Alcool frelaté : la prohibition est partiellement levée

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Le gouvernement a décidé de lever progressivement l’interdiction qui touche depuis près de deux semaines la vente de spiritueux présentant un taux d’alcool supérieur à 20%. Cette décision avait été prise en réaction à la vague d’intoxication liée à la consommation d’alcool coupé au méthanol, responsable de la mort de 26 personnes et de nombreuses hospitalisations. A partir de ce jeudi, 13h, les restaurants et magasins peuvent à nouveau vendre des bouteilles d’alcool fort produites avant le premier janvier 2012 ou certifiées inoffensives après tests.

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C’est fait ! Le ministre de la Santé Leoš Heger (TOP 09) l’a annoncé en conférence de presse, la prohibition est partiellement levée et les restaurants et commerces peuvent à nouveau vendre, sous certaines conditions, des spiritueux tirant à plus de 20%. La crise sanitaire qui touche la République tchèque depuis le début du mois de septembre semble donc en passe de s’achever. Alors que la police aurait découvert l’origine et quelques-unes des personnes responsables de la fabrication de l’alcool coupé au méthanol, le gouvernement considère donc que le moment est venu d’adoucir la prohibition. Pour le ministre de l’Agriculture Petr Bendl, les spiritueux produits avant le 1er janvier ne présenteraient en effet a priori aucun danger :

Petr Bendl
« Je dirais que la raison de ce choix est d’ordre bureaucratique. Il y a l’espoir, pour ne pas dire la certitude, que tout l’alcool qui a été produit de façon avérée l’an passé et auparavant n’a aucun problème concernant le méthanol. »

En conséquence, les bouteilles d’alcool produites avant le 1er janvier 2012 sont à nouveau disponibles à la vente dès ce jeudi et sans qu’il soit nécessaire d’en changer le timbre fiscal. Les alcools plus récents devront en revanche disposer d’un nouveau timbre fiscal et d’une attestation du producteur certifiant leur date de fabrication. Les distributeurs disposent de soixante jours pour satisfaire à ces obligations sans quoi les bouteilles seront purement et simplement liquidées. Le Premier ministre Petr Nečas fournit quelques précisions :

Petr Nečas,  photo: CTK
« Il est nécessaire d’être en mesure de prouver l’origine de fabrication des spiritueux et également un rapport de test effectué par un laboratoire accrédité. »

21 millions de bouteilles seraient stockées à l’heure actuelle. Pour Tomáš Otta, le vice-président du lobby des producteurs et fournisseurs d’alcool, il sera très difficile d’effectuer ces tests car il n’y aurait que trois laboratoires accrédités en République tchèque. En tant que président de la Chambre économique, Miroslav Toman représente, lui, les distributeurs et est au contraire plutôt satisfait de l’annonce gouvernementale :

« Je pense que c’est la meilleure des solutions parmi les possibilités qui s’offraient à nous. Nous avons cependant quelques réserves. La première chose, c’est qu’il s’agira d’une charge administrative supplémentaire, notamment en ce qui concerne les documents se rapportant aux analyses, mais nous respectons cela. La deuxième réserve concerne le délai de 60 jours pour prouver l’origine de nos alcools que nous aurions aimé plus court. Nous aurions ainsi pu éliminer le marché noir car les producteurs sérieux sont capables de fournir ces attestations très rapidement, des analyses étant réalisées régulièrement. »

A noter que les exportations de spiritueux tchèques vont pouvoir reprendre à condition de satisfaire aux mêmes exigences que les autres boissons alcoolisées sur le marché tchèque. Les autorités ont toutefois appelé à la prudence et Petr Bendl a ainsi invité ses concitoyens « à ne pas boire tout ce qui leur tombe sous la main. » Alors qu’un week-end de trois jours s’offre à eux en raison de la fête de la Saint-Venceslas vendredi, les Tchèques, quatrième plus gros buveurs en terme de spiritueux à l’échelle mondiale, auront pourtant sans doute à cœur de fêter la fin partielle de la prohibition en buvant à la santé de leur saint patron.