Jan Masaryk a fait le même que Jan Palach - un sacrifice, dit Antonin Sum, ancien secrétaire personnel du ministre
Dans cette édition des Chapitres de l'histoire, nous reviendrons une fois encore sur « l'affaire Jan Masaryk », fils du premier Président tchécoslovaque, Tomas Garrigue Masaryk, et ministre des Affaires étrangères, populaire auprès du peuple, mais mal vu du régime communiste, arrivé au pouvoir le 25 février 1948. Quelques jours après, le 10 mars, Jan Masaryk a été retrouvé mort dans la cour du palais Tchernin, siège du ministère des Affaires étrangères, là où il avait son appartement.
Etait-ce un suicide ou un assassinat politique? Voilà la question qui préoccupe, depuis 56 ans, beaucoup de monde. Au début de cette année, la police a annoncé avoir définitivement clôturé l'enquête sur la mort de Jan Masaryk. Sa conclusion est formelle: Jan Masaryk a été assassiné. Elle s'appuie sur l'expertise de Jiri Straus qui a étudié la chute du corps du ministre et est parvenu à la conclusion qu'une personne, au minimum, a dû le pousser. La conclusion est décevante pour plusieurs experts : l'historien et écrivain Pavel Kosatik n'arrive pas à comprendre comment il est possible de clôturer un dossier aussi délicat sur la base d'une seule expertise. L'enquêteur Ilja Pravda admet que l'enquête ne pourra être rouverte que si les archives de l'époque, envoyées à Moscou, étaient ouvertes et qu'on y retrouvait le secret de la mort de Masaryk.
Le nom de l'auteur de l'assassinat reste également un mystère. La police a clôturé le dossier sans l'indiquer. Des initiés parlent de quatre personnes suspectes: le membre de la police secrète StB, Miroslav Pich-Tuma, le commandant Augustin Schramm, le lieutenant-colonel Vojtech Kohout et l'ancien partisan Josef Vavra-Starik. Mais tous ces noms avancés ne sont que des hypothèses. Des témoignages authentiques font défaut, après tant d'années, des témoins sont morts. L'unique ancien collaborateur de Jan Masaryk encore en vie, le docteur Antonin Sum. Je lui ai téléphoné pour lui demander s'il était d'accord avec la conclusion de la police :
M Antonin Sum a été parmi ceux qui ont trouvé le corps du ministre Jan Masaryk, il a été dans sa salle de bain avant la police : un verre cassé, des lames de rasoir, une ceinture, tous ces éléments sont des preuves de ce que Jan Masaryk cherchait un moyen de quitter ce monde. Il s'est retrouvé dans un piège dont la mort était la seule issue, dit-il. D'après lui, Jan Masaryk a fait le même que Jan Palach, un sacrifice pour mobiliser l'opinion...