Après l’incendie de Most, la question des brasiers au gaz en terrasse en débat
Six morts et huit blessés dont plusieurs grièvement : c’est le tragique bilan de l’incendie qui a ravagé un restaurant de la ville de Most dans le nord de la Bohême. Une enquête a été ouverte, mais d’ores et déjà la police a exclu la piste d’un acte malveillant. En cause plus probablement : un chauffage de terrasse au gaz.
Ce lundi matin, aucune des six victimes de la tragédie n’avait encore pu être identifiée. Huit autres personnes ont été hospitalisées dans un premier temps, et l’une d’entre elles a déjà été autorisée à quitter l’hôpital de Most. Cinq des sept autres personnes sont toujours hospitalisées au centre des grands brûlés de l’hôpital de Královské Vinohrady à Prague. Trois sont dans un état critique et deux dans un état grave. Les deux autres blessés sont hospitalisés à Most et à Ústí nad Labem et leur état est stable.
C’est à 23h17 samedi soir que l’incendie qui s’est déclaré dans le restaurant U Kojota a été signalé. Six minutes plus tard, les pompiers étaient sur place, constatant que le bâtiment était alors déjà totalement embrasé. 19 unités comptant 90 pompiers ont été mobilisées pour maîtriser le sinistre, mais ce n’est qu’à 1h du matin, dimanche, qu’ils ont pu en venir à bout. Outre une vingtaine de personnes présentes dans le restaurant, dix autres vivant dans l’immeuble voisin ont dû être évacuées, ne regagnant finalement leur domicile que dans la matinée, après que le bâtiment ait été dûment ventilé.
L’incendie s’est déclaré sur la terrasse couverte en bois qui s’est transformée en véritable piège pour les personnes encore attablées en cette fin de soirée de samedi. La rapidité avec laquelle les flammes se sont propagées devra faire l’objet d’une enquête approfondie, comme l’a noté Vladimír Vlček, directeur général des services de pompiers :
« L’ensemble de l’espace autour du restaurant a très vite été envahi par les flammes. Cela concerne tout particulièrement l’auvent en bois à l’extérieur. Il faudra déterminer s’il n’y avait pas éventuellement un liquide inflammable qui aurait pu accélérer et aggraver l’incendie. Mais je ne veux pas faire trop de spéculations et l’enquête devra déterminer la cause exacte. »
La police a très vite exclu la piste d’un acte malveillant intentionnel et privilégie pour l’heure la piste d’un chauffage de terrasse défaillant ou renversé. Ces sortes de brasiers fonctionnant au gaz permettent de réchauffer les terrasses adjacentes des établissements de restauration :
« En coopération avec les bureaux qui attribuent les permis de construire, il va falloir vérifier si sur ces terrasses extérieures, sous auvent, en partie closes, sont respectées les normes incendie et si toutes les normes de sécurité sont bel et bien en place. »
Car dès après la tragédie, la question de l’installation souvent non-régulée de ces terrasses couvertes en hiver est apparue dans le débat public : souvent construits de manière spontanée, sans demande d’autorisation préalable à l’administration, ces abris qui permettent d’accueillir davantage de clientèle même durant la saison froide sont chauffés grâce à ces fameux brasiers au gaz mais sans nécessairement tenir compte des conditions prescrites pour une installation sécurisée.
L’enquête de la police va donc s’orienter très probablement vers une responsabilité de type « négligence ». Et la tragédie a d’ores et déjà incité les autorités locales à vouloir faire des vérifications dans les autres restaurants de Most, comme le précise son maire Marek Hrvol :
« En tant que mairie, nous ne pouvons pas faire tout seuls des contrôles. Mais en coopération avec le bureau délivrant les permis de construire et les pompiers, je souhaite faire en sorte que soient vérifiés tous les autres établissements de restauration pourvus d’une terrasse de ce genre dans la ville. Nous savons qu’il y en a plusieurs autres. Pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise, nous voulons donc vérifier que tous les paramètres de sécurité y sont respectés, faute de quoi il faudra liquider ce type d’installations. »
Une ligne téléphonique spéciale a été mise en place à l’intention des personnes directement concernées par des proches se trouvant dans le restaurant au moment du sinistre. En outre, la police tchèque en appelle toujours aux personnes présentes sur les lieux avant le départ de l’incendie à se faire connaître. La mairie de Most va également lancer une collecte publique afin de récolter des fonds à l’intention des personnes sinistrées et de leurs proches. La tragédie de Most est le sixième incendie le plus tragique depuis 1990. En août 2020, 11 personnes avaient perdu la vie dans l’incendie criminel d’un immeuble à Bohumín, le pire que la Tchéquie ait connu en trente ans.
