Après le scandale, la Tchéquie se dote d’un nouveau « ministre de la pandémie »
Exit Roman Prymula, victime de téléobjectifs l’ayant surpris à la sortie d’un restaurant, le nouveau ministre tchèque de la Santé s’appelle Jan Blatný. Jusqu’ici directeur-adjoint de l’Hôpital universitaire de Brno, ce médecin de 50 ans a officiellement été nommé à son poste jeudi midi.
A 50 ans, Jan Blatný exerce désormais l’une des fonctions les plus importantes et les plus délicates du moment puisqu’il s’agit avant tout d’être le ministre de la pandémie.
En plus de ses fonctions à la direction du CHU de Brno, ce natif de Prostějov y dirigeait le département d’hématologie pédiatrique après plusieurs expériences dans des hôpitaux à l’étranger. « J’ai des liens étroits avec Bristol et j’ai passé aussi plusieurs années à Dublin », a-t-il récemment précisé à la presse tchèque, qui souligne comme l’un de ses récents succès l’organisation l’année dernière à Prague du prestigieux congrès de l’Association européenne de l’hémophilie et troubles associés (EAHAD).
La presse locale a beaucoup repris une de ses déclarations du printemps dernier quand il a estimé lors d’un séminaire que le coronavirus était « un peu comme une grippe mais en pire, dont la contamination peut être réduite si les principes de bases sont respectés ».
En temps normal, le portefeuille de ministre de la Santé est déjà l’un des plus compliqués en Tchéquie – la situation épidémiologique alarmante donne évidemment à la tâche une dimension bien différente.
Pour sa prise de fonctions, Jan Blatný était accompagné par le Premier ministre Andrej Babiš et par son prédécesseur Roman Prymula, qui n’est resté que cinq petites semaines à la tête du ministère de la Santé.
La fin de son mandat a été causée par quelques clichés publiés par le tabloïd Blesk sur lesquels il sortait sans masque d’un restaurant censé être fermé. Roman Prymula affirme ne pas avoir enfreint les règles qu’il avait lui-même imposées et a indiqué avoir commandé une analyse juridique qui conclue dans ce sens.
De leurs côtés, les services d’hygiène de la ville de Prague ont également diligenté une enquête sur ces faits et sa rencontre dans l’établissement incriminé avec, entre autres, le bras droit du Premier ministre, Jaroslav Faltýnek, également président du groupe des députés ANO.
Cette affaire du « Riogate » (du nom du restaurant en question) a en tout cas été abondamment reprise dans la presse étrangère pour illustrer les couacs dans la réponse des autorités tchèques face à l’ampleur du défi sanitaire.
Selon les dernières informations, Roman Prymula resterait dans l’équipe de conseillers du nouveau ministre. « J’admire votre courage et je respecte votre décision de nommer M. Prymula parmi vos collaborateurs. Ni les titres ni la fonction ne sont décisifs ici mais seul compte l’effort de contrer l’épidémie », a déclaré le chef de l’Etat après avoir nommé le nouveau ministre.
Miloš Zeman a par ailleurs recommandé au nouveau membre du cabinet de ne pas se rendre dans le quartier « dangereux » du restaurant incriminé et a affirmé avoir prévenu le novice en politique qu’ « un ministre était la cible d’attaques difficilement imaginables pour un scientifique ». « Vous venez d’un parc et arrivez dans une jungle », a déclaré le président de la République.