Arnaud Clément : « Battre ces Tchèques… »
Après l’Espagne de David Ferrer à Prague en 2012, la Serbie de Novak Djkokovic à Belgrade en 2013, c’est la Suisse de Roger Federer que l’équipe de République tchèque de tennis rêvait d’affronter et de recevoir, en novembre prochain, pour une troisième finale de Coupe Davis d’affilée. Las, c’est la France qui aura ce privilège, Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga ayant eu raison des Tchèques de Tomáš Berdych (4-1) en demi-finale, le week-end dernier. Cette défaite à Paris a ainsi mis fin à une série de onze victoires et deux titres tchèques consécutifs en Coupe Davis. Dans les couloirs de Roland-Garros, nous avons donc demandé au capitaine français si le fait de battre la République tchèque donnait une saveur supplémentaire et particulière à la qualification de son équipe pour la finale. Et il n’a pas fallu forcer Arnaud Clément pour qu’il réponde par l’affirmative.
Quelle analyse faites-vous des trois premiers points français, de ces trois premiers matchs qui vous ont permis de vous qualifier ? Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en votre faveur alors que l’on s’attendait à une rencontre plus disputée ? Même si le déroulement du double a été influencé par la blessure de Štěpánek, la victoire française est nette et méritée.
« Oui, notre qualification est amplement méritée. Tsonga a été tout simplement supérieur à Rosol. Il n’y avait pas photo sur ce match-là. Avant lui, Richard Gasquet a fait un très gros match contre Berdych. Le double a été très disputé, mais mes joueurs ont mérité leur victoire parce qu’ils ont été audacieux. Ils ont pris des risques quand il le fallait, et contre des joueurs de ce calibre qui ont cette expérience de la Coupe Davis et de la gestion de l’événement et des émotions, ils ont été courageux. Ils savaient que c’était le seul chemin pour pouvoir s’imposer et ils l’ont pris. »
Comment avez-vous trouvé les Tchèques dans la défaite ? Ce n’était pas évident pour eux après la défaite en double et ils ne s’attendaient pas forcément non plus à la défaite de Berdych dans le premier match…
« Je les ai trouvés très fair-play tout le week-end. Il y a beaucoup de respect entre les deux joueurs. Ils se connaissent et se côtoient quand même toute l’année. L’ambiance a été très détendue tout au long de la semaine entre les deux équipes. Les Tchèques étaient heureux aussi de vivre cet événement à Paris. Ils étaient conscients que c’était prestigieux de joueur sur le central de Roland-Garros pour une demi-finale de Coupe Davis. »
Vous avez pu vous permettre de vous passer de Gaël Monfils, qui s’est dit fatigué, alors que les Tchèques ne pouvaient pas se passer, eux, d’un Berdych qui avait pourtant joué lui aussi un quart de finale à l’US Open la semaine précédente. Cette différence de possibilités entre les deux équipes a-t-elle été un des facteurs-clefs de cette rencontre ?
« Oui, sans doute. Après, les Tchèques ont réussi à gagner la Coupe Davis avec seulement deux joueurs et cela ajoute encore de l’exceptionnel à ce double titre. »
En 2009, à Ostrava, lorsque la République tchèque avait éliminé la France en quarts de finale, les deux équipes étaient pratiquement identiques à celles de ce week-end. En cinq ans, les Tchèques ont disputé trois finales, en ont gagné deux, et deux autres demi-finales. Les Français ont eu plus de difficultés. Pourquoi selon vous ?
« C’est compliqué de répondre à cette question en quelques mots. Il y a tellement de raisons… Nous, il nous a toujours manqué quelque chose. Parfois aussi un peu de réussite, même si ce n’est pas seulement la réussite qui fait que l’on gagne ou que l’on perde. Mais, parfois, ça peut y contribuer quand même. Peut-être qu’on ne s’en est pas toujours donné les moyens. Effectivement, l’effectif français est riche et fort, mais nous avons eu aussi des joueurs blessés à certains moments, comme Tsonga en finale contre la Serbie en 2010. S’il avait pu être là, le résultat aurait été peut-être différent. Il y a donc pas mal de petites choses… »