Affrontement entre militants écologistes et policiers dans le Massif de la Šumava

Photo: CTK

Dans le parc national de la Šumava, situé au sud-est de la Bohême, des militants écologistes de l’organisation Hnutí Duha (« le mouvement arc-en-ciel ») luttent depuis plusieurs semaines afin d’empêcher l’abattage d’arbres contaminés par un insecte xylovage ravageur : le scolyte. Mais cette tâche semble de plus en plus ardue, car les autorités responsables du parc sont désormais épaulées par la police pour mettre un terme aux opérations des activistes.

L’opération d’abattage des arbres infectés en forêt de Bohême, l’autre nom du massif de la Šumava, tourne à l’affrontement quotidien entre la police et les écologistes de Hnutí Duha, déterminés à empêcher les actions humaines d’intervenir dans l’écosystème de la forêt, comme l’explique Vojtěch Kotecký, un membre de l’association précédemment citée :

« Véritablement, le flétrissement des arbres sous l’action des scolytes fait partie de la vie naturelle des forêts de pins du massif de la Šumava depuis des millénaires. C’est pourquoi, si nous voulons disposer d’un parc national de la Šumava qui ne soit pas uniquement destiné à une sorte de « compétition forestière » ; si nous voulons être en mesure d’observer les fascinantes transformations que subissent les forêts naturelles et les animaux remarquables qui y vivent ; si nous voulons rendre cette zone attractive pour les touristes et les publics tchèques ; et bien nous devrions laisser à la nature les mains libres. »

Photo: CTK
La loi interdit aux bûcherons d’abattre un arbre en présence d’autrui. Les activistes tentent donc de constituer des chaînes humaines autour des arbres menacés. Cependant, leur action semble pour le moins compromise par l’intervention des forces policières, qui ont déjà arrêté une douzaine de personnes. Les déplacements sont ainsi surveillés dans toute la région du parc national, les autorités essayant d’empêcher les militants écologistes d’atteindre les zones d’abattage. L’ambiance est très tendue et parfois violente. Les avocats de l’association ont en effet annoncé qu’ils déposeraient une réclamation auprès des services d’inspection du ministère de l’Intérieur pour des violences policières. Un journaliste aurait également été pris à parti par les forces de l’ordre qui l’aurait identifié à tort à un activiste.

De plus, les responsables de l’autorité administrative qui gèrent le parc ont fait appel à la justice : la cour régionale de Bohême du Sud et le Bureau tchèque d’inspection de l’environnement ont ainsi tous deux confirmé le caractère légal de cette lutte contre les scolytes. Ce qui permettait à Jiří Mánek, l’adjoint au directeur de la gestion du parc national de la Šumava de déclarer :

Photo: CTK
« Lorsque les arbres infectés par le scolyte sont abattus en accord et selon les principes prescrits par l’Organe de défense de la nature, il n’y a pas de problèmes. C’est exactement ce que nous faisons et nous nous en tenons aux lois. »

Selon lui, chaque arbre malade coupé permettrait de sauver huit arbres sains. Un avis que ne partage pas vraiment Antonín Šubrt, le maire du bourg de Modrava près duquel ont lieu ces coupes d’arbre, et qui soutient le combat de l’association Hnutí Duha :

« L’administration qui gère le parc agit en accord avec ses principes, tels qu’ils ont été présentés par son nouveau directeur. Hnutí Duha et ses sympathisants s’efforcent ici de protéger un animal unique de l’écosystème du milieu forestier, qui se trouve être en l’occurrence le scolyte. A cette fin, ils mettent en place des actions qui poussent les médias à s’intéresser à leurs objectifs et à les présenter. »

Photo: CTK
A ce jour 300 arbres contaminés ont d’ores et déjà été abattus et il semble, avec l’action des policiers et le soutien de la justice, que l’action des militants écologistes sera difficile à mener à son terme. L’administration du parc national de la Šumava pourrait néanmoins être confrontée à un autre problème puisque l’Autriche a averti qu’elle envisageait de demander une compensation de l’ordre d’un million d’euros pour les éventuels dommages causés sur son territoire.