Comme le veut Donald Trump, la Tchéquie pourrait-elle consacrer 5 % de son PIB à la défense ?
Les récentes déclarations de Donald Trump, concernant notamment sa volonté de voir les pays membres de l’OTAN augmenter leur budget de défense à 5 % du produit intérieur brut, ont été diversement commentées en Tchéquie. Et ce, alors que son gouvernement se félicite encore d’avoir, pour la première fois, respecté son engagement de consacrer 2 % aux dépenses militaires.
À peine la Tchéquie est-elle enfin parvenue, en 2024 et pour la première fois depuis son adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 1999, à consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à ses dépenses militaires, comme son gouvernement s’en est souvent félicité ces dernières semaines, qu’il lui faudrait déjà penser à revoir encore à la hausse la part de ses finances consacrées à sa défense et à celle des autres pays membres de la grande alliance politico-militaire internationale chapeautée par les États-Unis.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump, qui a consacré une grande partie de sa conférence de presse, mardi 7 janvier, à sa future politique internationale, met en garde les pays membres de l’OTAN et leur demandent de consacrer, comme le font les États-Unis, davantage de moyens à la défense des intérêts du « monde occidental » qu’ils forment ensemble. Le président américain manque rarement l’occasion de critiquer les alliés de l’Amérique, les traitant même parfois publiquement de « mauvais payeurs ».
Parmi eux a assurément longtemps figuré la Tchéquie. Il aura, en effet, fallu attendre 2024, soit deux ans après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, pour que, en matière de dépenses militaires, son gouvernement atteigne ce seuil minimal de 2 %. Du coup, c’est avec une certaine réserve que la volonté déclarée de Donald Trump de voir à l'avenir cette part passer à 5 % a été accueillie par le Premier ministre, Petr Fiala :
« Si une augmentation de cette obligation est décidée, ce ne sera pas quelque chose qu’il faudra réaliser d’une année sur l’autre. Il s’agira d’une augmentation progressive et c’est là un débat auquel nous sommes prêts à participer. Je pense qu’il est plus raisonnable d’évoquer un objectif de 3 % avec un horizon s’étendant sur plusieurs années. Mais nous sommes ouverts à la discussion et nous le sommes d’autant plus que nous sommes heureux de compter parmi les pays qui tiennent leurs engagements dans le cadre de l’OTAN. »
Désormais, la Tchéquie fait donc partie des 23 pays, parmi les 32 membres que compte l’OTAN, à respecter ce seuil des 2 %. Mais elle reste encore loin, par exemple, de son voisin polonais, dont les dépenses en matière de défense se situeront entre 4 et 5 %.
Pour la Tchéquie, en tenant compte des prix actuels, et en théorie donc, un passage de 2 à 5 % du PIB signifierait qu’il lui faudrait trouver environ 250 milliards de couronnes supplémentaires par an (quelque 10 milliards d’euros) pour satisfaire aux exigences de Donald Trump. Ce montant équivaudrait alors à environ 11 % des dépenses totales du budget de l’État, soit presque le budget total actuel du ministère de l’Éducation.
Sans même tenir compte de la réflexion qu’il conviendrait également de mener pour définir comment dépenser tout cet argent supplémentaire, et même si ces dépenses pourraient contribuer à relancer la croissance économique, il apparaît, donc, fort peu probable, dans l’état actuel des choses, qu’un pays comme la Tchéquie, même en faisant preuve de la meilleure volonté, puisse répondre à cette nouvelle éventuelle exigence.