Alena Hanáková ne sera bientôt plus ministre de la Culture

Alena Hanáková, photo: CTK

Le jeu des chaises musicales continue au sein du gouvernement de Petr Nečas avec le départ d’un treizième ministre depuis sa formation en juillet 2010. La ministre de la Culture, Alena Hanáková (STAN), dont la compétence a été mise en doute et qui a été très critiquée, notamment pour sa décision de révoquer le directeur du Théâtre national Ondřej Černý, a annoncé mercredi qu’elle quitterait ses fonctions à la fin du mois de juin. Clarinettiste et ancien doyen de la faculté de musique et de danse AMU à Prague, Jiří Hlaváč est le plus à même de lui succéder.

Alena Hanáková,  photo: CTK
Etre ministre de la Culture n’est pas une sinécure au sein d’un gouvernement qui jusqu’à présent a fait peu de cas pour les arts et les artistes. Obnubilée par sa politique d’austérité, la coalition gouvernementale de droite de Petr Nečas a souvent considéré la culture comme une simple variable d’ajustement budgétaire. Et cela fait quelques mois que le départ de la ministre Alena Hanáková, du Parti des maires et des indépendants (STAN), était pressenti.

A l’occasion d’une conférence de presse, mercredi, l’intéressée a officialisé sa décision de quitter ses fonctions, se montrant satisfaite de son mandat marqué notamment par l’adoption de la loi sur la restitution des biens aux Églises et par le déblocage de subventions destinées aux arts du spectacle :

« Travailler au gouvernement, tel que je l’ai fait durant dix-huit mois, requiert un engagement total, mais également un mandat politique fort. Je ne suis pas attachée à ma fonction, puisque, jusqu’à présent, je suis parvenue à accomplir la majorité de mes importants devoirs politiques, missions qu’il nous fallait entamer quand j’ai pris mes fonctions. En même temps, je ne ressens pas suffisamment de soutien de la part de Karel Schwarzenberg et de Petr Gazdík, dont l’avenir du ministère dépend. C’est pourquoi j’ai décidé de quitter mon poste le 30 juin. »

Cette décision, Alena Hanáková l’a prise avec le chef du parti conservateur TOP 09 Karel Schwarzenberg et avec celui du STRAN Petr Gazdík. Ce dernier affirme que la ministre a échoué à obtenir la confiance et le soutien du monde de la culture. Des initiatives maladroites, voire difficilement compréhensibles, ont participé à creuser la tombe de la popularité de cette ancienne pédagogue auprès des artistes.

Ondřej Černý,  photo: Archives de Radio Prague
Avec la soudaine révocation du directeur du Théâtre national Ondřej Černý à sept mois de la fin de son mandat en octobre dernier, Alena Hanáková avait par exemple réussi à se mettre à dos les professionnels du théâtre. A la Télévision tchèque, Ondřej Černý a réagi au départ de la ministre :

« La ministre Alena Hanaková a fait beaucoup d’erreurs. Elle a été capable d’en tirer des leçons et ce changement rapide et avisé au poste de ministre ne résout rien. »

L’ancien doyen de la faculté de musique et de danse AMU à Prague, Jiří Hlaváč, est le plus souvent cité dans les médias tchèques comme possible successeur à la ministre. Il ne cache d’ailleurs pas son attirance pour le poste :

« Je sais bien sûr quels sont les aspects actuels, contemporains, de la culture tchèque, de l’art tchèque. Donc, oui, je me suis dit qu’il s’agissait d’un appel intéressant. »

Favori, Jiří Hlaváč n’est pourtant pas le seul prétendant au poste bientôt vacant. L’architecte et historien Zdeněk Lukeš a un autre nom en tête :

Zdeněk Lukeš,  photo: Vilém Janouš,  ČRo
« Depuis qu’on entend des bruits sur le possible départ d’Alena Hanáková, j’ai dans l’idée qu’Ivo Mathé serait un bon candidat. Il m’apparaît comme quelqu’un de décidé, d’énergétique, de convaincant, quelqu’un enfin qui comprend une problématique donnée. Il a dirigé la Haute école d’Art à Prague. Il sait quels sujets il faut aborder. »

Le sénateur du parti STAN Jiří Šesták ou encore le député Stanislav Polčák (TOP 09) figurent également sur la liste des candidats potentiels. C’est le chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg qui devrait avoir le dernier mot. Occuper le poste de ministre de la Culture ne serait pas chose aisée comme le note Zdeněk Lukeš. A moins d’un an des prochaines législatives, l’élu disposera de peu de temps pour faire ses preuves, alors qu’opposition et représentants des arts s’alarment du sous-financement de la vie culturelle tchèque.