ADRA : de l’eau pour les réfugiés syriens au Liban

Le réservoir d’eau dans la région de la vallée de la Bekaa, photo: ADRA

Depuis trois ans, la branche tchèque de l’ONG internationale ADRA mène un projet humanitaire au Liban, pays qui connaît depuis 2011 un afflux important de réfugiés syriens. Ils sont nombreux à vivre dans la vallée de la Bekaa, au nord du Liban, dans des camps informels, souvent sans accès à l’eau potable. Avec le soutien du gouvernement tchèque, ADRA est en train de construire un deuxième réservoir d’eau dans la région.

Le réservoir d’eau dans la région de la vallée de la Bekaa,  photo: ADRA

Le Liban, ce petit pays de 4,4 millions d’habitants, accueille plus d'un million et demi de réfugiés syriens. La vallée de la Bekaa, qui jouxte la frontière avec la Syrie, compte plus de 360 000 réfugiés, dont la majorité a un accès à l’eau difficile. Pour améliorer leurs conditions de vie, l’ONG ADRA a construit, en 2019, un premier réservoir d’eau dans la région. Alžběta Kalábová qui s’occupe du projet s’est rendue à la fin de 2019 au Liban :

Alžběta Kalábová,  photo: ADRA
« L’objectif de ce projet est d’aider non seulement les réfugiés syriens, mais également les communautés locales : le Liban se trouve dans une situation économique difficile qui est devenue encore plus compliquée avec cet afflux massif de réfugiés. Mon collègue et moi, nous nous sommes rendus dans le village où ADRA a inauguré, en février 2019, un premier réservoir d’eau. Nous avons rencontré les représentants de la communauté qui se sont réjouis de cette aide. Un deuxième réservoir sera mis en marche un peu plus loin, au printemps. Il est construit par les travailleurs libanais, non pas par les Tchèques. C’est aussi une manière de soutenir les communautés locales. »

Le premier réservoir d’eau de 500 m³ a donc été construit à Taraya, une commune de 12 000 habitants située au pied du mont Liban, à une dizaine de kilomètres du célèbre site antique de Baalbek. Au total, les deux réservoirs devraient assurer l’accès à l’eau potable pour plus de 26 000 personnes.

Le succès de ce projet, financé par le ministère tchèque des Affaires étrangères, ainsi que par des dons de particuliers et d’entreprises, a encouragé ADRA à poursuivre son engagement dans la région. Alžběta Kalábová :

Photo: ADRA
« Dans le cadre de notre voyage au Liban, nous avons contrôlé le fonctionnement du premier réservoir et nous nous sommes rendus sur le chantier de construction du nouveau réservoir. Ensuite, nous avons parcouru la région pour identifier, en collaboration avec les autorités locales et avec ADRA Liban les endroits où nous pourrions intervenir. Nous en avons vu trois ou quatre dans la vallée de la Bekaa où l’approvisionnement en eau est très compliqué. Nous nous sommes aussi rendus dans les camps de réfugiés où ADRA distribue des produits hygiéniques. »

Au cours de son voyage au pays du cèdre, Alžběta Kalábová a pu observer de près le quotidien de quelques-uns des centaines de milliers de Syriens qui ont trouvé refuge dans la vallée de la Bekaa. Voici son témoignage :

« Un petit nombre de Syriens vivent dans les villes, où ils sont parvenus à louer une chambre dans une maison ou un appartement. D’autres vivent dans des abris collectifs, des squats en fait, c’est-à-dire dans des maisons inhabitées. Enfin, il y a ceux qui vivent dans des camps informels. Leur situation est la plus précaire, je dirais. Ce que ces réfugiés supportent très mal, ce sont les mauvaises conditions sanitaires, le fait qu’ils vivent dans des habitations de fortune, humides voire complètement inondées lorsqu’il pleut. Les enfants pataugent, pieds nus, dans la boue… C’est la désolation totale. »

Les réfugiés sont-ils nombreux à vouloir rentrer en Syrie ?

Photo: ADRA
« Ils voudraient bien et certains l’ont déjà fait, mais c’est très compliqué. En fait, il faut demander une autorisation que les autorités syriennes ne délivrent pas à tout le monde. Ces réfugiés n’ont presque pas de perspective d’une vie meilleure : ils n’ont pas de moyens pour aller ailleurs ni pour se construire une vie au Liban, pays qui leur est pourtant très proche linguistiquement et culturellement. En même temps, leur pays d’origine refuse de les accueillir… Ils sont dans une situation d’entre-deux. »

Si l’organisation ADRA apporte une aide humanitaire à la région, c’est toujours en collaboration avec des structures locales pour que les travailleurs et artisans sur place puissent eux aussi en tirer profit. Outre cela, elle mène, avec le soutien de l’Etat tchèque, différents projets en Syrie : actuellement, l’ONG y œuvre à la reconstruction de plusieurs écoles et installe un nouveau système de canalisation dans une commune près de Damas.