Albert Einstein à Prague
Cette année, l'Allemagne fête le centenaire de la publication des travaux d'Albert Einstein qui ont marqué la naissance de la physique moderne, rendant par la même occasion hommage au physicien disparu il y a 50 ans. Prague aussi peut se joindre à ces commémorations puisque la ville l'a accueilli de 1911 à 1912.
Si le domaine de la physique reste souvent quelque peu brumeux, voire totalement obscur pour le grand public, Einstein, quant à lui, est l'un des rares scientifiques qui ne risque pas de disparaître des esprits, des plaques de rues et de façades ou bien même, plus étrangement, des enseignes de pizzerias comme c'est le cas à Prague notamment. Et pour cause, en 1911, soit six ans après ses premières publications sur la relativité, il est appelé à exercer les fonctions de professeur titulaire à l'université allemande de Prague.
D'après Stefan Zajac, président de la Société tchèque des physiciens et mathématiciens, qui s'exprimait, ce jeudi, dans le quotidien Lidove noviny, cette université a été la première au monde à accueillir Einstein comme professeur titulaire et de plein droit. Il explique qu'en outre, le pays connaissait à l'époque un véritable essor de la physique qui pouvait le mettre à l'égal de pays comme l'Allemagne, l'Angleterre ou la France. Au cours de son séjour pragois, Einstein aurait rédigé une dizaine d'ouvrages, dont l'un, sur la théorie de la gravitation, est considéré comme le début de la théorie générale sur la relativité. Celle-ci fut publiée en 1916 et provoqua un véritable tollé dans le monde scientifique, puisqu'elle ébranlait les lois de Newton en en restreignant la validité. Et pour la petite histoire, le lien d'Albert Einstein aux pays tchèques était aussi plus sentimental puisque sa dernière compagne, rencontrée aux Etats-Unis en 1940, en était originaire.
Le destin de celui qui est considéré comme l'un des plus grands physiciens, sinon le plus grand, est étroitement imbriqué dans l'histoire tourmentée de l'Europe du XXe siècle, puisque, d'origine juive, il fuit l'Allemagne nazie en 1933 pour se réfugier aux Etats-Unis. Tourmenté par les conséquences que ses recherches pouvaient avoir, puisqu'elles servaient de base à la fabrication de la bombe atomique, il fit part de ses craintes au président Roosevelt à propos des travaux avancés de l'Allemagne nazie pour sa fabrication, et plus tard, combattit avec vigueur en faveur de la paix et du désarmement. Son engagement intellectuel le fit se joindre aux plus grands noms pour protester contre la condamnation à mort de la politicienne tchèque Milada Horakova lors des grands procès staliniens des années 1950.