Manifestation contre la démolition d’une maison historique à Prague

Une cinquantaine de personnes se sont réunies, mercredi, devant le ministère de la Culture à Prague pour sauver un édifice historique de la place Venceslas que les organes compétents avaient condamné à la démolition. Le seul espoir des défenseurs de la maison est maintenant d’obtenir le statut de monument culturel.

Photo: Kristýna Maková

Plus de 14 000 personnes ont déjà signé la pétition pour sauver l’édifice dont la façade marie les styles art déco et néoclassicisme. Son propriétaire actuel, la société Flow East, veut le remplacer par « La Maison florale », un bâtiment administratif de neuf étages avec trois niveaux de garages souterrains. L’investisseur se déclare convaincu que « La Maison florale » apportera une nouvelle qualité architecturale à la place Venceslas. La démolition de la maison qui se trouve à cet endroit semblant imminente, ceux qui ne sont pas indifférents à son sort, se sont mobilisés et ont demandé au ministre de la Culture, Alena Hanáková, de lui attribuer le statut de monument culturel. Parmi les participants à la manifestation de ce mercredi figurait entre autres l’ancien ministre de l’Environnement Martin Bursík (Parti des Verts ), venu pour attirer l’attention du vice-Premier ministre Karel Schwarzenberg sur cette affaire:

Martin Bursík (à droite), photo: CTK

« Nous avons apporté une pancarte portant l’inscription ‘Qu’en dis-tu, Karel ?’ parce que Karel Schwarzenberg est le président du parti TOP 09 qui a confié le portefeuille de la Culture à Alena Hanáková. Elle fait donc partie de son groupe de ministres. Je pense que Karel Schwarzenberg doit se prononcer sur ce problème dont la portée dépasse largement les limites du premier arrondissement de Prague et qui est maintenant des compétences du ministère de la Culture. Il doit assumer la responsabilité de ses ministres dans le gouvernement. »

Kateřina Bečková, du Club pour la vieille Prague, se veut optimiste. Elle espère que la maison pourra être encore sauvée :

« Je pense que oui, mais seulement si les fonctionnaires du ministère de la Culture rassemblent les restes de leur courage et cherchent sérieusement la réponse à la question de savoir si cet édifice répond aux critères de monument culturel. Si la réponse est positive, les investisseurs seront obligés de renoncer à leur projet de démolition. Quand je vois cette maison, qui est belle, bien conservée et presque intacte, je n’arrive tout simplement pas à imaginer qu’on puisse la démolir. »

Selon l’attachée de presse du ministère de la Culture, Markéta Ševčíková, présente parmi les manifestants, le ministère examine minutieusement ce problème, tandis que la ministre Alena Hanáková déplore que cette affaire, qui lui a été léguée par son prédécesseur, dégénère en situations conflictuelles :

« Comme nous l’avons entendu, l’Association d’histoire de l’art a présenté le projet d’attribuer à cette maison le statut de monument culturel. Le projet doit être maintenant soumis à une procédure administrative et examiné par les départements culturel et législatif du ministère. La décision sur le sort de la maison dépendra donc des expertises de ces départements. Nous n’excluons pas qu’elle puisse obtenir le statut de monument culturel mais nous ne pouvons pas le promettre. »

Vítězslav Praks, de l’association Monitoring Ring qui a organisé la manifestation de ce mercredi, souligne que ceux qui défendent cette maison protégent également le site historique de Prague dans son ensemble :

Photo: CTK

« Nous sommes contents de cette manifestation. Et évidemment nous poursuivrons notre action si la maison devait continuer à être menacée. Ce n’est pas une maison individuelle mais toute la place Venceslas et le site historique protégé par l’UNESCO qui sont en jeu. J’espère que le nombre de personnes qui nous soutiennent augmentera. Les gens ne devraient pas rester indifférents face au danger que la vieille Prague soit détruite. »

L’affaire de la maison art déco de la place Venceslas est donc loin d’être terminée. Son issue en dira long sur la réelle protection des monuments historiques en République tchèque.