Respirateurs et dons de plasma : pour faire face à l’épidémie de Covid-19, les hôpitaux tchèques dépendants de la solidarité
La construction d’hôpitaux de campagne à Prague et à Brno et les livraisons en provenance de toute l’Europe d’appareils médicaux d’assistance respiratoire confirment que la République tchèque, si elle n’est pas encore submergée par l’épidémie de Covid-19, se prépare à vivre des prochaines semaines particulièrement pénibles.
« La fièvre du lundi soir », appellera-t-on peut-être bientôt cela. Depuis quelque temps, le lundi en République tchèque est devenu le jour où le gouvernement, après avoir préalablement constaté que les indicateurs ne s’améliorent décidément pas, adopte de nouvelles mesures pour tenter de freiner la propagation du virus. Le soir venu, à l’heure du journal télévisé, il revient alors au ministre de la Santé de prendre son air le plus grave pour annoncer en direct la nature des restrictions en question à des Tchèques – plus ou moins - impatients, eux, de savoir ce qui va donc encore leur tomber dessus. Lundi, il s’est agi notamment de l’instauration d’un couvre-feu dans tout le pays à compter de ce mercredi minuit.
Comme ailleurs, en adoptant de la sorte différents trains de mesures successifs, et malgré les appels des experts à opérer plus radicalement pour éviter un engorgement des hôpitaux, la volonté du gouvernement tchèque est d’éviter à tout prix un nouveau confinement total pour ne pas mettre l’économie totalement à l’arrêt. Mais avec le taux d’incidence le plus élevé de toute l’Europe (le nombre de personnes infectées pour 100 000 habitants sur les quatorze derniers jours) et un taux de positivité des tests de dépistage proche de 35% dimanche, l’inquiétude grandit chaque jour un peu plus et la perspective d’une crise sanitaire semblable à celle traversée par d’autres au printemps se précise.
Certains médias tchèques n’ont d’ailleurs pas manqué de le faire remarquer ces derniers jours. Alors que le gouvernement d’Andrej Babiš s’était montré bien peu enclin à aider les autres pays européens lorsque ceux-ci étaient dans le besoin, la République tchèque, quelques mois plus tard, peut, elle, compter sur la bienveillance de beaucoup, comme en témoignent les livraisons de ces centaines de respirateurs destinés aux patients placés en réanimation ou en soins intensifs.
« La deuxième vague de la pandémie fait de nous des Grecs et des Italiens », pouvait-on même lire la semaine dernière dans l’hebdomadaire Respekt, qui estime que la République tchèque « venait de recevoir une leçon de solidarité » de ses partenaires au sein de l’UE.
Un autre appel à la solidarité a été lancé par les hôpitaux. Ils demandent en effet aux personnes guéries du Covid-19 de donner leur plasma. Utilisé pour traiter les patients gravement malades, celui-ci manque actuellement cruellement, alors que sa consommation s’est multipliée ces dernières semaines.
Les transfusions chez des patients malades de plasma de donneurs guéris, et qui en tant que tels ont donc développé des anticorps spécifiques contre la maladie, font partie des méthodes auxquelles ont largement recours les médecins tchèques.
Le ministère de la Santé a lui aussi lancé un appel dans ce sens, en précisant quels types de profils étaient plus particulièrement recherchés. Parmi eux, les hockeyeurs de Zlín, club de l’élite professionnelle tchèque, dont beaucoup ont été récemment contaminés. Puisque la compétition est à l’arrêt pour quelque temps encore, doute d’entre eux se sont rendus à l’hôpital de la ville ce mardi pour montrer l’exemple.