En Tchéquie, réouverture partielle des écoles et certains commerces et changement de ministre de la Santé
Alors que l’épidémie de coronavirus semble refluer et que le nombre de personnes hospitalisées tend à décroître, le gouvernement tchèque a décidé mardi de rouvrir partiellement les écoles et certains commerces à compter du 12 avril. La levée de certaines des mesures de restriction intervient en parallèle de l’expiration de l’état d’urgence dans la nuit de dimanche à lundi. Ces décisions prennent toutefois effet dans un contexte d’instabilité puisque ce mercredi a été annoncé le remplacement de Jan Blatný à la tête du ministère de la Santé. Petr Arenberger sera ainsi le quatrième ministre de la Santé depuis le début de l’épidémie de Covid-19.
Fin de l’état d’urgence remplacé par la « loi pandémique »
Le Premier ministre Andrej Babiš (ANO) l’a confirmé dimanche : l'état d'urgence expirera dans la nuit du 11 au 12 avril et ne sera pas renouvelé, entraînant de fait la fin l'interdiction de circuler entre les districts ainsi que du couvre-feu entre 21h et 5h du matin.
A nouveau en vigueur depuis le 5 octobre dernier lorsque l’épidémie a réellement frappé la Tchéquie épargnée au printemps dernier, l’état d’urgence indéfiniment reconduit avait été retoqué en février dernier par les députés tchèques, forçant le gouvernement à le décréter à la demande des présidents de région, mais surtout à élaborer une loi dite « pandémique ».
Ce nouveau cadre législatif doit permettre de gérer la crise sanitaire en donnant davantage de pouvoirs au ministère de la Santé sans plus avoir à recourir à l’état d’urgence. La loi pandémique ne permet toutefois pas de limiter la circulation des personnes.
Retour partiel des enfants à l’école
Un des changements les plus significatifs, en tout cas pour de nombreuses familles, est le retour partiel des enfants à l’école. Ce retour ne concerne toutefois pas tous les niveaux et est conditionné à l’organisation deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, avant le début des cours, d’autotests antigéniques non-invasifs via un prélèvement nasal antérieur (non-profond, comme le test antigénique classique). Tant les élèves que le personnel éducatif sont concernés. Pour ce faire, quatre millions de ces tests ont commencé à être distribués cette semaine par les pompiers dans les établissements scolaires du pays.
Concrètement, lundi prochain, ce sont les élèves des grandes sections de maternelle qui reprendront le chemin de l’école, ceux des petites et moyennes sections (ou plutôt leurs parents) devront encore ronger leur frein alors qu’aucune date n’a été avancée pour leur retour à ce stade. Les élèves des classes de primaire (du CP au CM2) retrouveront également les bancs de l’école, mais une semaine sur deux avec un système de rotation. En limitant la propagation du coronavirus, cette alternance de présentiel et de distanciel permet le retour partiel des élèves de tous les niveaux du primaire en cours, et à terme, espère le ministère de l’Education, le retour des élèves du secondaire, alors que la grande majorité des élèves de République tchèque a passé la majeure partie de l’année scolaire à la maison.
Le masque sera obligatoire pour tous les élèves, et le personnel tenu, quant à lui, au port de FFP2. Certaines régions, comme celle de Zlín, où la situation épidémiologique reste préoccupante, ne seront toutefois pas concernées, pour l’heure par cette réouverture partielle des établissements scolaires.
Réouverture de certains commerces
Une partie des commerces considérés comme non-essentiels doivent également rouvrir leurs portes lundi, comme les magasins de vêtements et chaussures pour enfants, les papeteries, les pressings et laveries. Dans cette vague de réouverture sont inclus également les jardins zoologiques et botaniques.
Changement à la tête du ministère de la Santé
C’est dans ce contexte de relatif assouplissement des mesures sanitaires qu’a été annoncé ce mercredi le remplacement du ministre de la Santé Jan Blatný, par Petr Arenberger, directeur jusqu’à présent de l’Hôpital de Vinohrady à Prague. Officiellement nommé par le président Zeman, Petr Arenberger est devenu dans la foulée le quatrième ministre de la Santé depuis le début de la pandémie il y a un an, mais aussi le troisième depuis l’automne dernier et le début de la vraie crise sanitaire dans une Tchéquie épargnée lors de la première vague du printemps 2020.
Les médias tchèques notent ce mercredi que, contrairement à son prédécesseur qui a refusé de donner son aval au vaccin Spoutnik V sans validation par l'agence européenne AME, le nouveau ministre, médecin de formation lui aussi, a pour sa part estimé qu’il ne serait pas opposé à des essais cliniques du vaccin russe chez les personnes intéressées. Selon lui, un simple feu vert de la commission éthique et de l’Institut national de contrôle des médicaments (SÚKL) serait suffisant.
Si le chef de l’Etat Miloš Zeman a depuis le début poussé à l’achat du vaccin Spoutnik V, le Premier ministre Andrej Babiš semble s’être résolu à cette option, « indirectement contraint » prétend-il, par les récentes crispations au sein de l’UE sur la redistribution de vaccins parmi les Etats-membres. A l’heure de la levée de certaines mesures de restriction, tributaire d’une situation sanitaire stabilisée, et alors que la campagne vaccinale patine toujours, la question de la provenance des vaccins prend en Tchéquie une tournure résolument politique, voire géopolitique.