Antonin Sum est parti : un destin hors du commun

Antonin Sum, photo: CTK

Antonin Sum, l'une des grandes figures de l'histoire tchécoslovaque, est décédé, mardi, à l'âge de 87 ans. Le public tchèque le connaît avant tout comme le dernier secrétaire du chef de la diplomatie tchécoslovaque, Jan Masaryk, mort en 1948, dans des circonstances qui n'ont jamais été élucidées. Sa vie a connu bien d'autres moments tumulteux.

Antonin Sum,  photo: CTK
Scout, membre de la résistance nationale et de l'Insurrection de Prague, prisonier politique, accusé en même temps que Milada Horakova... autant de chapitres du parcours d'Antonin Sum. Grand connaisseur de la vie et de l'oeuvre du ministre Jan Masaryk et de son père, Tomas Garrigue Masaryk, fondateur et premier président de l'Etat tchécoslovaque, c'est à la perpétuité des idées et idéaux de ces deux hommes que Antonin Sum a consacré la plus grosse partie de ses élans. Un « défaut » que le régime communiste ne pardonnait pas : Dès novembre 1949, cet ancien secrétaire personnel de Jan Masaryk s'est fait arreter et condamner à vingt ans de réclusion, dans le procès tristement célèbre avec Milada Horakova... Dès la chute du régime communiste, en 1989, on a vu Antonin Sum s'engager dans le renouveau du scoutisme dans le pays et écrire des textes et des livres consacrés à la famille Masaryk. Et répondre inlassablement à la question qu'on lui a si souvent posée : Jan Masaryk, retrouvé le 10 mars 1948, quelques jours après le putch communiste, dans la cour du palais Cernin, sous les fenêtres de son appartement privé, s'est-il suicidié ou bien a-t-il été assassiné par des agents communistes ? Ecoutons comment Antonin Sum a réagi en 2004, au micro de Jaroslava Gissubelova, à la conclusion de la police faite 56 ans après la mort de Jan Masaryk selon laquelle le ministre aurait été assassiné :

« Je ne suis pas d'accord avec ces conclusions, parce que même le vice-directeur du Centre de documentation et d'enquête sur les crimes du ocmmunisme déclare que cette affaire n'est pas encore finie. Je pense que maintenant, on ne peut rien dire d'autre que ce que je répète depuis déjà 55 ans, c'est-à-dire ce que nous avons vu après la mort du ministre, le 10 mars 1948 : tous ceux qui étaient alors autour du ministre, nous, les secrétaires, ses collaborateurs au ministère des Affaires étrangères et même le secrétaire général du ministère qui s'est enfui après 1945 en Amérique, et beaucoup d'autres, nous étions tous persuadés que c'était le sacrifice personnel de Jan Masaryk, que c'était voulu par lui. Il voulait que dans le monde entier et notamment à l'Ouest, en Amérique, en Grande-Bretagne et en France, on soit au courant de ce qui se passait ici, de ce que signifiait notre « février », c'est-à-dire le putch communiste. C'était une réaction pour prévenir l'Occident que quelque chose de pareil peut arriver en Occident et en Europe entière ».

Trois ans avant son décès, Antonin Sum s'est vu apprécier pour ses mérites par une distinction au nom on ne peut plus emblématique - l'Ordre Tomas Garrigue Masaryk.