Afghanistan : la République tchèque aussi évacue tous ses ressortissants
Le premier avion militaire en provenance d’Afghanistan, avec à son bord 46 ressortissants tchèques et plusieurs de leurs collègues afghans accompagnés de leurs familles, est arrivé à Prague lundi matin. Comme les autres pays occidentaux présents à Kaboul, la République tchèque a décidé d’évacuer l’ensemble de son personnel diplomatique après que la situation en Afghanistan s’est rapidement détériorée.
Moins de deux mois après les soldats tchèques, c’est donc désormais au tour des diplomates et autres personnes qui travaillaient en Afghanistan de fuir le pays, où les talibans, vingt ans après leur chute, ont repris la capitale Kaboul sans combat. Cette fois ce départ s’effectue dans un vent de panique, entre autres à l’aéroport, même si, dimanche, le ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhánek a tenu à rassurer tout le monde :
« Les citoyens tchèques qui se trouvent en Afghanistan et ont été enregistrés par le ministère des Affaires étrangères sont en sécurité et ont bien entendu été contactés depuis longtemps. »
Les opérations d’évacuation se poursuivent. Ce lundi, alors que se tenait parallèlement une réunion du personnel de crise du ministère des Affaires étrangères, celui-ci a confirmé qu’un nouvel avion de l’armée s’était envolé pour l’Afghanistan.
Mais à Prague, d’autres inquiétudes sont formulées quant au sort des Afghans qui ont travaillé avec les Tchèques, essentiellement des traducteurs et interprètes. Une initiative appelée « Zachraňme tlumočníky » (Sauvons les traducteurs) a vu le jour, et, ce lundi, la directrice de l’Association pour l'intégration et la migration a fait savoir qu’aucun d’entre eux ne se trouvait dans l’avion qui a atterri à Prague. Selon elle, entre 50 et 80 Afghans ont aidé les soldats tchèques dans le cadre de leurs missions. Le 30 juillet, le gouvernement a pourtant validé un programme d’aide spécialement destiné aux Afghans employés par l’armée tchèque, comme l’a encore rappelé le Premier ministre Andrej Babiš sur sa page Facebook dimanche :
« Nous faisons le maximum, comme toujours. C’est notre obligation, nous sommes solidaires. L’opération se poursuit et espérons que tout se passera bien. »
Le programme en question, qui concerne aussi les familles de ces employés afghans, prévoit non seulement une aide financière mais aussi une possibilité d’accueil en République tchèque sous forme d’asile.
Tandis qu’Andrej Babiš a affirmé qu’il regrettait de ne pas pouvoir être plus concret quant à la mise en œuvre du plan d’évacuation, dans les rangs de l’opposition, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la lenteur de la réaction du cabinet à l’évolution de la situation sécuritaire en Afghanistan, dont celle du député chrétien-démocrate Jan Bartošek :
« Le gouvernement s’est comporté nonchalamment. Cela fait déjà plusieurs semaines que nous savons parfaitement qu’évacuer nos diplomates et les personnes qui ont travaillé avec nous sera nécessaire. Le gouvernement a sous-estimé la gravité de la situation et a réagi trop tard. »
L’avis du député est également celui du général Jiří Šedivý, ancien chef d’Etat-major de l’Armée tchèque :
« Notre aide arrive effectivement un peu tard. Toutes les opérations en cours auraient dû être préparées à l’avance. Depuis la signature de l’accord entre les Etats-Unis et les talibans en février 2020, nous savions parfaitement que nous allions devoir quitter l’Afghanistan. Il a été question de ce départ durant tout le printemps et tout le monde était conscient qu’un retour au pouvoir des talibans devait être envisagé, même si personne ne s’attendait à ce que la prise de Kaboul soit aussi rapide. Néanmoins, si nous n’étions pas prêts, alors il est désormais trop tard pour ne pas réagir dans l’urgence. »
Si le chef de la diplomatie a refusé de préciser combien d’allers-retours entre Prague et Kaboul était prévu, le président de la commission en charge des affaires étrangères à la Chambre des députés a néanmoins indiqué que l’opération d’évacuation concernait moins de 100 personnes : outre les quelques diplomates, parmi lesquels l’ambassadeur Jiří Baloun, il s’agit d’une unité de la police militaire KAMBA, et donc des collaborateurs locaux de l’ambassade et des interprètes qui ont aidé l’armée tchèque.