Oscars 2020 : la Tchéquie représentée par deux femmes à Hollywood
En route pour les Oscars : Dcera (La Fille), de la réalisatrice russe Daria Kashcheeva, étudiante à la FAMU à Prague, a été sélectionné pour les Oscars 2020 par l’Académie des arts et sciences du cinéma, dans la catégorie du meilleur court-métrage d’animation. Un succès renouvelé pour ce film qui a déjà remporté l’Oscar étudiant et le Cristal du meilleur film de fin d’études au dernier festival d’Annecy. Une cheffe décoratrice tchèque est également en lice pour remporter la prestigieuse statuette.
Les Oscars 2020 seront peut-être enfin ceux d’un succès tchèque, vingt-trois ans après celui du film Kolya, de Jan Svěrák, reparti avec la statuette du meilleur film étranger. Cette année, ce ne sera en tout cas pas dans cette catégorie puisque le film choc « Nabarvené ptáče » (The Painted Bird) de Václav Marhoul, pourtant remarqué dans les festivals et présélectionné par l’académie américaine, n’a finalement pas été retenu dans la course au prix.
C’est du côté de deux catégories certes moins en vue mais pas moins honorables que la République tchèque a des chances de se distinguer cette année. Et notamment parce qu’il s’agit de catégories dans lesquelles le pays est connu pour être un vivier de talents : l’animation et les décors.
L’animatrice russe Daria Kashcheeva a étudié à la FAMU, l’école de cinéma de Prague dont la réputation n’est plus à faire. En octobre dernier, son film Dcera avait déjà remporté l’Oscar étudiant, troisième film dans l’histoire du cinéma tchèque à avoir reçu ce prix.
« A la veille de mon examen, j’ai reçu un coup de fil de Los Angeles. On m’annonçait que j’avais reçu l’Oscar étudiant ! Evidemment, cela a été une immense joie. Déjà, j’étais heureuse d’avoir été nominée. A vrai dire, je ne m’attendais pas à gagner, je ne pensais pas qu’un film de marionnettes puisse être autant remarqué en Amérique, où on préfère généralement l’animation 3D et le numérique. »
La cérémonie de remise des prix dira si les académiciens auront été sensibles, eux aussi, à l’histoire émouvante d’une relation père-fille, et à la technique d’animation bluffante du film Dcera, où les marionnettes de papier mâché ont été filmées comme des acteurs vivants :« Avoir la caméra à l’épaule a donné au film l’ambiance que j’avais imaginée. Quand je vois une fiction ou un documentaire tourné de cette manière, j’ai l’impression d’être vraiment ‘dans l’histoire’. Cela permet aux spectateurs d’être au plus près des personnages, de peut-être s’identifier avec eux. J’ai voulu procéder de la même manière en tournant un film d’animation. Evidemment, c’est une technique compliquée et lente, mais ça valait le coup, je pense. »
Une technique compliquée et lente qui a nécessité un an et demi de production pour un résultat d’une quinzaine de minutes… Cette nomination est également un joli succès pour Maur Film, la société de production tchèque par ailleurs à l’origine de nombreux projets franco-tchèques originaux, qui peut se targuer d’un flair sans pareil pour les talents.
Outre le film de Daria Kashcheeva, c’est dans la catégorie des décors qu’on peut espérer un autre succès tchèque : la cheffe décoratrice Nora Sopková a en effet été nominée pour le film Jojo Rabbit du réalisateur néo-zélandais Taika Waititi. Cette satire mettant en scène la relation entre un jeune garçon de 10 ans et son ami imaginaire, Adolf Hitler, a été entièrement tournée en République tchèque : la ville de Žatec a notamment servi de décor, tandis que les studios Barrandov à Prague ont également servi au tournage de nombreuses scènes du long-métrage, par ailleurs nominé dans la catégorie du Meilleur film.Rendez-vous le 9 février prochain, à Hollywood, pour le verdict final et pour savoir si une nouvelle statuette d’or traversera l’Atlantique en direction de la République tchèque.