Tournant décisif dans l’affaire d’alcool frelaté
Après plus de deux semaines d’incertitude et de spéculations, la police a pu finalement annoncer un tournant décisif dans l’affaire de l’alcool frelaté en République tchèque. Les policiers ont écroué deux hommes qui seraient les principaux responsables de l’affaire qui a déjà coûté la vie à 25 personnes.
« Ils supposaient que le mélange ainsi préparé serait neutralisé et qu’il ne serait pas dangereux pour la santé des consommateurs. Ils n’agissaient pas avec l’intention directe de tuer quelqu’un mais ils auraient dû compter sur de telles conséquences. »
La télévision tchèque a déjà révélé l’identité des deux principaux responsables de l’affaire. Il s’agirait des hommes d’affaires Rudolf Fian et Tomáš Křepela lesquels risquent désormais des peines allant de 12 à 20 ans de prison voire même la perpétuité. La police dispose déjà des aveux complets d’un des deux hommes qui a craqué et révélé son réseau de collaborateurs. Le directeur de la police Martin Červíček signale que 15 000 litres d’alcool frelaté auraient été mis en circulation sur le marché tchèque dont un tiers n’a pour l’heure pas été identifié et exhorte donc les consommateurs à la vigilance.Le gouvernement tchèque déploie une activité fébrile pour pouvoir lever le plus tôt possible l’interdiction de vente et d’exportation d’alcool fort produit en République tchèque. Le ministre de l’Agriculture Petr Bendl s’est entretenu sur ce problème, lundi, avec le commissaire européen chargé de la Santé et de la Politique des consommateurs John Dalli :
« J’ai présenté aujourd’hui au commissaire John Dalli les principes des mesures préparées par le gouvernement. Le commissaire était d’accord et je pense qu’il a compris quelles étaient nos intentions. Je lui ai signalé que nous envisageons de libérer progressivement le marché des spiritueux et de garantir qu’il s’agit d’une production légale. Je l’ai informé également que la police tchèque avait découvert la source du méthanol, qu’il s’agissait d’une production illégale et que notre production légale est sans danger. »Le ministre a également promis au commissaire de mettre à sa disposition toutes les informations concernant l’affaire et de coordonner avec la Commission européenne les nouvelles mesures que prendra le gouvernement tchèque. Ces mesures ont été esquissées à la télévision publique par le ministre des Finances Miroslav Kalousek :
« Au moins 70 % de l’alcool en stock est certainement de l’alcool qui n’est pas contaminé. Cette partie des stocks peut être donc qualifiée de sûre à condition que les bouteilles soient dotées de l’ensemble des informations concernant leur origine comme le demande le ministère de la Santé. Le reste est problématique. Je ne veux pas m’avancer sur la décision que prendra le gouvernement mais il me semble qu’il vaudrait mieux liquider une partie de ces 30 %. »Bien que le ministre des Finances souligne que l’Etat n’envisage pas de compenser les producteurs d’alcool, il admet que ceux-ci pourraient bénéficier d’une exonération d’impôt sur l’alcool qu’ils ont acquis et payé légalement et qui doit être liquidé. Le gouvernement se penchera sur l’affaire ce mercredi et pourrait prendre aussitôt les mesures levant progressivement les interdictions qui touchent le marché des spiritueux tchèques et leurs exportations.