Adoptions internationales : 700 enfants tchèques adoptés par des familles à l’étranger depuis 22 ans

Chaque année, une trentaine d’enfants tchèques sont adoptés à l’étranger, principalement au Danemark, en Allemagne, en Italie et dans les pays scandinaves. A l’inverse, le nombre d’enfants étrangers recueillis par des Tchèques est extrêmement bas : en 2019, seuls cinq enfants originaires de Slovaquie, de Russie et du Congo ont été placés dans des familles tchèques.

En République tchèque, les couples candidats à l’adoption souhaitent, dans la plupart des cas, accueillir un nourrisson. Des enfants plus âgés et notamment ceux qui ont des besoins spécifiques, ont peu de chance de trouver une famille d’accueil. De même, de nombreux enfants abandonnés restent en institution à cause de leurs origines ethniques, comme le reconnaît Zdeněk Kapitán. Il dirige l’Office pour la protection juridique internationale des enfants (Úřad pro mezinárodněprávní ochranu dětí), institution basée à Brno qui sert de médiateur dans les processus d’adoptions d’enfants tchèques à l’étranger :

Zdeněk Kapitán | Photo: Jan Bartoněk,  ČRo

« Il s’agit souvent d’enfants de parents affectés d’une dépendance, qui présentent un syndrome d’alcoolisme fœtal. Notre client typique est un garçon âgé de quatre ans et originaire de la région d’Ústí nad Labem. Nous ne nous intéressons pas aux origines ethniques des enfants, mais il est vrai que les Roms prédominent parmi ceux que les familles adoptives tchèques ne veulent pas. »

Foyer d’enfants de Nepomuk | Photo: Site officiel de Dětský domov Nepomuk

Roms, handicapés ou malades, les enfants tchèques ont été près de 700, au cours des vingt-deux dernières années, à avoir trouvé une famille adoptive à l’étranger, notamment au Danemark (190), mais aussi en Allemagne, en Suède, en Espagne, en Autriche ou encore en Islande. Roman Suda est directeur du Foyer d’enfants de Nepomuk, près de Plzeň, en Bohême de l’Ouest. Son établissement a organisé le placement de deux enfants dans une famille installée dans le sud de l’Italie :

Roman Suda | Photo: Archives de Roman Suda

« Nous avons accueilli dans notre foyer deux enfants, frère et sœur, âgés de cinq et six ans. Au bout de neuf mois, nous avons été contactés par l’Office pour la protection juridique internationale des enfants qui avait trouvé pour eux une famille adoptive à l’étranger. Pendant plusieurs mois, nous avons préparé ces enfants pour le départ, tout en collaborant étroitement avec la famille d’accueil. Pendant cette période, les enfants ont appris les bases de l’italien. Nous sommes restés en contact avec leurs parents adoptifs italiens. Ils nous écrivent de temps en temps, pour nous dire que les enfants se portent bien. »

L’année dernière, vingt-deux enfants tchèques, seize garçons et six filles, âgés pour la plupart entre un et cinq ans, ont été adoptés par des familles à l’étranger. Zdeněk Kapitán précise :

« En 2021, nous avons réussi à placer dans des familles d’accueil à l’étranger plusieurs fratries. C’est très compliqué, du point de vue des enfants et des parents aussi. Accueillir plusieurs enfants demande beaucoup de patience et d’enthousiasme de leur part. Il est triste que des enfants tchèques ne puissent pas trouver de familles adoptives dans leur pays d’origine et restent dans des foyers. Nous sommes contents de pouvoir les aider. Placés dans une famille adoptive, ils ont de fortes chances de réussite dans leur vie professionnelle et privée. »

Foyer d’enfants de Nepomuk | Photo: Jan Markup,  ČRo Plzeň

Selon le chef de l’Office pour la protection juridique internationale des enfants, la République tchèque fait partie des pays aux critères d’adoption très stricts. En cas d’adoptions internationales, les règles sont, d’après lui, encore plus sévères que les conditions nationales de placement en famille d’accueil.

Photo illustrative: natik_1123,  Pixabay,  Pixabay License

En dépit du désintérêt des familles tchèques pour l’accueil d’enfants étrangers, l’Office a remarqué, depuis mars, un nombre croissant de demandes concernant les possibilités d’adoption d’enfants réfugiés non accompagnés en provenance d’Ukraine. Or, comme le remarque l’Office sur son site, dans ce cas précis, l’adoption n’est pas une bonne solution, la priorité des autorités étant de préserver l’intégrité des familles ukrainiennes et de retrouver au plus vite les proches des jeunes victimes de la guerre.

Auteurs: Magdalena Hrozínková , Zdeňka Trachtová
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