Affaire de l’alcool frelaté : les responsables devront répondre de la mort de 39 personnes
Même si le nombre de victimes mortelles semble s’être stabilisé à 39, l’affaire de l’alcool frelaté, qui a fait couler tant d’encre dans les médias et pas seulement tchèques à l’automne dernier, n’est pas close pour autant. Elle se poursuit néanmoins désormais plutôt à l’échelle policière et judiciaire. Tandis que l’enquête criminelle continue d’être menée, trente-deux personnes, dont cinq en détention provisoire, font déjà l’objet de poursuites en justice.
Le gros de l’enquête policière est mené dans les environs de Zlín, ville provinciale du sud-est de la Moravie mieux connue pour avoir été à l’origine de l’empire de la chaussure Baťa. Néanmoins, c’est dans l’ensemble de la région de la Moravie que l’alcool frelaté a été essentiellement distribué et a fait le plus de victimes. Si le nombre de morts s’est pour l’heure arrêté à 39 dans l’ensemble du pays, pas moins de 124 autres personnes ont également été plus ou moins gravement empoisonnées depuis l’éclatement du scandale, en septembre dernier. Selon la police, les accusés ont accepté de coopérer pour mener à bien l’enquête. Toutefois, sur les 15 000 litres de spiritueux suspectés d’être frelatés, une importante quantité n’a toujours pas été retrouvée, comme le confirme Jindřich Kučera, chef de l’équipe en charge de l’enquête à Zlín :
« Sans doute par crainte de sanctions, leurs distributeurs se sont débarrassés de l’alcool en s’efforçant de laisser le moins de pistes et de traces possibles. Concrètement, il devrait s’agir d’environ 5 000 litres qui ont été vidés dans les canalisations. »Selon le représentant du Ministère public chargé de veiller sur le dossier, celui-ci pourrait être envoyé au tribunal dans les quatre à cinq mois à venir et le procès être ouvert d’ici à un an.
Longtemps cantonnée à la République tchèque, l’affaire de l’alcool frelaté s’est également étendue ces dernières semaines à la Pologne voisine, où une dizaine de victimes ont été recensées. Ainsi, fin décembre, trois membres d’une famille de Golkowice, une commune polonaise située à quelques kilomètres de la frontière tchèque, sont mortes empoisonnées après avoir consommé de l’alcool acheté dans un magasin à la frontière tchéco-polonaise.
Aujourd’hui, la police estime que quelques milliers de litres d’alcool frelaté restent en circulation en République tchèque. Une réalité qui n’a pas empêché la Slovaquie de supprimer, mardi dernier, les restrictions sur les ventes de spiritueux tchèques qui étaient appliquées depuis le 9 octobre. Les autorités sanitaires slovaques ont estimé que les risques de danger étaient désormais passés et que la situation était revenue à la normale.