l’animation, comme en témoigne la présence du moyen-métrage Pat et Mat,les célèbres deux bricoleurs maladroits, de Marek Beneš qui vise un public jeune.
« Le festival, c’est à peu près 5 000 enfants qui viennent voir des films tchèques, d’animation, des films polonais et ça c’est quelque chose d’assez remarquable. »Pour sa 15e édition, le festival propose enfin un éclairage sur le cinéma punk, un rapport a priori peut-être lointain, mais justifié avec le cinéma d’Europe centrale et orientale.
« Le cinéma punk a existé en Allemagne de l’Est, en Biélorussie. C’est l’image du festival "à l’est", un festival anticonformiste, antisystème. L’idée, c’est de sortir un petit peu les gens des sentiers battus. »
Et pour faire sortir les gens des sentiers battus, rien ne vaut en effet la découverte d’autres horizons cinématographiques loin des habituels blockbusters made in USA. Pour David Duponchel, l’intérêt de cette rencontre repose aussi sur la pluralité du public attendu, venu chercher autre chose :
« Il y a une importante communauté polonaise qui vient voir les films polonais, il y a beaucoup plus de mouvements, beaucoup plus d’étudiants Erasmus. On vise aussi un public rural, ce qui pour moi c’est important. Justement, on va projeter Au feu, les pompiers ! (Miloš Forman, 1967) qui est un film où les gens des alentours peuvent se retrouver. »