Antonin Sum, secrétaire personnel de Jan Masaryk : « la mort du ministre a été un sacrifice »
Peu de causes suscitent autant d'attention et de points d'interrogation que celle de Jan Masaryk, fils du premier président tchécoslovaque, Tomas Garrigue Masaryk, et ministre des Affaires étrangères de la Tchécoslovaquie d'après-guerre. Le 10 mars 1948, quelques jours après le putsch communiste, le corps de Jan Masaryk a été retrouvé dans la cour du palais Tchernin sous les fenêtres de son appartement privé. Comme nous l'avons déjà signalé, la police a définitivement fermé le dossier de Jan Masaryk. La conclusion faite 56 ans après sa mort est formelle: Jan Masaryk a été assassiné. Des points d'interrogation persistent pourtant. Le nom du meurtrier demeure inconnu. Des témoignages authentiques font défaut. Le docteur Antonin Sum est l'unique proche collaborateur de Jan Masaryk encore en vie. Il était auprès du ministre jusqu'aux derniers moments. Jarka Gissubelova lui a téléphoné pour savoir s'il est d'accord avec la conclusion de la police sur l'assassinat de Jan Masaryk:
"Je ne suis pas d'accord avec ces conclusions, parce que même le vice-directeur du Centre de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme déclare que cette affaire n'est pas encore finie. Je pense que maintenant on ne peut rien dire d'autre que ce que je répète depuis déjà 55 ans, c'est-à-dire ce que nous avons vu après la mort du ministre, le 10 mars 1948 : tous ceux qui étaient alors autour du ministre, nous, les secrétaires, ses collaborateurs au ministère des Affaires étrangères et même le secrétaire général du ministère qui s'est enfui après 1945 en Amérique, et beaucoup d'autres, nous étions tous persuadés que c'était le sacrifice personnel de Jan Masaryk, que c'était voulu par lui. Parce qu'il voulait que dans le monde entier, et notamment à l'Ouest, en Amérique, en Grande-Bretagne et en France, on soit au courant de ce qui se passait ici, de ce que signifiait notre "février", c'est-à-dire le putsch communiste. C'était une réaction pour prévenir l'Occident que quelque chose de pareil peut arriver en Occident et en Europe entière."