Arlt : voix d’eau et voix de terre pour un duo

Le duo français Arlt, c’est Eloïse Decazes et Sing Sing. Ils étaient à Prague mardi, à la Meet Factory et à Karlovy Vary dans le cadre du Fresh Film Fest pour deux concerts. « Voix d’eau » pour Eloïse Decazes, « voix de terre » pour Sing Sing, ils ont bien voulu répondre aux questions de Radio Prague. Et c'est Sing Sing qui commence, en décryptant le nom étrange de leur duo.

SS : « C’est le nom d’un écrivain argentin des années 1930, Roberto Arlt, contemporain de Borgès. Au moment où le duo a été fondé, je lisais particulièrement de la littérature sud-américaine. Je n’avais pas particulièrement lu Arlt, mais son nom revenait beaucoup parce qu’il est très influent là-bas. Il n’a jamais passé la frontière jusqu’en France alors que c’est un écrivain presque aussi important que Borgès. Ce nom, Arlt, qui revenait souvent, m’intriguait beaucoup par son caractère abstrait, graphique. »

ED : « Après on a aussi fait une promenade parisienne, toute une journée, à jouer autour du mot ‘Arlt’. A le prononcer, le dé-prononcer, à exprimer ce que ça nous évoquait ou justement ce que ça ne nous évoquait pas. On a été plus que charmés. Ça nous a vraiment excités le côté indéfinissable, presque ‘illusion auditive’. »

Arlt, c’est vous deux, pourriez-vous vous présenter et nous dire qui fait quoi ?

SS : « Il faut préciser qu’on est un duo augmenté d’un troisième larron, qui ne nous a pas suivi jusqu’en République tchèque, qui s’appelle Mocke et qui est guitariste. Le noyau dur, c’est le duo, Eloïse et moi. Moi, je joue de la guitare et je joue l’essentiel des textes et je chante. »

ED : « Et moi je chante... »

Comment vous êtes-vous rencontrés sur ce projet ?

ED : « Tout d’abord, on s’est rencontrés dans un bar. Et sur ce projet, dans un répertoire qui n’était pas celui d’ARLT, mais un répertoire qui était le mien. Je suis interprète, mais je ne m’accompagne pas. Donc j’étais toujours à la recherche d’accompagnateurs qui en général faisaient un ou deux concerts avec moi puis disparaissaient dans la nature. On ne sait pas pourquoi (rires). Puis j’ai rencontré Sing Sing par l’intermédiaire d’un ami. L’idée c’est qu’il m’accompagne. C’était il y a trois ans. »

SS : « C’était un répertoire de chansons traditionnelles qu’elle allait traîner dans les bars parisiens, des vieilles chansons françaises, du XVe, XVIe siècle. Un très vieux folk très étrange. Elle m’a proposé de l’accompagner à la guitare sur deux dates précises. J’ai eu une vraie révélation en me retrouvant sur scène avec elle. Il y avait une vraie alchimie. Ça m’a donné envie de lui écrire des chansons et de les joindre à ce répertoire. Petit à petit les chansons que j’apportais ont pris de plus en plus de place. On a fait de plus en plus de concerts ensemble jusqu’à ce que l’essentiel du répertoire soit signé de ma main. »

D’où ce premier opus, ce premier album...

SS : « On avait fait un CD quatre titres il y a trois ans, dès qu’on a eu quatre morceaux. On en a fait un objet manufacturé artisanalement qu’on s’est mis à vendre à la fin des concerts. Il s’est vendu pas mal et on a vivoté grâce à lui ces trois dernières années. Là, on vient d’enregistrer un album au printemps dernier. Il est tout juste mixé, il vient de partir pour se faire masteriser et on en est à chercher le label aventureux près à s’en occuper. »

Photo: http://www.myspace.com/arltmusic